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Fondateurs d’établissements privés : « Nous avons l’impression d’être abandonnés à notre triste sort »

Publié le jeudi 15 décembre 2011 à 23h10min

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La question de la vacation dans l’enseignement scolaire, la fermeture de certains établissements privés avant les congés de Noël, telles sont entre autres les questions auxquelles a répondu Ismaël Touré, président de l’Union nationale des établissements d’enseignements privés laïques (Uneep-L) pour le mandat 2010-2013. C’était ce jeudi 15 décembre 2011, au cours d’une assemblée générale organisée par le bureau de la coordination du centre de l’Uneep-L.

Fasozine.com : Quels sont les sujets à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de la coordination de l’Union nationale des établissements d’enseignements privés laïques du centre ?

Ismaël Touré : Cette assemblée générale se tient à un moment particulier, marqué par la question de la vacation dans l’enseignement secondaire. Nous nous pencherons également sur l’accord signé le 4 novembre 2011 à Bobo-Dioulasso entre les sections locales du Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (Sness) et de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-Synther) d’une part, et entre les sections locales de l’Union nationale des établissements d’enseignements privés laïques (Uneep-L) et de l’Union nationale des établissements secondaire catholique (Unesc), d’autre part.

L’on se souvient que le Bureau exécutif national de l’Uneep-L avait rejeté cet accord. Quelles en sont les raisons ?

Nous avons rejeté cet accord au motif essentiel qu’il a été obtenu sous la pression et dans un climat fait d’intimidations, de menaces avec pour corollaires des actes de vandalisme sur les biens de certains établissement scolaires de la ville de Bobo-Dioulasso. De plus, au-delà de la hausse exorbitante des taux de vacation, cet accord est basé sur des principes qui ne sont pas justes. En effet, il fixe le taux de vacation uniquement selon la scolarité pratiquée par les écoles, sans tenir compte des effectifs limites fixés par les établissements, ni de l’importance des investissements de l’institution.

Sur le fond, cet accord légitime une idée fausse, véhiculée depuis le début de la crise, qui fait croire que les fondateurs sont riches et qu’ils peuvent supporter de telles hausses. Le taux de vacation de 2 000 F CFA à 3 000 F CFA correspond à une augmentation de 50%. Il entrainera forcément une augmentation générale des salaires des permanents dans la même proportion. Dans l’impossibilité de couvrir ces charges, des dérives telles que la réduction des heures de cours, la réduction des charges par licenciements de personnel, les surcharges des classes au mépris de la réglementation en la matière et la cessation des paiements des salaires avant la fin de l’année, pourraient survenir.

Quelles solutions proposez-vous ?

Au lendemain de la signature de cet accord, nous avons fait connaître notre position sur la question au ministère des Enseignements secondaire et supérieur et à l’opinion nationale. Nous avons adressé une lettre cosignée par l’Unesc, l’Uneep-L et les autres syndicats, au ministre Albert Ouédraogo, lui demandant l’instauration d’un dialogue national de tous les acteurs concernés par le taux de vacation au secondaire en vue de trouver une solution applicable sur toute l’étendue du territoire. D’ailleurs, l’organisation de l’Assemblée générale que nous tenons aujourd’hui se situe dans le cadre de la préparation de nos membres à ce dialogue, car nous pensons que c’est la seule voie pour aboutir à une solution consensuelle durable qui soit dans l’intérêt de tous les acteurs de l’enseignement privé au Burkina Faso.

Le mois de décembre est connu pour ses troubles au niveau du scolaire au Burkina. Mais particulièrement cette année, beaucoup d’établissements privés ont préféré fermer leurs portes bien avant les congés de Noël, alors que le gouvernement rassurait que les cours se poursuivront jusqu’au 23 décembre…

Depuis bientôt dix ans, les établissements scolaires sont chaque année victimes d’actes de vandalisme, de casses qu’ils ne cessent de réparer à leurs propres frais. Pendant longtemps, les établissements ont essayé de s’organiser pour résister, mais nous avons l’impression d’être abandonnés à notre triste sort car supportant toutes les charges des réparations consécutives aux actes de vandalisme qui sont posés.

Maintenant, beaucoup d’établissements ont organisé des stratégies diverses. Il y a des écoles qui ont entrepris d’anticiper l’année scolaire à cause de ces périodes de troubles. Quand ils n’arrivent pas à ouvrir le jour, ceux-ci font les cours le soir. Mais vous n’allez pas demander à un chef d’entreprise qui a investi des dizaines de millions de francs CFA dans son entreprise, d’attendre que l’on vienne casser et détruire ses biens, avant de fermer les portes de son école. Alors, en fonction des informations qu’ils ont et des risques qu’ils encourent, les fondateurs entreprennent soit de suspendre les cours, où de fermer leurs établissements pour une période donnée. Nous ne sommes pas contents de le faire, mais ce sont les conditions qui l’exigent.

Le ministre des Enseignements secondaire et supérieur a déclaré au cours d’un point de presse du gouvernement que les parents d’élèves sont en droit de réclamer le remboursement des cours que leurs enfants n’auraient pas suivi suite à la fermeture des écoles. Que répondez-vous à cela ?

Il s’agit là d’une mauvaise interprétation de la suspension et/ou fermeture des établissements scolaires, parce que l’année scolaire est un tout, il n’y a pas de frais de scolarité pour une semaine, ni pour un mois. L’année scolaire dure 9 mois et nous offrons nos frais de scolarité par rapport à cette période donnée. Ce qui est important, c’est qu’elle s’achève et malgré ce qui se passe actuellement, grâce aux initiatives des promoteurs du privé, nous aboutissons généralement à de très bons taux de succès dans nos établissements en fin d’année.

Cela montre que nous, fondateurs, sommes conscients et œuvrons à l’éducation de la jeunesse. Nous souhaiterions seulement que l’année scolaire se poursuive dans cette accalmie et que d’autres raisons ne viennent pas la perturber. Notre réunion de ce soir entre dans ce cadre, car nous souhaitons anticiper sur d’éventuelles troubles au cours de l’année scolaire.

Sandrine Sawadogo

Fasozine

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