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LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

Publié le jeudi 1er décembre 2011 à 02h04min

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La prison de Scheveningen a un nouveau pensionnaire célèbre. Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien, vient d’y passer sa première nuit, en qualité de détenu. C’est la fin de toutes les illusions pour ses partisans qui croyaient en la possibilité de le juger sur le sol ivoirien, voire même de le relaxer. Après s’être opposé des années durant au régime trentenaire de feu Félix Houphouët-Boigny, premier président de la république de Côte d’Ivoire, Laurent Koudou Gbagbo, historien de son état, accéda à la plus haute fonction de l’Etat ivoirien en 2000. Nonobstant les circonstances non idéales par lesquelles il est arrivé au sommet de l’Etat, le légendaire opposant était de loin le candidat le plus aimé de la présidentielle d’alors.

Le vieux Robert Guei, qui avait pourtant impressionné l’Ivoirien moyen par son apparente détermination à débarrasser la maison ivoirienne de tout détritus, ayant déçu par ses errements. Ce fut donc en sauveur que la rue ivoirienne porta à la tête de l’Etat le président du Front populaire ivoirien (FPI) qui était censé avoir comme tâche primordiale d’organiser une élection transparente à laquelle pourront participer tous ses concitoyens sans discrimination aucune. Mais bien que l’opposant devenu gouvernant par le hasard de l’histoire n’ait pas pu relever ce noble défi, il réussit, contre toute attente et par des stratégies plus ségrégationnistes les unes que les autres, à étendre et fixer plus profondément les tentacules de son règne qu’il voulait, a-t-on deviné plus tard, éternel.

Pour ce faire, il emprunta à Henri Konan Bédié (HKB), successeur constitutionnel du père de l’indépendance ivoirienne, son lugubre concept d’« ivoirité » qu’il dirigea contre son plus sérieux probable concurrent, à savoir Alassane Dramane Ouattara (ADO). Et pour se rassurer de ne voir se dresser contre son projet de pérennisation au pouvoir aucun obstacle inquiétant, il entreprit de jouer sur le temps avec comme objectif d’éliminer, par le biais de la limite d’âge, l’autre « empêcheur de régner en boucle » que représentait Henri Konan Bédié. Des citoyens ivoiriens, civils comme militaires, ne tardèrent pas à comprendre son manège qui consistait à surfer sur la vague nationaliste et régionaliste pour semer les graines de la haine et de la violence, sur les braises desquelles il comptait asseoir sa dictature démocratique.

Ceux-ci prirent alors le maquis avec à leur tête le jeune mais brillant étudiant Guillaume Kigbafori Soro. Même après voir frôlé le pire à cause de la fougue des rebelles en quête d’élections dignes d’un Etat de droit, l’apprenti potentat n’en a pas démordu, allant jusqu’à accepter malgré lui une gestion partagée du pouvoir juste pour le conserver. C’est ainsi qu’avec l’aide du voisin burkinabè, avec qui il s’est réconcilié pour les besoins de sa cause, il a su émousser un tant soit peu l’ardeur du bras armé de la rébellion, en l’occurrence les Forces nouvelles (FN), en en mettant pleine la bouche à son leader. Comme un chien à qui on jette un os pour arrêter ses aboiements, Guillaume et ses plus proches collaborateurs finirent par avoir la bouche si pleine que leurs cris de protestation étaient devenus rares ou à peine audibles.

L’enfant de Mama tenait ainsi subtilement en laisse ses contempteurs d’hier et était devenu si sûr de lui qu’à l’apogée de son règne, il s’accommoda parfaitement de son pseudonyme de christ de Mama que n’hésitèrent pas à lui attribuer ses thuriféraires. Sans doute cette griserie du culte de la personnalité a-t-elle été pour beaucoup dans la perte de cet homme qui réfléchissait plus par le sixième sens de sa femme Simone que par son intellect d’universitaire. Tel un serpent négligé mais rusé, celui dont il avait la plus grande crainte politique mais qu’il croyait, à défaut d’en avoir pu faire un outsider électoral, avoir réussi à ranger pour de bon parmi les indésirables, ADO pour ne pas le nommer, sortit de sa méditation pour venir au chevet d’une nation dont les fondements avaient commencé à s’effriter. Les bons auspices augurés par l’acceptation de sa candidature conduisirent immanquablement l’ancien Premier ministre de Nanan Boigny à son ascension politique après une lutte de longue haleine.

Commença alors le calvaire du christ en disgrâce, depuis sa dégradante capture, et qui poursuit son cours logique avec l’étape, sans doute la plus importante, de son transfert suivi de son incarcération à la prison de la Cour pénale internationale (CPI). Une véritable misère qui n’a d’égale que la fulgurante et éphémère grandeur d’un pouvoiriste dans son élan stoppé. Deuxième ex-chef d’Etat africain à être remis à la CPI, l’’ex-pensionnaire de la prison spéciale de Korogho est donc bien parti pour de très longs mois de réclusion dans les mêmes locaux que Radovan Karadzic, Ratko Mladic et Charles Taylor.

Devant répondre de quatre chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, à savoir meurtres, viols, violences sexuelles, persécutions et actes inhumains commis entre novembre 2010 et mai 2011, le nouveau reclus international risque la perpétuité. Ainsi a été exaucée la prophétie du président burkinabè Blaise Compaoré. L’actuel chef de l’Etat ivoirien avait également promis, de concert avec le procureur de la Cour internationale de La Haye, que tous les criminels de la période postélectorale seront poursuivis, tous bords politiques confondus. Une parole donnée et que les deux hommes doivent respecter, au nom de la bonne conduite du processus de réconciliation. Il faut aussi éviter de donner raison à ceux qui crient à une justice des vainqueurs. Ouattara et Ocampo, sur ce point, sont sur la même longueur d’ondes : personne n’échappera au glaive de la justice. Qu’il en soit ainsi !

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 1er décembre 2011 à 07:11 En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    tres bonne redaction. Vous faites la fierte du Burkina Faso

  • Le 1er décembre 2011 à 07:27, par aliende En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    L’Afrique en deuil pour une fois de plus. On comprend moins l’éphorie des Africains pour une nouvelles aussi triste !
    Ceux qui croient que c’est rendre justice aux milliers de morts en Côte d’Ivoire se leurrent.
    On s’est débarrassé d’un boulet au pieds, mais nous y laissons aussi beaucoup de notre indépendance, notre intégrité d’africains fiers et dignes. Les vrais criminels sont en liberté parce qu’ils sont des pays qui dictent leurs lois.
    La CPI n’est qu’un tribunal des forts pour y juger les faibles qui leurs tiendraient tête.

    • Le 1er décembre 2011 à 17:25, par le Veridique En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

      Freres et Soeurs,je vous en prie, il faut que nous arretions de voir les choses seulement en terme de Continent(Afrique# Europe) mais plutot prenons pour principe la VERITE ET LA REALITE:Notre continent na plus besoin de politiciens mais plutot de Technocrates qui ont le savoir et la connaissance pour notre developpement.Tel est le cas de ADO.Nous passons notre temps a nous pleindre sur le pretexte dappartenance raciale pour justifier notre incapacite a nous developper. Moi je pense que ce qui doit soutendre lAMOUR quon a pour quelqun ce nest pas le lien de sang,lappartenace religieuse ou racial mais plutot la capacite de bien faire,de bien travailler et de mener sa famille,son evironnement ou son peuple a la gloire, au developement et un decollage socio economique. Meme dans les relations parents-enfants il est normal que lon aime plus un enfant qui travaille bien et le prefere plus a un autre qui est feniant et nul ou qui ne respecte pas et ne veux se battre pour reussir.
      Gbagbo a des qualites mais il a croiser quelqun de plus fort que lui(ADO) et le combat a designer le vaiqueur alors il aurait du avoir la sagesse de se retirer.
      Je suis decu de la naivite de certains Africains qui utilise mal le nationalisme et de facon bete. Nous ferions mieux dutiliser la fibre patriotique et nationaliste pour defendre des grands Hommes qui ont bien aimer leur peuples tels que SANKARA,NKRUMA,NORBERT ZONGO,MANDELA ect ect que de perdre notre temps a defendre des assoifes de pouvoir qui manipule leur peuples pour leurs propres interets.

  • Le 1er décembre 2011 à 10:51, par kiki En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    c’est dommage que journalisme rime avec mauvaise foi dans le monde . des ecris pour falsifier l’histoire c’est tout ce qu’on nous sert sur ce site et dans le monde. parler du moins aimé d’une election en parlant de GBAGBO qui a gagné le premier tour d’une election ? en vouloir à GBAGBO parce qu’il refuse des resultats donné par le president de la CEI dans le QG de son adversaire ? Gbagbo a demandé le recomptage des voix et non la guerre. on parle de GBAGBO comme un dictateur, alors qu’il est le seul president au monde qui a gracié les rebelles qui voulaient le tuer par coup d’etat, celui a accepté de prendre comme premier ministre le rebel soro . nul n’est eternel sur cette terre, la deportation de GBAGBO Ne va rendre ses adversaire eternels sur terre. merci pour le combat de la liberté et de l’independance vraie MERCI GBAGBO TU ES UN VRAI CHEF

    • Le 1er décembre 2011 à 14:54, par PALM En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

      il te faut combien de sang pour que tu saches que GBAGBO est un démocrate, aux mains sales ?

    • Le 1er décembre 2011 à 15:25, par gbagbo au diable En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

      toi tu es un idiot tu n’es pas dans ce monde on ne parle pas de compter on parle d’un criminel qui tue les pauvres innocents pour garder le pouvoir.une question tres simple GBAGBO est un criminel ou un saint .nous avons vecu en cote d’ivoire et je sais de quoi je parle. donc pardon si tu n’a rien a dire ferme ta guele,

  • Le 1er décembre 2011 à 12:08 En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    TOUT CHANGE ET TOUT SE PAIE

    DANS LE PASSE, LES PRESIDENTS POUVAIENT DIRIGER, FAIRE DES DETOURNEMENTS, DES MALVERSATIONS, DES ABUS DE POUVOIR ET VIOLER LA CONSTITUTION DE LEUR PAYS ET MÊME SE FAIRE DES FORTUNES AVEC LEUR ENTOURAGE.

    DE NOS JOURS ET DE PLUS EN PLUS, TOUT CHANGE VERS LA VRAIE JUSTICE, LA VRAIE EGALITE. DANS DES ANNEES PASSEES, QUI POUVAIT PENSER QU’ON PEUT JUGER DES CHEF D’ETAT MÊME LES PERSONNES COMME DSK NE POUVAIENT ETRE INQUIETES.

    A L’AVENIR TOUT CEUX QUI DIRIGERONT OU GOUVERNERONT UN PAYS, UN DEPARTEMENT OU UNE VILLE OU UNE SOCIETE REFLECHIRONT AVANT DE PRENDRE DE TELLES RESPONSABILITES. CES JOURS VIENDRONT

    LA FIN DU MONDE DONT ON PARLE MARQUERA LES DERNIERS JOURS C’EST A DIRE LA DESTRUCTION DU MONDE DU MAL POUR COMMENCER LE MONDE DU BIEN QUE DIEU DESIRE TANT

    • Le 1er décembre 2011 à 13:40, par FOXY_LE_WOODY DU FASO En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

      Très belle histoire ; une histoire tant attendue par le "monde"épri de paix, de justice et de démocratie.

      Qu’il en soit de meme pour tous les vieux crocodiles sanguinaires africains assoiffés de pouvoir
      qui se prennent pour des gouveernants eternels.

      Hé ! Allah merci ! ils ont commencé à mettre bras sur nos vieux crocodiles !!!!!!!!!!!!

      c’est bon dè !

  • Le 1er décembre 2011 à 12:19, par babadedakar En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    bel article.
    un résumé succincte et sans passion du parcours de l’enfant de mama KLG.

  • Le 1er décembre 2011 à 12:38 En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    pouvoiriste existe ?

  • Le 1er décembre 2011 à 13:21, par Gjau En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    C’est vraiment une triste fin pour ce dictateur qui, avide du pouvoir récolte aujourd’hui les conséquences de son entêtement à défier la démocratie et la communauté internationale.Peut-on parler de justice de vainqueur pour ce usurpateur, historien de surcroît rattraper par l’histoire de son pays ? La seule leçon qu’on puisse tirer est que toute dictature à une fin ou une destination : la mort ou la prison.

  • Le 1er décembre 2011 à 15:36, par Nouss En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    Un langage journalistique propre, une réflexion approfondie, des termes bien agencés. Félicitation à "Le pays" pour ce bel article ; ça force le respect pour les gens de bonne intelligence.

    Pour celui qui demande si "pouvoiriste" existe, il faut comprendre que c’est du jargon journalistique.

  • Le 1er décembre 2011 à 17:20, par le taurau En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    Fin de parcourt pour ce criminel et politicien de main tendue qui a voulu emboîter le pas de Général Guei. j’attendais ce jour afin que les nombreux de bukinabé , d’ivoiriens et autres étrangers qui y sont restés puissent respirer a partir de leur tombes ; que les femmes vilées puissent dirent merci à dieu. quand je suis aller voir le film BAYIRI, le mauvais souvenir montait en permanence ma tension. qu’importe le lieu de son incarcération. Ma seule préoccupation est qu’on puisse arrêter l’autre ailier de koudou a savoir le nommé Blé Goudé et Simone Gbagbo, elle qui a oser justifier des viols de femmes qui ne faisaient rien de mal que de marcher au nom de la démocratie. ils sont pire que koudou. Blé a oser lancer un mot d’ordre aux yeux de tous contre les étrangers. on finira to ou tard a le trouver,meme si il se cache. Les mandat de l’ONU ne finiront pas
    . il est le plus mauvais de la crise ivoirienne.

  • Le 1er décembre 2011 à 17:47, par E. Zampaligré En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    Notre très cher président disait le 9 novembre à la Haye "Si la brèche de l’impunité n’est pas fermée, il ne peut y avoir de vraie réconciliation" rien que la semaine dernière seulement ADO a rencontré à paris Ocampo.
    Et comme par hasard GBAGBO est transféré à la Haye dans la nuit du 29 au 30 novembre.
    Je trouve tout ça bizarre et vraiment bizarre.
    Bon je parie que Simone va suivre et qu’ensuite on va lancer un mandat d’arrêt de la CPI contre Blé la machette enfin de compte deux ou trois petits FRCI anonymes seront sacrifiés histoire de dire que tout le monde est concerné.
    Les paris sont lancés et rira bien qui rira le dernier.
    A chacun son commentaire.
    En attendant il y aura une PENURIE DE CEREALES chez nous mon Président on attend vraiment beaucoup de vrais « prophéties » à ce niveau.

    Peace and Love

  • Le 2 décembre 2011 à 00:52, par bassono jean baptiste En réponse à : LAURENT GBAGBO A LA CPI : Grandeurs et misères d’un pouvoiriste

    souvent je me pose la quetions s’il ya des gens qui reflesisents un mr qui fait tuer des ètres humains comme des poulets et un mr comme ado qui a un bon coeur qui a tout fait pour ne pas q’uil soit tuer et des gens comtunue de dire que se mr est un nationaliste je pense que c’est se moquè des gens il doit payer de tout le mal quil a fait avant de quiter se monde

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