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MANIFESTATIONS EN EGYPTE : Une révolution inachevée

Publié le lundi 21 novembre 2011 à 00h10min

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Deux morts et plus de sept cents blessés. C’est le bilan provisoire des affrontements de ce week-end, en Egypte. Au Caire, tout comme à l’intérieur du pays, les Egyptiens sont sortis nombreux pour protester, selon eux, contre la trop forte présence de l’armée dans la gestion des affaires du pays. Cette manifestation a été réprimée dans le sang par les forces de l’ordre. Un scénario inattendu et inquiétant à seulement 9 jours des élections législatives, une étape décisive de cette révolution qui doit aboutir à la mise en place d’une Constitution, ouvrant ainsi l’horizon d’une nouvelle république. Avait–on vraiment encore besoin de nouveaux martyrs ? Les organisateurs de cette marche, s’ils voulaient faire une démonstration de force, l’ont réussie.

Mais en face non plus, les autorités de la transition, notamment l’armée, n’ont pas voulu se laisser conter. Le pays s’engage, mine de rien, dans un bras de fer qui risque de prendre en otage la transition. L’opportunité d’une telle manifestation à la veille d’un scrutin aussi décisif que celui du 29 novembre laisse perplexe, comme si les organisateurs voulaient saboter les élections pour la constituante. Si le calme ne revient pas rapidement, le risque d’un report est grand et ce serait alors créer les conditions d’une reprise en main de la situation par l’armée, principale cible des protestataires de la semaine dernière. La crise de confiance est manifeste, et c’est à l’armée de donner des assurances au peuple quant à sa mue afin de s’adapter au nouveau contexte.

Au lieu de cela, elle a voulu préserver ses prérogatives héritées de l’ancien régime, en exigeant le droit de gérer ses propres affaires et son budget. C’est une question délicate, importante pour l’Egypte en tant que puissance sous-régionale. Mal posée, elle prend des allures de chantage politique. L’armée, principal pilier de l’ancien régime, sait qu’elle a des comptes à rendre au peuple, du moins certains de ses chefs. C’est ce qui explique que, d’une certaine façon, elle veuille avoir le contrôle du processus actuel afin de ne pas pâtir de la fougue des jeunes révolutionnaires. Malheureusement, on la soupçonne de ne pas être neutre et de continuer à faire le jeu de l’ancien régime sous le pavillon du PND.

Les manifestations de ces derniers jours montrent que les Egyptiens, islamistes ou pas, n’ont pas baissé la garde, qu’ils entendent veiller sur leur révolution comme du lait sur le feu. Malheureusement, l’armée qui devait être un rempart contre toutes les déviations de cette révolution, risque d’être la nouvelle cible des révolutionnaires, parce qu’elle n’aura pas su se mouvoir entre ses propres intérêts et les aspirations du peuple. Manifestement, la révolution coince quelque part. Une partie de la solution est dans les mains de l’armée, pour que la révolution n’ait pas un goût d’inachevé.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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