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RECONNAISSANCE DE L’ETAT PALESTINIEN : L’Occident face à ses contradictions

Publié le mercredi 21 septembre 2011 à 02h31min

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La 66e Assemblée générale des Nations unies pourrait bien consacrer une division du monde. En effet, au nombre des dossiers à éplucher, pourrait figurer la reconnaissance de l’Etat palestinien. Il traduit à lui seul les injustices qui minent les relations internationales et c’est un euphémisme de dire que ce n’est pas demain la veille que cette reconnaissance se fera. L’érection éventuelle d’un tel Etat constitue un véritable casse-tête pour la communauté internationale. D’autant que les Palestiniens eux-mêmes demeurent partagés sur le projet de reconnaissance de leur futur Etat. Jusque-là, et en dépit des pressions de toutes sortes, Mahmoud Abbas, le chef de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), maintient son projet.

Le président de l’Autorité palestinienne a même confirmé au Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qu’il ferait sa demande, ce vendredi 23 septembre à New-York. Le successeur de Yasser Arafat ne bénéficie pas de l’appui des dirigeants du Hamas, lesquels demeurent pessimistes, en raison des expériences du passé et du contexte actuel. En outre, son projet est combattu vigoureusement par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyaou qui, lui, est assuré du soutien américain. L’Assemblée générale qui pourrait se tenir sur fond de tensions, risque aussi d’accoucher d’une souris.

Mahmoud Abbas pourrait donc prêcher dans le désert, pour qui connaît l’acharnement des Occidentaux à défendre Israël. Pourquoi se bercer d’illusions et croire un seul instant que les USA ne vont pas opposer leur veto au projet du dirigeant palestinien ? Pourquoi Barack Obama qui veut se faire réélire devra-t-il aller à l’encontre des intérêts américains ? Mais pourquoi Abbas ne s’entêterait-il pas ? Pour certains observateurs, "trop c’est trop" ! Israël a suffisamment donné la preuve qu’il n’est nullement intéressé à vivre à côté d’un Etat palestinien vrai. Au grand dam de la communauté internationale, Tel Aviv a toujours poursuivi l’installation de colons israéliens sur les territoires arabes occupés.

Contre toute logique de paix, il a de tout temps violé sans conséquences les résolutions des Nations unies. Et pourtant, combien sont-ils, ces pays qui souffrent le martyre ou que les Occidentaux bombardent sans répit en s’arc-boutant à l’une ou l’autre des résolutions des Nations unies ? Dans le concert des protestations, l’Afrique, encore une fois, a du mal à se faire entendre. L’Union africaine (UA) semble incapable d’adopter une position consensuelle ferme en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien. Mais, les Africains peuvent-ils vraiment faire bloc derrière les militants de la cause palestinienne ? Rien n’est moins sûr ! Dans le cas du Burkina Faso par exemple, il faut remonter à la période révolutionnaire, soit au début des années quatre-vingt, pour voir la cause palestinienne bénéficier d’une véritable promotion.

Aujourd’hui, la diplomatie burkinabè ne semble pas lui accorder autant d’intérêt. Pourtant, même en Amérique latine, la cause palestinienne progresse, notamment au niveau du Brésil qui a ouvert ses portes au représentant du peuple palestinien. Le monde est fait de duels et les puissances font la pluie et le beau temps selon leurs intérêts. Elles ne se préoccupent guère de faire respecter les résolutions par Israël qui éprouve un malin plaisir à les bafouer régulièrement. Chasse gardée des puissances occidentales, Israël confirme de jour en jour qu’il est, en dépit de tout, un mauvais élève en matière de paix. C’est pourtant ces valeurs de paix, de démocratie et de liberté que les Occidentaux avancent dans leur prétention à redessiner la carte du monde.

Si le dirigeant palestinien persiste dans son projet, l’Assemblée générale des Nations unies risque fort de se terminer en queue de poisson. Une grande majorité de pays pourront en effet reconnaître le nouvel Etat palestinien. Un acte au demeurant fort légitime, et susceptible de lui ouvrir bien des portes. Le moment est d’autant plus opportun qu’on parle plus que jamais de liberté des peuples et de démocratie. Il y a des chances que ce projet soit adoubé par de nombreux Etats, ce que les Palestiniens semblent avoir bien compris aujourd’hui. Un véritable coup diplomatique pour l’OLP qui tente une énième fois d’émerger en tant que peuple souverain. Un abcès à crever car, jusque- là, les Israéliens versent dans le dilatoire.

Tout en faisant semblant de vouloir négocier, ils n’en poursuivent pas moins la recolonisation des territoires arabes occupés. La Palestine ne manque pas de sympathisants, mais surtout d’appuis au sein des puissances occidentales, lesquelles clament ouvertement leur soutien à Israël tout en voulant jouer les arbitres. Sans doute l’opposition des Occidentaux n’aura de fin que si la carte des influences se modifie au plan international. Peut-être faudra-t-il compter avec l’émergence de pays comme la Chine. Le problème de la reconnaissance d’un Etat palestinien pose en même temps celui de la nécessaire réforme de l’Organisation des Nations unies. Jusqu’à quand, et au nom de quoi, une majorité de pays membres vont-ils continuellement accepter de subir la loi de quelques pays, fussent-ils les plus puissants dans ce monde ? Pourquoi les suivre dans leurs dérives lorsqu’ils usent de vetos contre la loi de la majorité, alors que par ailleurs ils disent lutter pour l’aspiration des peuples à la liberté et à la démocratie ?

Où se situent donc aujourd’hui la France et la Grande Bretagne qui se sont résolument engagées dans le combat contre la dictature en Libye et en Syrie ? Oseront-elles jamais, au nom des mêmes principes dits universels, envisager des opérations punitives, même pas identiques, contre les autorités israéliennes dont on connaît le refus constant de se plier aux exigences de la communauté internationale ? Et qu’en est-il de l’Amérique de Barack Obama qui prône la fondation d’institutions fortes pour des démocraties à l’épreuve des dictatures ? Quelle crédibilité face aux peuples désireux de se libérer du joug des esclavagistes du troisième millénaire naissant ?

Et quel sacrilège que de chercher à s’imposer à la grande majorité des peuples, ou de persister à faire la leçon aux autres quand on ne peut soi-même se plier à ses propres exigences ! En jetant son pavé dans la mare, Mahmoud Abbas n’aura pas fait que remonter en surface le problème palestinien. Sur la table de l’ONU, il pose en même temps des dossiers aux sempiternelles questions : pour qui roule l’Organisation des Nations unies ? A quand les réformes pour plus de justice et de démocratie au sein de l’institution commune ? Pourquoi accepter continuellement de se plier aux injustices des grands de ce monde ?

"Le Pays"

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