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Vidéoclubs à Ouaga : Débrouillardise, clandestinité et recherche du gain

Publié le mercredi 2 novembre 2011 à 00h57min

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C’est une activité qui a pris de l’ampleur ces dernières années. Les vidéoclubs ou tout simplement les « canal » comme les appellent les fans de foot » se rencontrent partout à Ouaga. Un peu comme les télécentres. Combien sont-ils exactement dans la capitale burkinabè ? Comment fonctionnent-ils ? Les gains sont-ils importants ? Bref, nous avons voulu cerner la réalité de cet univers aussi fermé qu’ouvert.

« On n’ouvre pas un vidéoclub parce qu’on a tout simplement envie ou parce qu’on dispose de moyens. Il y a une procédure à suivre. Un engagement à honorer ». Ces mots sont de Lassané Ouédraogo, trésorier de l’Association Burkinabé Pour la Promotion de la Projection Vidéo (ABPPV). C’est cette association qui regroupe tous les gérants des « canal » de Ouagadougou. De nombreux gérants ne sont pas encore affiliés à l’association, regrette Lassané. Beaucoup sont encore dans la clandestinité pour éviter de payer les différentes taxes. L’ABPPV compte à ce jour une centaine de membres environ.

Pour disposer de la carte de membres il faut débourser la somme de 2100 FCFA. Chaque membre a le devoir d’honorer la cotisation mensuelle qui s’élève à 500 FCFA et de participer aux réunions hebdomadaires.

Pour ouvrir un vidéoclub, il faut d’abord payer un timbre de 50 000 FCFA au niveau du ministère chargé de l’administration du territoire avant d’avoir l’autorisation, nous confie Moustapha gérant au secteur 29. Une fois l’autorisation en main, tout n’est pas pour autant gagné. Au contraire ! Le plus dure reste à venir. Il faut arriver à faire fonctionner correctement son vidéoclub sous peine de le refermer aussitôt. Et c’est là que les choses se compliquent. Ismaël qui est gérant au secteur 28 n’est pas dans son propre local. L’espace est loué à hauteur de 35 000 F CFA le mois. En plus de cela, il doit verser une somme de 35 000 à 40 000 F CFA par an au Bureau Burkinabè des Droits d’Auteur (BBDA).Une chose que certains gérants trouvent injuste parce qu’ils considèrent que leur vidéoclub est exclusivement réservé au football.

Les clients n’y allant plus pour suivre des films ou voir des clips musicaux. Les DVD sont passés par là. A Saïd football (vidéoclub) aussi le local est loué raconte Madou. Et en plus des frais de loyer et d’électricité il a embauché deux autres jeunes pour l’aider à gérer les clients. Il doit donc les payer à la fin de chaque mois.

Les opérateurs de distribution des chaines satellitaires

Au Burkina, c’est Neerwaya Multivision et ISEC/SODISAT qui sont les principaux fournisseurs des gérants des vidéoclubs. Et là non plus, ce n’est pas une messe à faire. Les bouquets de sport coûtent chers. A Neerwaya le prix de l’abonnement au bouquet sport est de l’ordre 10 000 F CFA le mois. Mais, si à Neerwaya les prix sont quelques peu abordables, ce n’est pas tout à fait le cas à ISEC. Le bouquet le moins cher pour accéder aux chaines de sport est « privilège », d’une valeur de 20 900 FCFA environ le mois. Pour s’en sortir, Ismaël profite des périodes de promotion pour s’abonner. Pour avoir beaucoup de clients, les gérants sont obligés de disposer de deux ou trois décodeurs et même plus et de plusieurs téléviseurs. Il faut donc satisfaire à plusieurs abonnements pour fidéliser les clients. Les matches passent souvent au même moment et le client veut suivre le match de son choix.

Fonctionnent-ils à perte ?

Le prix moyen par match est de 150 F CFA. Les clients viennent en fonction des matches qui sont au programme. Chez Xavier à Zogona un match d’intérêt moyen peut donner 2000 FCFA comme recettes. Les matchs du championnat anglais et espagnol attirent plus. Les matches de grand intérêt génèrent des recettes de l’ordre de 5000 F CFA. Et depuis cette saison sportive en Europe, le championnat français attire aussi du monde en raison des belles performances des Burkinabè. Les matches que tous les gérants attendent sont les « classico » en Espagne ou les « derby » en Angleterre. Lorsque le FC Barcelone et le Real Madrid s’affrontent, tous les vidéoclubs font le plein. Impossible de connaître le nombre exact de spectateurs racontent Ismaël. Il arrive souvent qu’au cours de ces matchs il arrête de prendre l’argent des clients parce qu’il n’ya plus de place ou tout simplement parce qu’il est envahi par la foule. Certains gérants gagnent souvent 150 000 ou plus le mois.

En dépit donc des difficultés d’abonnement auxquelles ils font face, certains ont fait des vidéos clubs leur principale source de revenus.

Jean Pierre SAWADOGO
Ph. Bonaventure PARE

Lefaso.net (Stagiaire)

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Vos commentaires

  • Le 2 novembre 2011 à 09:38 En réponse à : Vidéoclubs à Ouaga : Débrouillardise, clandestinité et recherche du gain

    En réalité c’est très souvent des nids de délinquants qui sommnolent dans ce lieu en attendant que les honnetes citoyens s’endorment.

  • Le 2 novembre 2011 à 12:00, par Béni En réponse à : Vidéoclubs à Ouaga : Débrouillardise, clandestinité et recherche du gain

    Bonjour

    S’il vous plait Mr le journaliste,relisez vos articles avant publication. on peut laisser passer peut être certaines coquilles mais quand vous dites ".... ce n est pas une messe à faire"
    je vous dis non ! l’expression correcte est " ce n est pas une mince affaire" ou si vous voulez une expression plus soutenue " ce n est pas une sinécure"
    Vraiment quand un Mossi et un Samo veulent parler gros français voila le résultat ! si c est pas Zapon c est Jig-Jag ou Waseau ! mdr !!!!
    Sur cette note d’humour je vous dis bonne journée et sans rancune

  • Le 2 novembre 2011 à 12:37, par Pierre En réponse à : Vidéoclubs à Ouaga : Débrouillardise, clandestinité et recherche du gain

    "Et là non plus, ce n’est pas une messe à faire !" Mr le curé est d’accord ? ça risque de ne pas ètre une "mince affaire !"

  • Le 2 novembre 2011 à 12:43, par Une observatrice En réponse à : Vidéoclubs à Ouaga : Débrouillardise, clandestinité et recherche du gain

    En effet, c’ est le nid de la délinquence et surtout un lieu de débauche en déhors des films projétés. Tenez vous y trouverez la projection de films pornographiques et autres cinéma d’ une extrême violence. Et tout ceci est servi à nos enfants à bas âges. Lorsque le ministère accorde l’ autorisation que fait - il après ? Les raisons de l’ incivisme, l impolitesse et autres maux de notre pays viennent de tous ces endroits.
    Avec cela la morale ne peut pas ne pas agoniser.

  • Le 2 novembre 2011 à 18:34, par Tsunami En réponse à : Vidéoclubs à Ouaga : Débrouillardise, clandestinité et recherche du gain

    je suis voisin à un vidéo club (haut.com) derrière l’hôpital pediatrique sur la rue gulma. Tant qu’il n’est pas 24 h ou 1 h du matin on ne peut pas s’endormir. J’aimerais que la mairie porte un regard serieux sur cette activité. C’est une activité qui cause bcp de desagrements aux honnêtes citoyens (nuisances sonores, tapage nocturne, nid de délinquants.....).
    Pourqu’on puisse reflechir et construire ce cher burkina il faut qu’on n’arrive à se repose bien et vivre dans un meilleur cadre de vie.

  • Le 4 novembre 2011 à 12:01, par Verita En réponse à : Vidéoclubs à Ouaga : Débrouillardise, clandestinité et recherche du gain

    Merci à mes huit prédecesseurs dont" Béni"," observatrice" et "Tsunami" car ils ont pris en compte ce que j’allais dire à la fin de la lecture de cet article.
    Merci aussi au journaliste pour m’avoir permis de savoir que pour ouvrir un video-club il faut achéter un timbre de 50 000F et remplir d’autres conditions. Je voulais en ouvrir dans mon village sans penser un temps soit peu qu’il fallait tout ça. J’allais me faire interpeller bêtement comme ça. Au delà du gain, c’est pour faire plaisir aux gens de mon village, très friands de video, et qui n’ont pas la chance de voir des films ou des clips pour se divertir

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