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Sénégal : Rétention du Secrétaire général de la FIDH à l’aéroport de Dakar : illustration supplémentaire d’une démocratie en danger

Publié le vendredi 28 octobre 2011 à 14h18min

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La FIDH, l’OMCT et leurs organisations membres et partenaires au Sénégal dénoncent la rétention de M. Paul Nsapu, Secrétaire général de la FIDH, depuis le 27 octobre à l’aéroport de Dakar alors qu’il venait présenter, au Sénégal, le dernier rapport de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT).

Nos organisations s’inquiètent d’ailleurs de la multiplication des attaques et des menaces de la part du camp présidentiel à l’encontre de toute voix contestataire s’exprimant sur la situation politique et démocratique du Sénégal. Nos organisations exhortent les autorités sénégalaises à faire cesser toutes actions violentes ou illégales, à engager des enquêtes sur leurs auteurs et à respecter pleinement le jeu démocratique.

Le 27 octobre 2011, les autorité sénégalaises ont bloqué l’entrée sur le territoire national à M. Paul Nsapu, Secrétaire général de la FIDH, lors de son arrivé à l’aéroport Léopold Sengor de Dakar. Elles le maintiennent depuis lors en rétention au commissariat de la Police de l’air et des frontières. Cette rétention vise manifestement a empêcher M. Paul Nsapu de participer à la conférence de presse organisée ce jour à Dakar pour la présentation du 14ème Rapport Annuel de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme1 sur la situation des défenseurs dans le monde.

« La rétention de Paul Nsapu est symptomatique de la dérive des autorités sénégalaises vers le dénis de justice et de droit. Nous condamnons fermement cette mesure arbitraire et non-fondée et dénonçons une atteinte majeure à la liberté d’expression » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

La douane sénégalaise retient par ailleurs depuis le 19 octobre, des exemplaires en français du dernier Rapport Annuel de l’Observatoire qui avaient été envoyés pour une conférence de presse qui doit se tenir le 28 octobre à Dakar à l’occasion du lancement mondial de ce rapport sur la situation des défenseurs [voir http://www.fidh.org/L-obstination-du-temoignage,10781]. Selon les informations reçues, la Direction de la surveillance du territoire (DST) conditionne le dédouanement à la vérification du chapitre sur la situation des défenseurs au Sénégal. Tout problème douanier est d’ailleurs exclu, puisque les ouvrages ne sont pas vendus, et ne sont donc pas soumis à une quelconque taxation douanière au Sénégal.

http://www.fidh.org

« Notre pays ne doit pas tomber dans l’arbitraire » a déclaré Me Sidiki Kaba, président d’honneur de la FIDH, « mais doit se conformer au strict respect de la Constitution et des instruments régionaux et internationaux des droits de l’Homme qui garantissent tous les libertés d’expression, d’information et de manifestation » a-t-il ajouté.
Alors que l’élection présidentielle doit se tenir en février 2012, la tension politique est montée d’un cran au Sénégal ces dernières semaines : menaces à l’encontre de représentants de la société civile, agression de membres de partis politiques, condamnation d’opposants, communication agressive contre les opposants à un troisième mandat du président Abdulaye Wade, etc.

Ainsi, le mouvement politique « Luy jot jotna » (MPCL - Luy Jot Jotna), dirigé par le candidat à l’élection présidentielle Tidiane Gadio a été, en l’espace de quelques semaines, la cible de plusieurs agressions. Le 29 juillet 2011, selon le mouvement, l’un de leurs responsables, M. Modou Fall Kaala, a été agressé par des « nervis, sous le regard passif des forces de l’ordre » en marge d’un déplacement du président Abdoulaye Wade dans la ville sainte de Touba.

Mi-octobre, c’était le candidat Tidiane Gadio, membre du Mouvement M23, qui était sous le feu de virulentes critiques et menaces en raison d’un voyage réalisé en Europe et d’une conférence de presse tenue dans les locaux de la FIDH. Le 23 octobre, « Luy jot Jotna », faisait état de l’agression vers 13h, de Mme Gnagna Ndaw Seck, coordonnatrice départementale du MPCL Luy Jot Jotna de Bambey. Elle aurait reçu la visite de « nervis conduits par la ministre Aïda Mbodj » selon le mouvement. Son domicile aurait été saccagé et des membres de sa famille agressés. Sa belle sœur aurait notamment eu une oreille presque arrachée.

De même, les intimidations contre les opposants sont légions. Ainsi, le jour de la condamnation de Malick Noël Seck - le jeune leader de la Convergence socialiste condamné pour avoir adressé, le 10 octobre dernier, une correspondance au Président du Conseil constitutionnel chargé de statuer sur la recevabilité, entre autres, de la candidature du Président Wade - les maisons d’opposants politiques comme Moustapha Niasse ou Tanor Dieng étaient encerclés par des nervis tenant en laisse des chiens.

« Le gouvernement est le premier responsable de la sécurité des citoyens. A ce titre et en raison de l’implication probable de certains de ses nervis dans ces actions, le gouvernement sénégalais doit mettre fin immédiatement à ces violences » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

De même, les menaces et intimidations à l’encontre de M. Alioune Tine, président de la RADDHO et porte-parole du mouvement citoyen M23, se sont poursuivies [voir http://www.fidh.org/Propos-diffamatoires-et-hostiles-a] après l’agression dont il a été victime le 23 juin 2011 lors d’une manifestation devant le parlement [voir http://www.fidh.org/Actes-de-violence-a-l-encontre-de].

« Malgré les nombreuses preuves que nous avons déposées devant le juge d’instruction et qui permettent d’identifier clairement les auteurs de cette attaque lâche et ignoble, le dossier est au point mort depuis juin : aucune personne n’a été interrogée ou arrêtée, aucun acte d’instruction n’a été posé. Preuve en est que l’on ne veut pas que la lumière soit faite sur cette agression », a déclaré Assane Dioma Ndiaye, avocat d’Alioune Tine et de la FIDH dans ce dossier et président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (LSDH). Le Mouvement M23 milite pour le respect de la Constitution et contre la candidature du président Abdoulaye Wade à une 3ème mandat qui serait selon eux, inconstitutionnel.

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