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DESTRUCTION D’UNE BASE MILITAIRE AU MALI : Un camouflet pour ATT

Publié le mercredi 5 octobre 2011 à 02h52min

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Ce qui vient de se passer au Nord du Mali est inquiétant : l’assaut de forces non encore identifiées en plein Sahel contre une base militaire en construction. Cette infrastructure ne plaît visiblement pas à certaines personnes et elles viennent de montrer de la façon la plus violente possible qu’elles ne sont pas prêtes à se laisser limiter leur liberté de mouvement dans le Sahel. Cette action de destruction, à contrario, est la preuve que la présence des forces armées régulières est plus que nécessaire. Un avertissement sans frais donc aux autorités maliennes qui, dans leur volonté de prendre pied dans le no man’s land du Nord du pays, ont décidé d’y construire des infrastructures sécuritaires.

La tâche, on le constate, ne sera pas de tout repos. La preuve : la riposte violente des bandes armées. Pourtant, cette mesure de sécurisation du Nord du Mali est un acte de souveraineté nécessaire. Et Amadou Toumani Touré (ATT), en bon militaire, devait relever ce défi. Malheureusement, l’armée malienne n’a pas pris toutes les dispositions pour sécuriser les travaux. On a du mal à croire que les généraux maliens n’aient pas pensé à une telle éventualité. Qu’ils soient d’AQMI ou de vulgaires bandits, les auteurs de cette attaque ont marqué les esprits.

Ils viennent de faire un pied de nez au gouvernement. La violence de cette attaque montre que l’autorité de l’Etat est à conquérir dans cette bande sahélo-saharienne surtout, depuis le déclenchement de la guerre en Libye. ATT, qui est en fin de mandat, aura comme passif dans son bilan cette impuissance de l’Etat à juguler l’insécurité dans cette partie de son pays. C’est un camouflet qu’il essuie ainsi alors qu’il y a seulement quelques semaines, dans sa politique de restaurer l’autorité de l’Etat, il y avait installé à grande pompe de nouveaux chefs militaires. Ce vaste programme de reconquête contient bien évidemment des volets socio-économiques capables de redonner vie à ces contrées situées à des milliers de kilomètres du centre de décision qu’est Bamako. Peut-être que ATT aurait–il mieux fait de commencer ces grands travaux par les infrastructures sociales ?

On peut le croire. Mais ce serait alors se laisser dicter son agenda par des groupuscules armés, et cela n’est pas tolérable. Bamako doit prendre la réelle mesure de cette défiance qui n’a que trop duré. Car cela joue immanquablement sur l’image du pays. Politiquement, ATT a su renforcer le processus démocratique au Mali. Son talon d’Achille demeure la sécurisation totale de son pays. Et pour un militaire, un général de surcroît, c’est un haut fait qui manquera à son tableau de chasse. Une patate chaude qu’il refilera à son successeur.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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