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La mort de Pierre Mamboundou, opposant aux Bongo. Au nom du père et du fils ! (2/2)

Publié le lundi 31 octobre 2011 à 18h37min

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Diviser pour régner ! La formule est aussi vieille que le monde (politique). Et Omar Bongo savait le faire ; non seulement diviser l’opposition mais aussi semer la pagaille dans ses propres rangs, au sein de la « mouvance » présidentielle afin que chacun se sente, toujours, sur le fil du rasoir. Après « l’affaire du 19 avril 2006 » (la rencontre entre Bongo et Pierre Mamboundou - cf. LDD Gabon 0122/Mardi 18 octobre 2011), l’atmosphère a changé au sein de l’UPG, le parti de Mamboundou. Ou, plus exactement, au sein de son état-major.

Caractérisée comme appartenant à l’opposition radicale, parfois même accusée de fomenter quelques tentatives de coup d’Etat, de stocker des armes et de jouer au « garde rouge », l’UPG tendait à se complaire dans un jeu non dénué d’ambiguïté. Toujours vindicatif, Mamboundou voyait des complots partout, se disait victime de tentatives « d’attentats » mais ne mettait plus en cause le locataire (devenu propriétaire depuis le temps qu’il y séjournait !) du Palais du bord de mer - où il avait pris ses habitudes - mais son « entourage ». Mamboundou pensait-il alors, sérieusement, avoir fait évoluer les positions du chef de l’Etat ? Sans doute. Et il attribuait à cette nouvelle proximité (alors que les deux hommes avaient, pendant, vingt ans, refusé tout contact), l’offensive menée contre lui et son parti par les « hommes du président ». Dans le collimateur de Mamboundou ce ne sont pas les « caciques » du parti mais bien au contraire les « rénovateurs » conduits par Ali Bongo qui étaient ainsi stigmatisés ; normal, ils étaient les seuls à pouvoir faire obstacle à l’alternative politique que pensait représenter Mamboundou.

« Realpolitik » ou opportunisme politique ? Au sein de l’UPG la question sera posée, notamment à la suite de la connexion qui aurait existé entre l’état-major du parti et celui du PDG pour battre, aux élections municipales du 27 avril 2008, le maire sortant de Port-Gentil, Séraphin Ndaot, un « indépendant ». Le nouvel objectif de l’UPG était, il est vrai, désormais, d’être « un parti de gouvernement » ; vingt ans dans « l’opposition » cela ouvre nécessaire l’appétit de pouvoir ; et, en Afrique, sauf rare exception, chacun sait que le pouvoir de l’opposition est nul. Ainsi, à Ndendé notamment, le fief de Mamboundou personne ne trouvera à redire quand Bongo y injectera quelques milliards de francs CFA. Après avoir été « l’homme qui dit non », Mamboundou devenait « l’homme qui parle à l’oreille » du chef de l’Etat. Mais il n’était pas écouté pour autant. Il espérait la primature ; ce sera une espérance déçue. On évoquera, un temps, déjà, le poste de vice-président. Il pensait, aussi, être l’homme de la « succession » dès lors qu’il avait, par deux fois, fait deuxième aux présidentielles, pensant, sans doute (et à tort), qu’Omar Bongo Ondimba verrait là l’occasion de faire un pied de nez à tous ceux qui, dans son entourage, lorgnaient sur l’héritage. Mais on ne fait pas un leader d’un éternel second !

La mort d’Omar Bongo Ondimba allait le ramener à la case départ. Sa connexion avec le Palais du bord de mer était caduque. Et sur la scène politique gabonaise, il se trouvait confronté, désormais, aux ambitions de tous ceux qui se pensaient les « héritiers » : « caciques » comme « rénovateurs » sans compter les diverses chapelles ethniques et/ou clientélistes qui faisaient le yo-yo des uns aux autres. Mamboundou, cette fois, mettra son drapeau au fond de sa poche.

Le 14 juillet 2009 (vingtième anniversaire de la fondation de l’UPG), il annoncera sa candidature à la présidentielle post-Omar sous les couleurs de l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), conglomérat de leaders politiques qui, cette fois, ratissait large : de Séraphin Ndaot (que Mamboundou avait contribué à faire perdre la mairie de Port-Gentil) à Louis-Gaston Mayila, très proche de Bongo-père mais Punu à l’instar de Mamboundou. « L’opposant radical » sera désormais considéré comme un « opposant modéré ». Il parlera de lui à la troisième personne (« Pierre Mamboundou a parlé avec Bongo, mais il n’a jamais franchi le Rubicon. Il n’est jamais allé au gouvernement ») et fera de sa « virginité » gouvernementale, rare dans le monde politique gabonais, un argument auprès des observateurs étrangers (les Gabonais, quant à eux, ne seront pas dupes).

Les « élites » gabonaises ayant entrepris de s’étriller les uns les autres, le listing de la présidentielle du 30 août 2009 aura des allures de Who’s Who. Les résultats ne seront pas encore publiés que, déjà, trois candidats se proclameront élus : Ali bien sûr (mais qui pouvait douter qu’il ne le soit), André Mba Obame, son ex-ami et complice, et Pierre Mamboundou, l’éternel second des présidentielles qui, cette fois, sera classé en troisième position avec 25,22 % des voix (contre 41,73 % pour Ali et 25,88 % pour Mba Obame). L’UPG, comme à son habitude, fera dans le lyrique : « Face à l’oppression, l’Union du peuple gabonais (UPG) se prévaut de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui, en pareille circonstance, légitime le recours à la résistance », proclamera son porte-parole. Attendant « le grand soir », Mamboundou reprendra ses habitudes à… l’ambassade d’Afrique du Sud après que des émeutes aient éclaté à Port-Gentil, fief historique de « l’opposition ». Quelques semaines plus tard, un recomptage des voix replacera Mamboundou en deuxième position, une fois de plus, avec 25,64 % des voix. Il semblait sans doute plus cohérent que le second soit un « opposant » plutôt qu’un ami (même si ce n’était qu’un ex-ami) du président élu. Histoire de démontrer qu’au sein de la « démocratie » gabonaise, il y a une « opposition » crédible et reconnue comme tel.

Le calme revenu, Mamboundou reprendra ses vieilles antiennes : « L’Union du peuple gabonais ne souhaite pas nouer un contact avec le camp des usurpateurs ». Cela ne l’empêchera pas de se rendre à New York, les 24-25 février 2011, aux côtés du président Ali Bongo, pour plaider la cause du Gabon dans « l’affaire de la baie de Corisco », les îles et îlots dont le Gabon et la Guinée équatoriale se disputent la souveraineté. Mamboundou avait fait de ce dossier, dès février 2007, un cheval de bataille contre Mba Obame qu’il accusait d’avoir voulu les « vendre » à la Guinée équatoriale. Trois fois candidat à la présidentielle, trois fois battu mais toujours challenger, jamais ministre (plus exactement n’ayant jamais accepté de l’être), Mamboundou n’a pas compris la part d’instrumentalisation dont il était l’objet de la part du pouvoir en place. « Opposant » et rien d’autre, Mamboundou s’est pris au jeu politique - avec ses compromis et ses compromissions (même s’il n’en a pas eu la perception pensant être, seulement, dans un rapport de forces) - quand ses partisans pensaient qu’il avait entrepris de mener la lutte pour le pouvoir. « Irrespect, arrogance, insolence, suffisance », les jugements de ses amis politiques (en l’occurrence, de ses ex-amis) seront sans appel.

Le parcours de Mamboundou illustre les contradictions qui minent les systèmes démocratiques dès lors qu’ils sont basés sur des institutions réelles, certes, mais dont le mode de fonctionnement est totalement virtuel. Autrement dit : les dés sont pipés. Pensant être un « opposant radical » mais étant devenu un de ces « opposants-collabos » qu’il n’avait eu de cesse de dénoncer, Mamboundou n’a jamais été qu’un joker dans le jeu politique des Bongo. Pouvait-il en être autrement ? Sûrement pas dans une société où les « élites », quelles qu’elles soient, ont une vision individualiste de leur fonction sociale. Cherchez quel était le programme de Mamboundou ? Et pointez les différences avec celui des Bongo. Rien d’autre que d’être khalife à la place du khalife. Ce que Georges Dougueli, dans Jeune Afrique (10 avril 2011), caractérisait, s’agissant de Mamboundou, comme son « obsession du pouvoir ».

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 29 novembre 2011 à 17:48, par mbamba mikala cyndy aleskey dowell En réponse à : La mort de Pierre Mamboundou, opposant aux Bongo. Au nom du père et du fils ! (2/2)

    vous dite que ali bongo ondimba n as pas gagnée les élection presidentsielle mais il est entraint de arranger le pays,il falait un presindent comme lui pour arranger le pays le pouvoir serais toujours pour les tékés,je félicite mon présindent qu il continue d avantage,ici à tchibanga l exe premier ministre a mal parlé d ali bongo ondimba et du ministre de l interieur jean fraçois dogou,j aime mon pays,j aime ma ville nattale franceville,j aime le gabon.je vous remercie

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