Chose qui serait, à leurs yeux, une ingérence dans les affaires de l’Etat dirigé par celui qu’il convient de nommer maintenant leur "protégé". Bachar Al-Assad doit actuellement s’en frotter les mains, rire d’aise et … continuer à charcuter, comme le professionnel boucher qu’il est, tous ceux qui s’érigent contre sa manière de gouverner. La Chine et la Russie viennent donc de poignarder dans le dos les combattants syriens de la liberté. Un coup de poignard d’autant plus mortel que les deux puissances refusent qu’on applique un remède contre une maladie, sans pourtant proposer une alternative. Cependant, cette attitude n’est, somme toute, pas étonnante. D’abord, il n’est pas besoin de faire un dessin pour montrer que les régimes russe et chinois ne sont pas des modèles de démocratie et de valorisation de la liberté et des droits de l’Homme.

Dans ce cas, qu’est-ce qui prouve que les mêmes appels à la liberté et à l’avènement démocratique qui secouent la Syrie et les pays arabes ne vont pas fuser en Russie et en Chine un de ces jours ? Bien inspirée, la poule qui vole au secours de sa sœur dévorée par un loup, si elles sont dans la même basse-cour. Ensuite, les relations entre la Syrie et la Russie ont survécu à la fin de la guerre froide, de même que les intérêts géostratégiques, économiques et tout ce qui lie ces pays. Enfin, les Chinois et les Russes auront beau jeu de riposter qu’ils ont de qui tenir leur attitude. Les Américains ont tracé une tradition que Chinois et Russes ne font que suivre : la réclamation de l’indépendance de l’Etat de Palestine n’est-elle pas tout aussi légitime que celle des Syriens qui aspirent à plus de liberté ?

L’exercice du droit de veto dans les deux cas ne fait que confirmer que les principes fondateurs de l’ONU ne sont que des objets d’art : beaux, mais souvent inutiles. Dans le cas syrien, le tableau présente un navire volant au secours de naufragés dans une mer tourmentée et infestée de squales. Mais, faute d’entente et par excès de querelles dues aux motivations égoïstes entre ceux qui tiennent la barre, il assiste en spectateur, bouées de sauvetage en mains, à la détresse des sinistrés livrés à la voracité des requins. Tel est le triste sort du peuple syrien, aux mains d’un boucher qui peut continuer sa sinistre besogne, parce que sauvé par un veto inique. Ainsi va le monde.

Abdou ZOURE

Le Pays