Le président de l’Union nationale des jeunes du CDP, Salifou Savadogo, aura été l’homme de cette rentrée politique. En effet, dans son adresse aux jeunes, il a terminé en s’attaquant à certains cadres du CDP qui auraient instrumentalisé les jeunes contre lui tout en faisant tout pour l’empêcher de prendre la parole au cours de la cérémonie d’ouverture. Toute chose que le président du CDP, Roch Marc Christian Kaboré, n’a guère évoqué dans son intervention. Alors a-t-on voulu museler Salif Savadogo ? Le Président Kaboré réfute une telle situation avec la dernière énergie. Pour Roch Marc, il n’a été à aucun moment question d’empêcher Salifou Savadogo de s’exprimer.

La sortie quelque peu tonitruante du responsable chargé de la jeunesse du parti au pouvoir, le CDP, qualifiée de simple « couac » par le président dudit parti, cache mal cependant les dissidences constatées depuis quelque temps au sein du parti majoritaire. Les propos de Salifou Savadogo, dans un tout autre contexte, auraient effectivement pu être assimilés à un couac, mais dans le contexte actuel où le CDP fait feu de tout bois pour prouver aux yeux de l’opinion nationale et internationale que son unité est restée sauve après la grave crise subie par le Burkina Faso il y a fort à parier qu’il y a anguille sous roche.

De toute manière, si pourriture il y a, ça finira bien par sentir comme on le dit. Il n’ y a pas de doute que Salifou Savadogo a été le cheveu inattendu dans cette soupe politique si savamment préparée par la direction politique nationale du CDP, pour être servie à une jeunesse nouvelle, ingénue, créative et porteuse d’espoir pour l’édification d’un Burkina émergent.

Au regard de toutes les torpilles reçues à tort ou à raison par le CDP pendant et après la crise du premier semestre de 2011, on comprend bien la réplique énergique de Kaboré à Savadogo. En effet, le CDP n’avait vraiment pas besoin d’un tel coup de théâtre et surtout à un tel acte de sa vie politique.

Les vraies questions restent malheureusement pour l’instant sans réponses dans la mesure où Salifou Savadogo est resté malgré tout convaincu être la cible de certains cadres du CDP qu’il s’est d’ailleurs refusés à nommer, et aussi dans la mesure où on ignore si ses déclarations relevaient de son propre chef ou si elles avaient été inspirées ou soutenues par certains autres cadres – aussi tapis dans l’ombre de l’anonymat.

Ou bien Salifou Savadogo, débarqué du gouvernement à la faveur de la crise, se verrait-il en « cabris mort » qui n’a plus rien à perdre ? Si tel est le cas, celui-ci a choisi de jouer le tout pour le tout dans un parti où souvent certaines « vérités » ne doivent pas être dites sous peine de sanctions comme celles dont a écopées dernièrement Salif Diallo, l’ex-numéro 2 du parti au pouvoir, avant de rejoindre l’Autriche comme ambassadeur.

Si pour Salifou Savadogo, « le débat est désormais clos sur la question », et si pour le président du CDP, des mises au point ont été faites sur ce couac ou cette confusion née de Salifou Savadogo, il est tout de même hautement probable que dans un avenir proche, ce dernier ait à répondre de ses actes au « tribunal » du CDP. Et là, on en saura davantage sur ce « couac » et sa portée réelle.

Christophe TAPSOBA

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