LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

FRONTIERE IVOIRO-LIBERIENNE : Vite, une force de sécurisation !

Publié le lundi 19 septembre 2011 à 02h34min

PARTAGER :                          

Les nouvelles autorités ivoiriennes sont sur le point de réussir le pari de la sécurisation interne de leur territoire. Mais une attaque venant du Liberia voisin vient leur rappeler que le danger peut venir d’ailleurs. L’acte meurtrier qui a coûté la vie à 23 personnes dont 14 civils, aurait été perpétré par un commando identifié par certaines sources comme étant constitué de mercenaires libériens. En tous les cas, il n’est point besoin de connaître le vrai visage des auteurs de cette opération du 15 septembre dernier, pour admettre que cette malheureuse intervention était bien prévisible.

La frontière entre le Liberia et la Côte d’Ivoire, notamment, est réputée être une zone dangereuse. En plus des rebelles et autres professionnels de guerre libériens, les miliciens pro-Gbagbo s’y sont évanouis au plus fort du conflit postélectoral, notamment quand ils avaient commencé à subodorer l’imminence de leur défaite. Le plus urgent qui reste à faire est sans conteste de prendre des mesures visant à sécuriser la région concernée en vue de protéger les populations de la barbarie d’individus sans foi ni loi. La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Organisation des Nations unies (ONU) ont maintes fois été sollicitées par des acteurs avisés de l’avènement de la sécurité dans cette zone frontalière.

L’expédition des mercenaires intervient peu de temps après un sommet des chefs d’Etat et une rencontre des chefs d’état-major de la CEDEAO en vue d’évaluer la situation sécuritaire dans la sous-région ouest-africaine. Elle se présente donc comme un pied de nez fait à la hiérarchie militaire ouest-africaine qui doit apporter une réponse appropriée aux besoins de sécurité dans l’espace CEDEAO. Et une action en faveur de la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Liberia est d’autant plus urgente que le premier pays cité est dans une posture titubante de convalescent après une dizaine d’années de crise.

La sécurité intérieure renaissante sur les bords de la lagune Ebrié doit être accompagnée et entretenue avec délicatesse. Cela évitera que des miliciens ou des mercenaires ne viennent saper les efforts individuels et collectifs tendant à remettre le pays sur les rails du développement. Il faut donc agir et vite en dépêchant une force de sécurisation, qu’elle soit onusienne, africaine ou mixte, dans cette région qui constitue une menace non potentielle pour la paix récemment et partiellement retrouvée. Certes, un détachement mixte de gendarmes et de militaires ivoiriens y a déjà été déployé pour "faire l’état des lieux (après l’attaque) et renforcer la sécurité tout au long de la frontière ivoiro-libérienne".

Mais force est cependant de reconnaître que l’espace qui sert de base arrière aux malfrats est très vaste et quasiment étranger aux forces ivoiriennes. Pour débusquer l’ennemi qui a une parfaite maîtrise du terrain pour y avoir élu domicile, ou pour prévenir ou contre-attaquer efficacement ses actions, il est nécessaire de déployer plus de compétences, d’ingéniosité et de moyens. Des exigences auxquelles les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ne peuvent, à elles seules, satisfaire. Le nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), l’a du reste rappelé, de façon subtile ou vague, certes, quand il a rappelé aux nombreuses têtes couronnées venues assister à son investiture, que son pays a sérieusement besoin de leur soutien pour se reconstruire.

Le Liberia dont la présidente était présente à cette cérémonie historique doit aussi y contribuer à sa manière, en envoyant peut-être des troupes pour renforcer les patrouilles ivoiriennes. Car, à peu de chose près, cette défiance de mercenaires à ses frontières met à nu, d’une manière ou d’une autre, l’échec de sa politique de réconciliation et de sécurité. Les défis sont à la fois immenses et multiples rien que sur le plan interne, et le nouveau gouvernement ivoirien ne saurait les relever tous tout seul. Ceux qui ont permis aux vainqueurs de la dernière présidentielle ivoirienne d’exercer enfin le pouvoir républicain doivent les accompagner en s’occupant par exemple de leurs ennemis externes, pour permettre à l’exécutif d’avoir les bras moins chargés pour évacuer les instances internes non moins pressantes.

Sont de celles-ci le dossier du prisonnier encombrant Laurent Gbagbo qui, depuis son cachot, s’échine à se faire entendre pour ne pas être oublié. Sa dernière trouvaille, une plainte devant les tribunaux français contre l’armée française pour tentative d’assassinat. Cette même armée dont l’opération Licorne en 2002 avait empêché la bande à Guillaume Soro, actuel Premier ministre et ancien chef des Forces nouvelles, de faire parler du régime Gbagbo, ou peut-être même de la personne physique de ce dernier, au passé. Ingratitude, amnésie ou diversion ? Tout y est apparemment. Le président ivoirien déchu se situe apparemment dans son habituelle logique de faire feu de tout bois pour espérer recouvrer sa liberté.

C’est ainsi qu’il essaie de faire sien l’adage qui conseille que quand on rince le dos de quelqu’un, celui-ci songe à se laver le visage lui-même. Pendant que ses avocats et les membres de son parti font des pieds et des mains pour obtenir une autorisation de lui rendre visite afin de mieux planifier leur action judiciaire, lui aussi ne reste pas les bras croisés dans sa réclusion. Et bien d’autres présumés coupables d’actes criminels politiques, de sang ou économiques attendent, avec juste raison et bon droit, d’être jugés. Sans oublier les efforts à faire pour assurer aux populations ivoiriennes une vie saine et décente. Il est évident que les premiers responsables du pays ne peuvent réussir leur mission de pacification et de sécurisation internes du territoire ivoirien sans des frontières sûres.

"Le Pays"

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique