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Boom minier au Faso : Comment déminer le partage du butin ?

Publié le vendredi 7 octobre 2011 à 03h01min

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Assurément, le soleil des mines brille dans le ciel du Burkina. En effet, le secteur mobilise désormais toutes les attentions et les passions au regard des potentialités qu’il recèle. Et bien entendu, le partage des fruits ne se fait pas sans heurts.
Depuis quelques années, les lancements de travaux de construction de mines « à ciel ouvert » ou « souterraines » se succèdent à un rythme soutenu. Confirmant ainsi la bonne teneur du sous-sol burkinabè en minerais.

L’annonce d’une intensification prochaine des activités, avec un certain empressement, en dit long d’ailleurs sur la volonté des groupes intéressés à jouer à fond la carte de la concurrence. D’où cette manière parfois grossière de vouloir immédiatement marquer son territoire. Quitte à se donner plus tard les moyens de la mise en œuvre d’une véritable politique d’exploitation.

Du reste, dans la guerre des chiffres qui oppose les uns et les autres, ce sont les milliards qui pleuvent et viennent à chaque fois alimenter les discours. Vrai ou faux, toujours est-il que personne dans ce business très lucratif et appétissant sous nos cieux n’est prêt à se vendre à vil prix sur le marché de ses propres ambitions.
Pendant ce temps, l’arbitre, lui, en tant qu’Etat, du haut de son estrade, se tient soigneusement à l’écart de la bagarre. Du moins, officiellement. Préférant, dans un élan de religiosité dont lui seul a le secret, prier Allah le Tout-Puissant pour que les lingots coulent à flots d’ici quelques mois !

C’est, en tout cas, le souhait publiquement exprimé par Salif Kaboré il y a quelques jours, à Sabcé, dans le Bam. Car l’on sait depuis quelque temps que l’envolée des cours mondiaux, notamment ceux de l’or, a inversé la tendance au niveau des différents pays qui se sont lancés dans le domaine.

Au Burkina, le coton, jadis premier produit d’exportation, a relativement perdu de la blancheur par rapport au métal jaune. En 2010, l’activité minière a généré entre 177 et 440 milliards de francs CFA. Un montant encore bien trop modeste, certes, mais qui témoigne d’une rentabilité qui reste à mieux encadrer.

En effet, dans la majeure partie des cas, seuls 10% au maximum de ces fonds reviennent à la partie nationale. Le reste étant, bien évidemment, récupéré par les investisseurs qui, on l’oublie trop souvent hélas, sont loin d’être des philanthropes. Par conséquent, ils sont fort logiquement intéressés par l’essor rapide de leurs investissements sur le terrain. Dans certains pays voisins du Burkina, les négociations entre l’Etat et les exploitants miniers ont parfois accouché d’une part comprise en moyenne entre 23 et 30% ; en plus d’autres avantages sociaux consentis aux bénéfices des populations locales. Ce qui permet d’avoir une base de répartition qui minimise les déséquilibres flagrants. Au Burkina, l’on est encore très loin du nec plus ultra. Pour l’économiste Zéphirin Diabré, plusieurs raisons expliquent cela.

La première raison étant que « l’investissement minier coûte cher » dans son ensemble. En particulier, pour les Etats aux ressources limitées. Ce qui conduit, selon lui, d’une part, à une faiblesse d’un point de vue organisationnel et financier et, d’autre part, à une faiblesse technique à travers le manque ou l’insuffisance de personnel en quantité et en qualité pour servir à tous les niveaux de développement requis par le secteur minier.

Il appartient donc aux autorités burkinabè de savoir donner de l’épaisseur à leurs ambitions. Mais aussi et surtout elles devront, estime-t-il, accorder la priorité à l’éducation et à la formation de cadres performants. Ces derniers devant avoir la priorité en termes d’embauche par les entreprises intéressées par leurs qualifications. Or, tout semble indiquer que le Burkina et son secteur éducatif ont manifestement été surpris par le boom minier. Alors même que la puissance publique est censée fonctionner sur ce modèle dit de la prospective, elle s’est plutôt laissé dicter sa conduite. Parfois d’une manière incompréhensible. Donnant ainsi l’impression que les intérêts des investisseurs étaient sa principale motivation.

Difficile en effet d’opiner autrement, lorsque l’on constate avec quelle passion émotive Salif Lamoussa Kaboré, le ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, s’emploie régulièrement à jouer l’avocat défenseur pour les sociétés minières. Du reste, depuis sa nomination au gouvernement, l’Homme n’a de cesse de multiplier les sorties. Proche de François Compaoré, le Conseiller et frère du président Blaise Compaoré, sa présence à la tête des mines a été perçue comme le signe de l’attention que le pouvoir entend désormais accorder à la question. Et manifestement, Salif Kaboré a, de toute évidence, bien enfilé son « costard ». Une visite au pas de course ici, un coup de gueule par là, ou encore un plaidoyer, bref, l’ex-patron de la Sonabel s’emploie à rassurer son petit monde. A tel point qu’on a parfois l’impression d’avoir affaire au ministre des Finances et de l’Economie ou à un autre de ses collègues. Au lendemain des malheureux événements de Pelgtanga, c’est lui qui avait, d’un ton ferme, annoncé que les responsables du drame seraient poursuivis et sanctionnés conformément à la loi.

Peu de temps après, dix-huit personnes étaient présentées à l’opinion nationale et internationale comme étant à l’origine de la destruction des installations de la mine de Pelgtanga et dont le préjudice est évalué à plus de 3 milliards de francs CFA.
Preuve que le dossier est traité avec toute l’attention requise, c’est Paul Sondo, le Directeur général de la Police nationale en personne, qui prendra le micro pour donner les explications sur les faits et sur les personnes appréhendées.

C’est un fait, admet Zéphirin Diabré, l’industrie minière au Burkina ne crée pas suffisamment d’emplois. Tout au plus se contente-t-elle de quelques concessions ; mais, dans le même temps, elle continue d’emmagasiner des profits record. Une attitude qui se joue très souvent de l’expertise locale ou de ses manquements. Comme il fallait s’y attendre, la grogne et le ressentiment se sont installés dans le milieu. C’est le cas avec les exploitants traditionnels communément appelés orpailleurs, et qui s’inscrivent dans un registre officieux de travail. Celui d’un artisanat dont le rudimentaire le dispute très souvent au goût immodéré pour le risque.

En dépit des campagnes de sensibilisation, ce sont des milliers de « chercheurs » qui descendent toujours plus bas dans les galeries souterraines malgré le mauvais temps et les risques d’éboulement, pour tenter d’y trouver une réponse adéquate à leurs préoccupations. Très peu intimidés par la présence policière sur les lieux, encore moins par les récurrents faits divers tragiques qui leur sont révélés, les orpailleurs sont toujours prêts à en découdre avec la nature. Pour ce faire, rien n’est de trop pour certains d’entre eux pour assouvir leur passion de l’argent. La récente condamnation d’un revendeur de clitoris sur les sites d’orpaillages en est la parfaite illustration.
Pour tenter de limiter les dégâts et minimiser les risques “d’incendie”, des cadres de concertation ont rapidement émergé, avec pour objectif de tenter de déminer les relations entre toutes les parties concernées. Il reste à souhaiter alors que tout le monde joue effectivement le jeu de la transparence pour que la confiance s’installe enfin autour de l’épineuse question de la redistribution des dividendes.

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 7 octobre 2011 à 21:05 En réponse à : Boom minier au Faso : Comment déminer le partage du butin ?

    c’est bizarre qu’il n y ait pas eu de commentaires pour cet article. Et on veut nous faire croire qu’il ya la liberté d’expression. Quel Gouvernement !!!!!!!

    • Le 8 octobre 2011 à 13:20 En réponse à : Boom minier au Faso : Comment déminer le partage du butin ?

      Demande à fasonet.Moi j’ai posté plus de 6 commentaires sur différents sujets mais comme des censeurs,ils les ont tous censurés.Où est la liberté d’expression ?Que fasonet fasse un tour sur les sites de nos pays voisins à savoir la CI,le Sénégal,le Mali et il verra que nous sommes très tendres avec ce pouvoir mafieux.Là bas les gens sont plus virulents mais leurs commentaires passent car c’est aussi une façon d’être bénéfique au pouvoir en place que d’entendre chaque jour des béni oui oui,des griots qui sont là que pours intérets.Nous voulons le bien de notre pays et le non le bien être d’un clan.Que fasonet prenne conscience qu’il ne rend même pas service au pouvoir qu’il croit aimé.A bon entendeur,salut

    • Le 12 octobre 2011 à 19:09, par c’est Dieu qui est fort ! En réponse à : Boom minier au Faso : Comment déminer le partage du butin ?

      je trouve qu’il y a eu de la précipitation dans l’extaction de l’or. on est pas du tout pret. on ne dispose ni de ressources materielles ni humaines pour le faire.le pire dans cette histoire, on est entrain de nous piller au vu et au su de tous. notre silence nous comdamne, nos enfants et petits enfants nous demanderons des comptes.

  • Le 7 octobre 2011 à 22:51 En réponse à : Boom minier au Faso : Comment déminer le partage du butin ?

    il faut que la convention collective pour le secteur miniers soit rapidement en vigueure pour limiter les dégats

  • Le 8 octobre 2011 à 09:12, par WISDOM En réponse à : Boom minier au Faso : Comment déminer le partage du butin ?

    Les commentaires ne peuvent pas manquer, frangin. Quand ce meme gouvernement veut que les societes minieres oeuvrent pour une diminution de salaire des employes par exemple, je ne sais pas a quoi il pense. D`ailleurs on ne percoit que de "perdiemes" en tant que fonctionnaire de l`Etat ici au pays, en plus malgre ce que gagne les ouvriers dans les mines cela ne peut en aucun cas combler les differents risques qu`ils courent. Aussi 10%, c`est ce qui est officiel, qui sait combien on leurs glisse en dessous de table ? Il faut donc trouver des discours pour endormir le peuple. Entre nous 10% compare aux degats sur le terrain qui ne serront pas reparables, c`est quoi ?

  • Le 8 octobre 2011 à 10:00, par LAPIDUS En réponse à : Boom minier au Faso : Comment déminer le partage du butin ?

    tu sais mon frere plusieurs fois des commentaires ont ete bloques , pour empecher les gens de dire la veritee.JE CROIS QUE FASONET DOIT FERMER C EST MIEUX

    a propos de la sonabel , au lieu de louer des groupes pourquoi ne pas acheter si on a des milliards qui rentrent

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