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ABOUBAKAR CHIQUETTE DIALLO, PRESIDENT DES VERTS DU FASO : "Il y a trois catégories d’opposants au Burkina"

Publié le lundi 26 septembre 2011 à 01h08min

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Venu à Bobo-Dioulasso pour passer ses vacances, Aboubakar Chiquette Diallo, president des Verts du Faso, a effectué une série de tournées dans le cadre des activités du parti. Nous l’avons rencontré et il nous a accordé une interview dans laquelle il se prononce sur la situation économique de Bobo et la situation nationale.

"Le Pays" : Dans quel cadre avez-vous séjourné dans la région de l’Ouest ?

Aboubacar Chiquette Diallo. J’ai bénéficié de vacances en août et je suis venu à Bobo-Dioulasso pour passer une vingtaine de jours. J’ai mis à profit mon séjour pour prendre des contacts avec certaines de nos bases dans la ville et dans la région notamment à Banfora, à Orodara et à Bama. A Bobo, j’ai travaillé avec nos représentants locaux et la section provinciale d’une part, pour la préparation des élections législatives et municipales couplées de l’an prochain et d’autre part, avec notre association écologiste EDEN sur le terrain. Pendant ma tournée à Bobo et dans la région, j’ai fait l’amer constat d’une ville en ruine.

Pourquoi je dis que Bobo est en ruine ? Quand vous revenez à Bobo après une longue absence, vous trouvez la même ville et, pire, les choses se sont aggravées avec la dégradation totale des rues au centre-ville et des vieux bâtiments non rénovés malgré la fête du cinquantenaire. La mairie centrale avec ses vitres cassées est le reflet de l’état délabré de la ville. Il n’y a aucun investissement nouveau, mis à part les infrastructures réalisées dans le cadre du cinquantenaire, notamment les villas de Bobo 2010 qui sont, d’ailleurs, très mal faites. Dans les quartiers traditionnels comme Koko, Tounouma et j’en passe, on ne trouve aucune infrastructure sociale nouvelle (école, maternité, dispensaire, etc.).

Et celles qui existent datent de la période des indépendances. Je me rappelle que lors des dernières élections municipales, mon parti avait proposé la réfection des grands caniveaux (celui du marigot Houet et celui du pont Bessin) pour l’écoulement des eaux pluviales. Mieux, les candidats CDP aux élections municipales avaient pour thème de campagne l’assainissement de la ville. Six ans après, c’est plus grave. Les maisons des riverains sont dans les caniveaux. Si la mairie actuelle n’en fait pas son cheval de bataille, ce sera une catastrophe humaine et écologique un jour. Car l’image de la ville est dégradante. Les autorités municipales doivent travailler pour le développement de la ville ; elles doivent s’inspirer de l’action de la mairie de Dori qui a transformé le rêve en réalité pour les populations. Le seul bien qui reste à la région de l’Ouest, c’est son climat agréable.

Mais ce dernier va disparaître à cause de la coupe abusive des arbres. On ne reboise pas. L’autre constat dans la région des Cascades est qu’une région riche, avec des terres fertiles, qui peut être un pôle de développement, soit aussi délaissée pendant des années. Le désenclavement pose problème. Je suis étonné de voir que la bretelle entre Toussiana et Orodara (qui produit autant de fruits et de légumes) ne soit pas bitumée ainsi que la route Banfora-Gaoua. C’est un scandale. Ces régions peuvent nourrir tout le pays.

Votre parti, depuis quelques temps, n’est plus visible. Avez–vous toujours des bases dans la région ?

C’est vrai que mon parti n’est pas visible dans les médias. Ce qui donne l’impression que nous avons disparu. Pourtant, nous sommes là et il faut compter avec les Verts du Faso. Nous sommes sur le terrain et nous avons grandi après notre création en 2005. Nous avons restructuré le parti avec de nouvelles ambitions et nous sommes prêts pour les prochaines élections. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai fait cette tournée à l’Ouest avec quelques camarades du parti dans la région. Nous avons remobilisé toutes nos bases et nos associations écologiques de développement pour les échéances électorales à venir.

Quelle est votre analyse de la situation nationale ?

La crise que nous avons connue dans le pays est éminemment politique. C’est une crise structurelle. Car une chose est évidente : la démocratie a ses exigences. Quand j’entends certaines élites de notre pays, des responsables qui nous gouvernent, dire qu’il faut adapter celle-ci (NDLR : la démocratie) à nos coutumes et à nos valeurs traditionnelles, je suis scandalisé. C’est une aberration. La clé de voûte de la crise que nous avons traversée est l’article 37. Les conclusions des travaux du CCRP ont été très claires : on ne touche pas à cet article. Le président Blaise Compaoré a dit qu’il respectera la Constitution. Je crois à sa parole parce que c’est un officier de valeur et il a prêté serment sur cette même Constitution.

Il va nous surprendre et il va prendre la décision de quitter avant la fin de son mandat en 2015 afin d’ouvrir la voie de l’alternance. C’est cela aussi la marque des grands hommes d’Etat. Je profite de l’occasion pour donner mon avis sur certains présidents de la sous-région. Nous, les Verts du Faso, saluons la venue au pouvoir de Alassane Dramane Ouattara au pouvoir en Côte d’Ivoire, après tout ce qui s’est passé depuis l’année 2000. Vous imaginez que Laurent Gbagbo est allé jusqu’à profaner la tombe de sa mère et a fait plusieurs tentatives d’assassinat sur sa personne. Malgré tous ces faits, il a accepté de pardonner et de travailler à la réconciliation des Ivoiriens. Qu’on laisse Alassane Ouattara travailler en paix.

Il n’a que 100 jours de pouvoir et on veut qu’il répare toutes les bêtises des 10 ans de Gbagbo. Je suis pour la justice des vainqueurs et le procès de Nuremberg en est un exemple. Par contre en Guinée, c’est le contraire. Là-bas, c’est une dictature qui se met en place et elle sera plus féroce que du temps de Sékou Touré. On ne dirige pas un pays en excluant 30% de sa population et avec l’esprit du complot permanent.

Vous êtes un parti de l’opposition. Que doit faire l’opposition pour réaliser l’alternance ?

L’opposition doit d’abord nettoyer ses écuries parce qu’il y a trois catégories d’opposants au Burkina. Il y a des opposants qui sont avec l’opposition de jour et la nuit, ils sont avec le pouvoir. Il y a des opposants qui ne vivent qu’en période de crise. C’est en ce moment qu’ on les voit apparaître pour monnayer leur talent politique ; ce qui fait l’affaire du pouvoir. Enfin, il y a les vrais opposants qui croient à l’alternance. L’alternance doit commencer par les législatives et les municipales couplées de 2012. Il faut l’union de l’opposition. Les querelles constatées par-ci et par-là doivent cesser. Il faudra aussi porter un leader ou le parti de l’opposition le plus représentatif de la scène politique et œuvrer à avoir une liste commune pour les élections ainsi que des délégués dans tous les bureaux de vote.

Si on n’est pas capable de s’unir pour ces élections et avoir une plate-forme commune, l’alternance sera difficile. Il faut un dépassement de soi et il y va de la crédibilité de l’opposition. Aucun parti de l’opposition à lui seul ne pourra gagner les mairies et le parlement.

Propos recueillis par Josias Zounzaola DABIRE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 septembre 2011 à 08:25, par karim En réponse à : ABOUBAKAR CHIQUETTE DIALLO, PRESIDENT DES VERTS DU FASO : "Il y a trois catégories d’opposants au Burkina"

    Kôrô Chiquette, merci pour ces mots sur Bobo. Mais, un pays comme une ville ont bésoin de tous ses fils et filles. Vous êtes de Yôrô-Kôkô, et qu’avez-vous fais ou entrépris pour Sya depuis ses années á Ouaga. Pour aider une ville á se dévélopper il faut du lobby, des projets et des alliances. Ce qui est différents de regionalisme, car quand on est né dans une ville, ou on est installé dans une ville on est de la-bas, au-déla du nom de famille, de l’ethnie, de la nationalité. Bobo se meurt car ses enfants l’onf fui et abandonné. Les vitres de toute mairie (un maire qui n’a pas la moitié de son budget annuel) sont cassés, ca traduit l’impuissance des autorités locales á réaliser les projets pour cette ville. Au-déla de l’incompétence et de l’impuissance, il y a une volonté au niveau naional á ne pas saisir les atouts et avantages qu’offrent cette ville sur le plan économique, culturelle, sportif, créatif, de multicultiralité et j’en oublie...
    par un de vos dôgôs qui vous faisait le théau 1200 logements quand il était étudiant á Ouaga

  • Le 26 septembre 2011 à 10:35 En réponse à : ABOUBAKAR CHIQUETTE DIALLO, PRESIDENT DES VERTS DU FASO : "Il y a trois catégories d’opposants au Burkina"

    Les" verts" constituent un rigolo de parti.C’est juste pour contester.Je crois bien que les vrais verts sont les associations et ONG écologiques.

  • Le 26 septembre 2011 à 18:25, par Inoussa Verité En réponse à : ABOUBAKAR CHIQUETTE DIALLO, PRESIDENT DES VERTS DU FASO : "Il y a trois catégories d’opposants au Burkina"

    Je crois qu’il est injuste d’etre si rude avec monsieur Diallo qui n’a fait que dire la verité.Je ne suis pas de Bobo ni de l’Ouest( je suis de l’Est et ca n’a pas d’importance), mais je me rappelle que quand on etait au primaire, en geographie Bobo etait le poumon economique du Burkina avec toutes les unités industrielles et tous les regimes apparemment travaillaient dans le sens de promouvoir le developpement de cette region qui regorge de potentialités agropastorales au bonheur de tout le Faso. Cependant nous constatons avec amertume que depuis l’avenemment du regime Compaore, Bobo a été delaissé au profit du plateau central( Ziniare, Yako) et le centre Nord ( ouahigouya). Le Barrage de Kompienga et de Bagre ont servis à alimenter Ziniaré en electricité pendant que d’importantes villes locales ont été gardées pendant longtemps dans l’obscurité ( Diapaga, Garango). Meme la boucle du Mouhoun qui est la zonne cotonniere par excellence n’etait pas reliée à Ouaga par le goudron jusqu’à ce que les populations manifestent leur ras le bol pour le gouvernement de Tertus Zongo s’y attellent. Les infrastructuees dans tous les pays du monde sont creees et entretenues par les autorités etatiques ; donc ce n’est pas la faute des verts du Burkina si Bobo se meurt, mais c’est la faute du systeme Compaoré.

  • Le 26 septembre 2011 à 21:04 En réponse à : ABOUBAKAR CHIQUETTE DIALLO, PRESIDENT DES VERTS DU FASO : "Il y a trois catégories d’opposants au Burkina"

    Les verts de mon ...
    Qu’avez-vous fait pour reverdire le Faso dépuis plus décennie que vous exister ?
    ABSOLUMENT RIEN

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