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Patiendé Arthur Kafando, ministre en charge du Commerce : « L’Etat va rester fort »

Publié le jeudi 8 décembre 2011 à 00h31min

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La tendance haussière des prix des produits de grande consommation préoccupe aujourd’hui plus d’un Burkinabè. La mauvaise campagne agricole qu’a connue le Burkina Faso est aussi une préoccupation majeure. Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, Patiendé Arthur Kafando, dans cet entretien dévoile les dispositifs qui seront mis en place pour réduire l’onde de choc.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce qui explique la hausse des prix des produits de grande consommation au Burkina Faso ?

Patiendé Arthur Kafando (PAK) ? : Il faut d’abord préciser que les produits de grande consommation révèlent plusieurs définition et il est important de dire que nous avons entrepris une étude sur la structure des prix et que ces produits sont pour certains dans une consommation très large par le plus grand nombre ou d’une manière répétitive. Ceci parce que les consommateurs les achètent régulièrement pour leur besoin de satisfaction. Mais il y a aussi bien d’autres critères qui peuvent justifier ces produits de grande consommation, le volume ; et ils peuvent aussi se caractériser par le fait qu’on les retrouve en grande quantité.

Au niveau du Burkina nous avons une typologie des produits de grande consommation à l’intérieur desquels nous avons une série des produits de première nécessité. Nous pouvons les citer sans être exhaustif ? : le riz, le sucre, l’huile alimentaire, la farine boulangère et les céréales tels que le maïs, le sorgho, le petit mil et d’autres types de produits qui peuvent êtres des matériaux de construction. Mais ce qui explique que les prix des produits ont une tendance haussière c’est qu’il y a des produits qui sont non seulement de fabrication locale mais aussi des produits importés ou de transformation nationale. Pour des produits de fabrication nationale, cela peut être lié des facteurs de production et peut être expliqué du fait que ces produits au niveau de la production finale ont un certain coût de sortie.

Ce qui peut être le coût de l’intrant ?ou de la main d’œuvre. Ceci peut être également dû au coût du transport, c’est-à-dire pour amener les intrants du point d’achat vers le point de la production ou du fait de l’irrigation de la plaine. Tout ceci constitue un ensemble de coûts qui rentre dans la production de ces produits qui peut expliquer le coût final au niveau de la production locale. Le produit de fabrication dont nous avons des unités industrielles reçoivent soit en input comme matière première soit des produits locaux qui sont déjà transformés et qui ont leur coût au niveau de la production auquel il faut ajouter les coûts d’énergie qui viennent aujourd’hui impacter et que nos produits de transformation local ont des coûts de revient plus élevés que dans d’autres pays.

Nous avons aussi des produits importés pour lesquels tout le commun des mortels des Burkinabè sait que s’il faut l’amener du pays de production, traverser les océans ?et toutes les barrières douanières, les frais de transport et de transit jusqu’au Burkina, ces produits peuvent être d’un coût élevé. On peut donc assister effectivement à un phénomène que les produits de première nécessité ou de grande consommation peuvent être d’un prix relativement ou d’une tendance relativement haussière. Mais cela peut s’expliquer aussi par une tendance mondiale ou une spéculation. Ceci parce que les opérateurs économiques peuvent aussi vouloir tirer le maximum de profits de leur activité commerciale et à cause de notre régime libéral, les prix se fixent par un simple jeu de concurrence. Nous avons abandonné depuis 1991 le système réglementé de fixation des prix et nous sommes partis sur un principe de fixation des prix par le régime de la concurrence sur le marché.

S ? : Que fait concrètement le ministère du Commerce face à cette situation de hausse généralisée des prix des produits ? ?

PAK ? : Le Burkina depuis 1991 s’est inscrit dans un régime de libre concurrence, la loi du marché et nous croyons en la force du secteur privé comme le moteur de la croissance économique. A partir de cela, il était venu pour le gouvernement par son dialogue avec le secteur privé le moment de procéder à un désarmement d’un certain nombre de structures étatiques, notamment la Caisse générale de péréquation qui pouvait être une structure de péréquation, la caisse de stabilisation, les OFNACER (Nldr ? : Office national des céréales) etc. ou les Faso Yaars qui étaient des centrales d’achat qui approvisionnaient, qui régulait et qui commercialisaient.

Compte tenu de notre conviction du secteur privé qui peut créer de la valeur ajoutée et amener la croissance, nous sommes partis dans ce dynamisme mais il faut reconnaitre que nous sommes parfois dans des situations où ce mécanisme ne fonctionne pas toujours. En ce moment, la loi sur la concurrence ? ; la loi 15 ? ; adoptée en 1994 permet de prendre des dispositions particulières pour freiner la poussée inflationniste sur le marché des prix. Avant cette situation, un certain nombre de produits étaient déjà réglementés, notamment les médicaments essentiels génériques, les produits de service tels l’eau, les hydrocarbures et les manuels scolaires. Le gouvernement peut prendre des mesures dans ces genres de situations pour réglementer le prix et c’est ce que nous allons faire.

Lorsque nous serons dans une situation de monopole ou de quasi-monopole nous pourrons prendre une disposition pour réglementer et fixer le prix du produit. Nous osons espérer qu’avec l’ensemble de la communauté des affaires cela va porter fruits pour les consommateurs burkinabè. Nous allons partir dans un dynamisme de 19 produits dont les prix seront réglementés. Il y a déjà cinq (5) produits réglementés et trois (3) ? produits (le riz, l’huile ?alimentaire et le sucre) qui sont subventionnés depuis la crise qu’a connue le Burkina. À ces produits seront ajoutées les céréales locales (le maïs, le sorgho, le mil) et particulièrement pour ces céréales nous allons partir sur la taxation directe. Pour les produits importés, on aura un mécanisme de fixation de plafonnement de marge. Ce qui veut dire que la liste de la série sera affichée et avec un contrôle de prix contrairement à la situation précédente où c’était la surveillance des prix.

S ? : Est-il normal selon vous que chaque commerçant fixe les prix de ses marchandises en fonction de ses humeurs ? ?

PAK ? : Si vous arrivez dans une boutique, en principe sur un produit, vous devez avoir le prix affiché. Et vous pouvez le comparer dans une autre boutique. Si vous savez que les prix sont différents et que vous n’êtes pas satisfaits, vous pouvez aller chez l’autre. Et finalement s’il se rend compte qu’il vend plus cher, son affaire ne marchera pas. C’est le marché lui-même qui se régule et qui fait que les prix tirent vers le bas. En ce qui concerne les céréales, nous allons appliquer la taxation directe, contrairement à d’autres types de produits dont il sera question plus tard. Nous ferons une délégation de pouvoir aux gouverneurs dans les Treize (13) régions. Il y aura également des comités composés de la SONAGESS (Société nationale de gestion des stocks de sécurité) et des représentants du ministère du Commerce. Ils vont alors procéder à la détermination des prix des produits dans chaque localité donnée. On aura, de ce fait, des prix spécifiques à chaque région.

C’est ainsi que les vérificateurs du ministère, tout comme les forces de police, de gendarmerie et de douane pourront maintenant avoir un acte réglementaire pour le contrôle et la sanction. Par contre, pour les produits importés, la règlementation se fait déjà à l’international. Néanmoins, nous allons règlementer tous les riz car il semblerait que le commun des Burkinabè préfère le riz au-delà de 25% brisures ? ; ce qui prouve que nos habitudes de consommation s’améliorent. Cela évitera aux opérateurs économiques de se focaliser sur l’importation de riz 5% brisures ou du riz parfumé pour les Burkinabè qui sont dans l’excellence de consommation et non dans des besoins primaires de satisfaction.

Nous sommes dans un cours mondial, une fois qu’ils auront importé, nous leur demanderons la structure des prix. Et en fonction de cela nous allons plafonner les marges qu’ils peuvent appliquer dans cette importation. Ce plafond de marges est fixé depuis l’importateur jusqu’au détaillant. Mais si l’on nous fait une fausse facture d’importation ? ? Il n’y a pas d’inquiétude à ce niveau car nous avons des moyens de contrôle du moment même où les prix sont fixés sur le marché international. Nous avons des structures comme COTECNA, la douane, le laboratoire de santé publique, la direction de la qualité et de la métrorologie, pour ne citer que celles-ci. Peut-être au départ, il y aura quelques malins qui pensent qu’ils pourront contourner ces dispositifs.

Mais comme la règlementation se fait sur la durée et non sur une période de trois (3) à six (6) mois, ils ne pourront pas s’installer dans une fraude à long terme, nous allons les prendre forcement. Ce sont là, les mécanismes pour la règlementation des produits importés. Maintenant, pour les produits de fabrication locale, nous allons demander aux usines qui produisent l’huile, la farine, le sucre, de nous fournir dossier complet sur le coût de fabrication du produit. Avant il s’agissait de l’homologation, maintenant il est question de dossier. Ce dossier, lorsqu’il va nous parvenir, sera examiné par des experts chargés de déterminer la structure du prix. Si vous dites, par exemple, que le sucre produit à Banfora sorti à l’usine est à 300 FCFA, nous allons vérifier avec vous si c’est 300 ou 400 FCFA.

C’est alors que le prix du sucre sera fixe sur le marché et dans toutes les localités et dorénavant contrôlé. Par conséquent, pour la réglementation dont il s’agit, c’est sur dossier pour les produits de fabrication locale et pour l’importation c’est le plafonnement de marges. Certes tous les produits ne sont pas concernés, mais c’est le libre jeu de la concurrence qui fera le reste. Nous pensons qu’il n’y aura pas de tensions.

S ? : A ce propos, quels types de sanctions a-t-on réservé à ceux qui enfreindraient à ces nouveaux mécanismes ? ?

PAK ? : Avant d’évoquer la sanction, il faut miser sur l’information et la sensibilisation. Nous avons entrepris une démarche qui se veut participative avec l’ensemble des opérateurs économiques. Je rappelle que cela fait un peu plus d’une vingtaine d’années que nous sommes dans le dispositif de la libre concurrence. Pour l’opérateur économique, il n’y a plus de contrôle de prix. Alors si aujourd’hui, on parle de contrôle de prix, cela peut choquer. On a l’impression que l’Etat prend la place des opérateurs économiques. Mais ce n’est pas le cas. Nous voulons d’abord informer les opérateurs économiques. C’est cela que nous avons mis en place des cadres de concertation tripartite depuis maintenant plus de deux mois.

Nous rencontrons ainsi les opérateurs économiques par secteur professionnel. On n’a pas voulu communiquer en attendant que ces discussions soient closes. Il est vrai que l’on ne peut pas être d’accord sur tout, ce sera très beau. Notre visée est l’élaboration d’un texte qui permettrait et au consommateur et au Burkina tout entier d’être dans un climat apaisé. C’est au préalable ce travail d’information que nous allons effectuer. Ce n’est qu’au bout que nous avons la sanction pour ceux qui ne vont pas respecter les mesures prises. Je rappelle que l’Etat va rester fort, il ne va pas faire preuve de faiblesse parce que des groupuscules ne sont pas d’accord pour que le prix de riz soit fixe sur le marché. Parce que les marges que nous aurons permettront aux opérateurs économiques de réaliser des bénéfices. La loi même interdit que nous obligions les opérateurs économiques à vendre à perte.

Ce n’est pas notre objectif. Cependant dans l’ancien dispositif où il y a eu des subventions, certains commerçants n’ont pas respecté les prix fixés. Et pour cela ils ont été amendés. En retour nous avons vu ceux-ci s’attaquer aux forces de l’ordre dans certaines localités. Il faut que les uns et les autres comprennent que l’exercice de la profession ne s’apparente pas à la violence.

S ? : Au temps fort de la crise, certains commerçants avaient reçu la subvention. Mais ils n’avaient pas appliqué les prix annoncés par l’Etat. Qu’est-ce qui est fait pour éviter de telles pratiques avec les prochaines mesures ? ?

PAK ? : Il faut d’abord féliciter les opérateurs économiques. Lorsque la crise est survenue, souvenez-vous qu’il y avait déjà la crise poste électorale en Côte d’Ivoire. Et notre premier réflexe, en son temps, était de veiller pour qu’il n’y ait pas de rupture d’approvisionnement chez nous. Comment faire pour que le Burkina soit régulièrement approvisionné pendant que le chemin de fer était coupé ? ? Il a fallu que l’on travaille avec les opérateurs économiques. Le gouvernement ne disposait pas de camions, des moyens pour faire venir les vivres. Que ce soit le Groupement professionnel des industriels, la Chambre de commerce, les vendeurs de céréales avec l’aide du ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique, le ministre de l’Economie et des Finances, le ministre du Transport, des Postes et de l’Economie numérique, nous avons trouvé ensemble une bonne dynamique pour que le Burkina ne soit pas asphyxié.

Maintenant, le dispositif qui avait été mis en place était de trouver dans le même temps des magasins où les gens pouvaient s’approprier ces produits. On a ainsi mis en place des boutiques témoins de la SONAGESS un peu partout dans les quarante-cinq (45) provinces. L’étape suivante était de faire l’inventaire des stocks. Tout cela a été fait, sous la pluie et les intempéries, avec l’aide de l’ensemble des cadres. Pour terminer, il fallait trouver des opérateurs économiques qui ont des boutiques pour appuyer l’Etat dans son action. Mais immédiatement, comme vous l’avez relevé, ces derniers reçoivent la subvention, mais ils disent n’avoir rien reçu en soulignant que ce n’est d’ailleurs pas la boutique du gouvernement. C’est vraiment une attitude dont je n’ai pas les qualificatifs.

Pour les sanctions qui étaient appliquées, c’étaient des amendes. La majeure partie des opérateurs économiques ont payé, mais il faut reconnaitre que la loi n’est pas sévère par rapport à ces questions. Mais c’est une amende qui va de 50 ?000f CFA à 150 ?000f CFA. Au vu de cette expérience, il faut aller vers un dispositif qui ne fait pas de la subvention mais du contrôle et dont la sanction pourrait être plus lourde. Mais il n’y a un autre acteur non négligeable dans ce dispositif qui est le consommateur. Nous allons mettre en place des numéros verts pour que celui-ci puisse nous saisir sur les situations difficiles que l’on pourrait constater. A Katr Yaar par exemple, on nous a signalé une boutique où le commerçant qui avait reçu la subvention de l’Etat, procédait à l’arrière cour de sa boutique à la diminution du contenu des sacs à l’aide d’une sorte de fléchette.

C’est inacceptable. Ce commerçant était pourtant pour nous une référence parmi les opérateurs économiques qui sont dans notre dispositif. Cela montre à quel point les gens sont à la recherche du profit extrême. On va prendre les moyens nécessaires pour éviter ces situations. On compte sur vous et sur tous les consommateurs.

S ? : N’y a-t-il pas lieu au regard de ces insuffisances d’augmenter le nombre de boutiques témoins ? ?

PAK ? : Je crois que dans le nouveau dispositif c’est prévu. Son Excellence le Premier ministre nous a instruits, le ministre de l’Economie et des Finances, le ministre de l’Agriculture et moi-même de travailler sur le dispositif d’approvisionnement au regard de la saison agricole actuelle. Nous allons travailler sur un dispositif d’approvisionnement et de contrôle de cet approvisionnement au niveau du Burkina Faso. Il est prévu une augmentation du nombre de boutiques SONAGESS au niveau du territoire nationale. Il est prévu une boutique SONAGESS par commune. En dehors de Ouagadougou et Bobo où nous pourrons créer plus d’une boutique. On avait déjà 7 à Ouagadougou. Mais, quel que soit le nombre de boutiques SONAGES dans les communes, il nous faut travailler avec le privé. Pour cela, nous allons signer des contrats avec les opérateurs économiques qui auront à gérer ces boutiques. Les boutiques seront sous le contrôle des communes.

Elles vont recruter les vendeurs, leur montrer ce qui doit être fait. Il y aurait une petite rémunération pour ces personnels qui travaillent. Je pense qu’avec ces dispositifs nous pourrons approvisionner le territoire complet, surtout les localités où nous sommes dans des situations de déficit de produits céréaliers. Je pense qu’avec ce dispositif nous pourrons faire un maillage complet du territoire national.

S ? : On a l’impression que n’importe quel commerçant ne peut pas importer du riz au Burkina Faso. Quelles sont les conditions à remplir pour pouvoir importer du riz au Burkina Faso ? ?

PAK ? : Le débat sur l’importation du riz mérite qu’on l’éclaircisse parce qu’il est toujours mal posé. Il est important pour les opérateurs économiques qui veulent s’investir dans cette activité de comprendre très bien les mécanismes qui permettent d’importer au niveau du Burkina Faso. C’est avoir les capacités financières, de connaître les cours au niveau mondial et de pouvoir importer du riz de bonne qualité. Il n’y a pas aujourd’hui un texte qui limite ou qui donne une autorisation spéciale de l’importation du riz au Burkina Faso. Les opérateurs économiques qui le souhaitent peuvent le faire. Nous l’avons annoncé plusieurs fois ? ; l’importation du riz est libre. Il suffit d’importer du riz de bonne qualité parce que nous avons des structures de contrôles sanitaires telles que le Laboratoire national de santé publique qui veillent à ce que nous ne recevions pas sur notre marché pour la consommation nationale du riz de mauvaise qualité.

Cependant la difficulté qui s’est toujours posée à un certain nombre d’importateurs c’est la capacité financière, la mobilisation des ressources pour une importation conséquente sur notre marché. A ce niveau nous souhaitons, et c’est un appel que nous lançons pour qu’il y ait un effort de regroupement de nos opérateurs économiques, surtout des jeunes opérateurs économiques. En ce moment, il est plus facile pour le gouvernement et pour les structures d’accompagnement de les soutenir. On a souvent évoqué la question des GIE (Ndlr ? : Groupement d’intérêt économique) d’antan, mais il est important aujourd’hui qu’il soit aussi le cas parce qu’ailleurs sous d’autres cieux, ce sont les regroupements qui font la force. Et les importations de volume permettent effectivement d’avoir des économies d’échelle.

S ? : Le Burkina dispose de vastes superficies comme les vallées du Sourou, du Kou ou encore les abords des barrages hydro-agricoles de Bagré ou de Ziga pour suffisamment cultiver le riz. Pourquoi depuis plus de 50 ans d’indépendance, le pays peine à couvrir la demande ? ?

PAK ? : Il faut se féliciter aujourd’hui que le Burkina Faso du point de vue de la production agricole a fait de très grandes avancées, parce que le programme du président dans le soutien du monde agricole s’est affirmé avec les Journées nationales du paysan, l’accompagnement au niveau de la mécanisation agricole, le programme petite irrigation, les programmes de barrage, de retenu d’eau, de semences améliorées.

Nous voyons ce qui est fait, surtout avec les structures professionnelles, le département en charge de la question, le ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique pour que le Burkina Faso puisse être dans la sécurité alimentaire. La production nationale du riz a connu une bonne croissance. L’objectif c’est d’arriver effectivement à compenser les importations. Je ne donne pas de chiffres mais le souhait, si nous sommes à une importation de près de 300 000 tonnes de riz aujourd’hui, il faut véritablement qu’on puisse avec le ministre de l’Agriculture, arriver, si ce n’est pas annihiler ce niveau d’importation, à faire 200 000 ou 250 000 tonnes. Cela fera des devises à économiser davantage pour notre pays. Pour un ministre en charge du Commerce, c’est tant mieux pour nous. Nous pensons que le travail qui est déjà fait est important.

Il faut le poursuivre et c’est en cela que nous nous réjouissons du programme des pôles de croissance qui sont actuellement dans la vision de la SCADD (Ndlr ? : Stratégie de croissance accélérée et de développement durable).
Vous avez évoqué le Sourou, je ne trahis pas le secret pour dire que dans le cadre du MCA (Ndlr ? : Millenium Challenge Account), il y aura un grand programme pour la région. Il faut le désenclavement ? ; nous y étions pour le lancement du Centre de formalités des entreprises. Mais nous constatons que le besoin de cette région économique c’est d’abord de la désenclaver et ensuite de travailler à ce que ce pôle économique soit un pôle agro-industrielle et de transformation.

S ? : Les prix des hydrocarbures n’ont pas changé depuis quelques mois alors que par le passé ils variaient mensuellement au Burkina Faso. Comment le gouvernement a-t-il trouvé la solution pour une stagnation des prix à la pompe ? ?

PAK ? : C’est une question très difficile et il faudrait que tous les Burkinabè reconnaissent que c’est un effort colossal que l’Etat consent aujourd’hui au niveau du maintien du prix des hydrocarbures à la pompe aux niveaux que nous avons depuis 2010. Aujourd’hui la SONABHY (Ndlr ? : Société nationale burkinabè d’hydrocarbures) est dans une situation les plus difficiles. Au point de vue de sa trésorerie, de son fonds de roulement, c’est extrêmement difficile, parce que le cours du baril n’est pas tributaire de la situation intérieure du Burkina Faso. Tous les événements internationaux qui peuvent toucher à la production pétrolière et au cours du baril affectent véritablement les situations de nos besoins au niveau national, notre consommation. Le comité interministériel de fixation de prix des hydrocarbures logé au sein du Premier ministère est sous le regard, et sous l’attention de son Excellence.

Au regard de la situation nationale et de la question de vie chère, l’Etat fait des efforts en subventionnant les hydrocarbures pour les maintenir à ces prix. Toutefois, il est bien de savoir qu’on ne peut pas maintenir indéfiniment les prix au niveau où ils sont aujourd’hui. Il faudra à un moment donné qu’il y ait un débat avec non seulement la société civile et les syndicats pour trouver un mécanisme de réajustement des prix, parce que cela est très difficile à tenir dans le temps vu que les cours mondiaux sont très volatiles.

S ? : Y aura-t-il alors une hausse des prix des hydrocarbures à partir de janvier 2012 ?

PAK ? : Nous ne pouvons pas l’annoncer ainsi. Il y a un comité interministériel qui travaille sur la fixation des prix des hydrocarbures. C’est au sein de ce comité que l’analyse et les projections sont faites. Mais je pense qu’il est bon pour l’ensemble des consommateurs, d’intégrer le fait que cette question de la vie chère est liée à la hausse des prix des produits importés d’une manière générale, toujours tributaire du cours international. On ne peut pas toujours les bloquer. Il faut certainement être dans la logique d’un certain réajustement qui permettrait à ces prix de pouvoir tenir compte un tant soit peu des évolutions des cours. Si on ne peut pas impacter le niveau des cours mondiaux en totalité, il faut qu’il y ait de temps en temps un léger réajustement qui permet aux structures de continuer à jouer leur rôle d’approvisionnement parce que le drame serait aujourd’hui que la SONABHY n’arrive pas à approvisionner régulièrement notre pays.

S ? : Lors de son discours de Politique générale, le Premier ministre a indiqué que le gouvernement prendrait des mesures face à la crise alimentaire qui s’annonce suite à la désastreuse campagne agricole. De quoi s’agira-t-il ?concrètement ?

PAK ? : Sur instruction du Premier ministre, il y avait eu un travail qui avait été déjà fait sur la stratégie d’approvisionnement. Le ministère de l’Agriculture sur une série de maïs à haut rendement le "Bondofa". C’est une production de saison sèche qui va apporter une certaine quantité pour compenser le manque qui a été constaté au niveau de la production de cette année qui est d’au moins 16% dans les projections de la campagne qui s’achève. C’est une projection prévisionnelle comme annoncée en attendant les résultats définitifs. Il faut également travailler rapidement à la collecte dans les zones excédentaires pour stockage et pouvoir alimenter les zones déficitaires.

A ce niveau c’est le dispositif de la SONAGESS qui sera mis en avant. Il y aura des ressources qui seront injectées pour collecter dans ces zones et on passera par les CVD et les maires pour le faire. L’ensemble de cette production sera racheté aux différents groupements paysans, stocké au niveau de la SONAGESS et renvoyé au niveau des communes qui connaissent aujourd’hui un déficit. Il faut ensuite travailler à ce qu’il y ait un contrôle rigoureux au niveau des zones frontalières parce que le déficit ne concerne pas que le Burkina Faso. Il est vrai que nous sommes dans des accords sous régionaux de libre circulation des personnes et des biens, mais s’il y a des besoins de consommation nationaux, il faut les satisfaire d’abord, ensuite on verra comment satisfaire les échanges.

Nous allons contrôler un tant soit peu l’ensemble des mouvements massifs des céréales à travers un cadre de concertation et de surveillance de la commercialisation des céréales que nous allons activer puis voir si nous ne pouvons pas avoir des informations statistiques sous forme d’une autorisation spéciale à l’exportation qui nous permettra de savoir quelles sont les quantités qui sortent. Il y a aussi les filets sociaux pour des distributions gratuites par le ministère de l’Action sociale et de la solidarité nationale qui permettront d’apaiser un peu les difficultés des populations très vulnérables. Nous demandons pour cela la collaboration de tous. On pourra faire le point à mi-parcours pour voir ce que ça peut donner au niveau du dispositif qui est adopté par décret.

Enok KINDO, Elodie TAPSOBA et Germaine TECKA (Stagiaires)

Sidwaya

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