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Otages français en Irak : Les espoirs deçus de Gbagbo

Publié le vendredi 8 octobre 2004 à 07h11min

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Ç’aurait pu être le plus grand coup politique du quinquennat du président ivoirien Laurent Gbagbo. Malheureusement pour lui, il a foiré. L’avion affrété par l’homme fort d’Abidjan pour amener en Irak, Didier Julia, député du parti au pouvoir en France, n’est pas revenu avec à son bord, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, les deux journalistes français retenus en otage en Irak.

Cet avion était censé aider la France dans les efforts multiples qu’elle déploie pour obtenir la libération de ses deux ressortissants. Seulement, celui-ci est revenu avec les mêmes personnes qui se trouvaient à son bord quand il décollait de l’aéroport du Bourget en France.

Dans ses calculs, Gbagbo espérait réussir son coup, celui qui le réhabiliterait auprès de l’opinion publique et de la droite française actuellement au pouvoir. La presse hexagonale aurait rapporté les faits ; elle aurait dit merci au président ivoirien pour avoir contribué de façon décisive à la libération de deux de ses éléments. En un mot, l’axe Paris-Abidjan aurait pris un heureux tournant. Actuellement mi-figue mi-raisin, les relations entre les deux capitales auraient, à coup sûr, connu une embellie. L’historien devenu président aurait apporté un précieux concours là où la diplomatie française aura échoué.

Ce nouvel épisode des aventures du président ivoirien démontre à quel point il est décidé à redorer son blason à l’extérieur, aidé en cela par un important trésor de guerre. On imagine aisément les dépenses liées à l’affrètement de l’avion : taxes d’aéroport, carburant, etc.

Et même qu’une somme de 700 millions de FCFA aurait été remise au député Julia, initiateur du voyage en Irak, dans sa mission pour négocier la libération des journalistes français. Cette accointance de Laurent Gbabgo avec un député de la droite française n’a pas manqué d’irriter François Hollande, le premier responsable du Parti socialiste français (PS) qui dit de lui qu’il est infréquentable.

Comme la plupart des chefs d’Etat africains, Gbagbo est plus préoccupé par son image à l’extérieur qu’à l’intérieur. L’opinion internationale compte plus que l’opinion nationale ou africaine. Il veut retirer Georges Malbrunot et Christian Chesnot des griffes de fondamentalistes irakiens, mais maintient l’oppression chez lui.

Pour avoir certainement lu et assimilé "Le prince" de Machiavel, il appâte beaucoup de personnalités étrangères et d’opposants par l’argent. Laurent Dona Fologo, un cacique du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), parti d’opposition, du haut de son siège du Conseil économique et social (CES) ivoirien, est devenu un de ses supporters. C’est son droit . Il justifie les volte-face répétitives de son mentor par son souci de respecter l’opinion des Ivoiriens "comme le font tous les chefs d’Etat du monde".

L’intrusion de Gbagbo et de Julia dans l’affaire des deux otages français fait probablement partie des "interférences" qui irritent les ravisseurs de ces derniers. Avec cette affaire, l’homme fort d’Abidjan poursuit sa campagne internationale pour réhabiliter son image mais qui, malheureusement pour lui, n’enregistre pas tous les succès escomptés.

A Tunis récemment, il avait plaidé pour le retour du siège de la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan. Sur cette question, ses interlocuteurs lui donnent un rendez-vous non ferme en 2006. Le président ivoirien pourrait faire l’économie des différents combats qu’il mène actuellement sur plusieurs fronts, en respectant les différents accords pour une sortie de crise en Côte d’Ivoire dont le plus récent est celui d’"Accra III".

Le Pays

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