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Actu vert  ! Le protocole de Kyoto en panne 

Publié le mardi 29 novembre 2011 à 00h34min

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Deux ans après l’échec de la conférence de Copenhague, la surprise n’est pas que le protocole de Kyoto s’éteigne à petit feu, mais que cette extinction se fasse dans l’indifférence. Plus de 190 pays, des plus vulnérables au réchauffement aux moins pressés d’agir, se retrouvent pour deux semaines à Durban (Afrique du Sud), pour tenter de redonner un cap aux négociations sur les changements climatiques et un avenir au protocole de Kyoto. Ce traité emblématique de l’engagement des pays industrialisés cristallise les attentes, à quelques mois du 20e anniversaire du sommet de Rio où débuta en 1992, le processus mis en place dans le cadre de l’ONU sur le climat. Au regard de l’accélération des émissions de CO2, le processus onusien de négociation paraît toujours plus lent.

En quête d’un nouveau souffle depuis l’échec du sommet de Copenhague fin 2009, malgré des avancées techniques obtenues l’an dernier, à Cancun (Mexique), le protocole de Kyoto vit peut-être ses derniers jours, si un accord n’est pas trouvé. Une première période d’engagements s’achève fin 2012 et les pays en développement réclament de nouveaux engagements de la part des pays industrialisés, au nom de leur "responsabilité historique".

Aujourd’hui, à l’heure du renouvellement de ce protocole, le Japon, la Russie et le Canada qui n’a d’ailleurs pas rempli ses objectifs de réduction de la première période, refusent de souscrire à une deuxième période contraignante, en l’absence d’engagements de la part des Etats-Unis et des pays émergents (Chine, Inde, Brésil). L’Europe de son côté, n’est pas prête à rempiler seule, dans la mesure où elle ne représente que 11% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Mais elle ne souhaite pas non plus l’abandonner pour au moins deux raisons. Ce serait un très mauvais signal envoyé aux pays en développement qui estiment que les pays industrialisés restent historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre et donc, des changements climatiques qui les atteignent.

Ce serait ensuite perdre le seul accord qui donne des outils internationaux permettant notamment des comparaisons entre Etats. Reste à savoir si la Chine qui agit pour rendre son économie plus "verte", l’Inde, mais surtout les Etats-Unis, paralysés par leur situation politique intérieure, accepteront de faire un pas vers une telle "feuille de route". Les Etats-Unis ont récemment refusé d’entériner les travaux du comité chargé de bâtir le "Fonds vert". Ce fonds annoncé à Copenhague doit accueillir cent milliards de dollars par an d’ici à 2020. Cet argent sera destiné à aider les pays les plus pauvres à lutter contre le réchauffement climatique.

Pour l’heure, les négociateurs n’en sont qu’à réfléchir à l’élaboration de la structure de ce fonds. Le groupe de travail qui a planché dessus, toute l’année, n’a pas réussi à s’accorder avant Durban. Il n’y a également aucun accord sur la façon d’alimenter ce fonds. Depuis deux ans, circulent toujours les mêmes idées de financements « innovants » : taxes sur les transports aériens et maritimes ou taxes sur les transactions financières. Il est clair pour tous que les cent milliards ne proviendront pas des seuls budgets des Etats, mais qu’il faudra y ajouter les investissements privés. Toutefois, il est à se demander de la véritable volonté des pays riches à contribuer à ce fonds quand on sait que face à la crise économique, les mêmes pays n’ont pas hésité à casser les tirelires pour sauver des banques et des entreprises.

Il est vrai que les enjeux sont différents, mais au vu de la crise généralisée que pourrait vivre la planète si rien n’est fait contre le réchauffement climatique, il est à craindre que l’humanité ait fait le mauvais choix en ne raisonnant qu’économie.
A l’heure actuelle, le protocole de Kyoto est aujourd’hui le seul outil juridique contraignant en matière de réduction de gaz à effet de serre. Conclu en décembre 1997, le protocole est issu de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée à l’issue du Sommet de la Terre, qui s’est tenu en juin 1992 à Rio de Janeiro, au Brésil.

Il est entré en vigueur en février 2005 et concerne 36 pays industrialisés à l’exception notable des États-Unis et, aujourd’hui, de la Chine qui émet plus de gaz à effet de serre par habitant que la France ? ; ce qui était loin d’être le cas en 1997. Les 36 se sont globalement engagés à réduire leurs émissions de 5% par rapport à 1990, devenue année de référence, sachant que les objectifs sont différents pour chaque pays.

L’échec de la rencontre de Durban si elle se confirme, démontre une fois de plus que sur la planète Terre, les intérêts économiques priment sur tout, y compris la survie des générations futures.

Raphaël KAFANDO

Sidwaya

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