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Commentaire : La Libye vers la déliquescence

Publié le jeudi 22 septembre 2011 à 01h51min

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Le temps crépusculaire qui enveloppe de sa brune, le règne de Kadhafi peut-il raisonnablement, expliquer les divergences actuelles à l’intérieur de l’appareil politique du Conseil national de transition (CNT) ? Exclusivement pas, car le CNT apparaît comme un attelage hétéroclite de personnalités et de courants idéologiques aux intérêts et aux ambitions démesurément contradictoires. La preuve que la formation du nouveau gouvernement de transition qui doit expédier les affaires courantes de l’Etat jusqu’au retour à une vie constitutionnelle normale pose problème. Voilà bientôt deux mois que le gouvernement précédent a volé en éclats, suite à la mort mystérieuse du général Abdel Fatah Younès, le 29 juillet 2011.

Et depuis lors, c’est le statu quo, en dépit des tractations, conduites par le Premier ministre, Mahmoud Jibril, pour reconstituer son équipe. Le report sine die de la présentation des membres de son cabinet ministériel, après le rendez-vous manqué du 18 août 2011, laisse transparaître qu’il y a assez d’inconnues qui actionnent les relations. C’est tout naturellement qu’il n’ait pas pu s’accorder avec les autres dirigeants du CNT sur le minimum : le nombre des postes et des portefeuilles ministériels. Et le représentant de la ville de Zouara qui tente de justifier l’insoutenable, de dire qu’il n’y a pas grand-chose, sauf qu’il a été demandé au Premier ministre de procéder à des retouches, au niveau de trois ou quatre ministères.

C’est à croire que les étincelantes victoires de l’Armée de libération nationale (ALN) sur les forces fidèles à Kadhafi n’ont pas pu gommer les différences et les clivages entre toutes les factions composant l’appareil politique des nouvelles autorités libyennes. De quoi enfoncer encore dans la crise, un pays accablé par les horreurs et les atrocités de la guerre. Car monarchistes, anciens Kadhafistes, islamistes djihadistes, représentants des tribus et technocrates, sont aux aguets. Ils sont suspendus aux lèvres de Mahmoud Jibril et attendent de voir la configuration de son gouvernement pour donner suite à leur engagement dans la lutte pour la libération totale de la Libye. Il doit manier habilement le bâton et la carotte pour dessiner le succès de la branche armée de son mouvement.

Si toutefois des leaders venaient à être écartés, cela saperait indubitablement, le moral d’une partie des troupes, qui risquent de se distinguer par l’apathie et l’indolence. De ce point de vue, à quelques exceptions près, l’on peut penser que la communauté internationale est servie. Les nouveaux maîtres de ce pays, où le pétrole coule à flot, viennent de donner un aperçu de la partie qu’ils vont jouer. De facto, des retournements d’alliance et des peaux de banane sont à craindre dans cette Libye, où l’appareil du CNT, forte d’une quarantaine de factions, est travaillé par des aspirations contradictoires. L’exploitation politicienne des différences et des fissures ethniques peut faire basculer le pays dans la déliquescence, dans l’éclatement et dans l’embrasement total. Et dire que le dernier carré de Mouammar Kadhafi tient, bec et ongles à ses positions de Syrte et Bani Walid, toutes les conditions semblent donc réunies.

Le danger guette la Libye, il est imminent et d’une ampleur telle qu’on ne l’imagine. Déjà que des factions de l’ALN, armes en main se sont affrontées, faisant une dizaine de morts, il va falloir que les autres responsables politiques et militaires du Conseil national de transition jouent leur partition. Le président du CNT et le Premier ministre, à eux seuls, ne peuvent pas tout faire. Encore qu’ils ne dorment que d’un seul œil, depuis qu’ils ont à charge de conduire les destinées de la nouvelle Libye, il n’est pas superfétatoire que toutes les factions de l’ex-rébellion, la main dans la main, le regard résolument tourné vers l’avenir, les accompagnent dans cette noble et exaltante mission.

Ainsi se doivent-ils de se placer au-dessus de leurs intérêts personnels immédiats pour ne considérer que les intérêts de la nation qui attend d’être reconstruite par les efforts conjugués de chacun de ses enfants. Alors, tous ensemble, qu’ils jettent les quiproquos qui les divisent dans les poubelles de l’histoire pour éviter que ce pays déjà à vau-l’eau, n’aille au diable.

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)

Sidwaya

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