Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Le mini sommet de l’Union africaine qui s’est tenue vendredi 26 août 2011 à Addis-Abéba n’aura pas été de tout repos. Pour ci : convoqué pour débattre d’un sujet plus que d’actualité (la Libye) il aura été l’occasion de discussions des plus âpres ; mais il aura surtout administré une preuve de plus de ce que tout le monde savait déjà : cette instance panafricaine brille par son incapacité à trouver le consensus nécessaire sur des questions d’importance et qui touchent au continent africain ; des précédents en la matière existent à foison, dont le dernier en date et, peut-être, le plus pathétique fut certainement celui concernant la question ivoirienne il y a seulement quelques mois.
Bis repetita placent (1), disaient les anciens : l’UA, vendredi, à Addis-Abeba, discutant de la chute de son Président-Directeur général Fondateur et principal bailleur de fonds, a choisi de remettre ça ; peut-être même à son corps défendant ; mais en tout état de cause, elle aura administré la preuve qu’au sujet de cette délicate question libyenne, l’instance panafricaine ne sait vraiment pas sur quel pied danser ; et alors, elle choisit de danser sur le même pied : celui de la cacophonie, des mésententes graves et des prises de positions qui tirent à hue et à dia.
A vrai dire, il ne pouvait pas en être autrement ; car, à propos de cette délicate question libyenne qui fâche, se trouvent des tendances diverses et opposées au sein de l’Union. Bien sûr et comme cela est de bon ton, à l’issue de ladite rencontre, un communiqué final aura été trouvé ; il affirme en substance le refus, très officiel, de reconnaître le CNT, appelle à la constitution d’un gouvernement de transition incluant toutes les parties en conflit et, usant d’un euphémisme perspicace, affirme que le siège de la Libye à l’UA demeure vacant ; on l’aura compris, l’instance panafricaine ne la destine pas aux rebelles du CNT.
Cela, c’est la prise de position très officielle et de principe ; mais dans les détails et individuellement, les choses changent énormément ; car au sein de cette même UA, autour de la même question, se retrouvent plusieurs tendances :
Il y a tout d’abord celle claire, nette, qui choisit d’apporter son soutien indéfectible à Kadhafi ; avec pour chef de file le Sud-Africain, Jacob Zuma ; pour ce dernier et ses amis, c’est clair comme de l’eau de roche, il n’est pas question d’apporter quelque caution que ce soit à ces insurgés, qui ne sont ni plus ni moins que des rebelles soutenus par l’Occident et qui s’acharnent à renverser par la force un pouvoir légitime ; il y a ensuite le groupe de ceux qui, diamétralement opposés aux premiers, apportent tout leur soutien aux combattants de la liberté du CNT ; et ce, parfois dès les premiers instants de l’insurrection.
Leur tête de proue n’est autre que le Sénégalais, Wade, qui a réussi la vista ou l’outrecuidance (c’est selon) de reconnaître la justesse des revendications des insurgés, au point d’effectuer une visite dans leur QG de Benghazi ; et cela, alors que le mouvement n’était encore qu’à ses premiers balbutiements de contestation.
Vient après le lot des Etats africains supporters de la vingt-cinquième heure ; ils auront officiellement opté pour le CNT au moment même où le Guide était déjà à terre, pendant que les insurgés, presque victorieux, s’étaient rendus maîtres de Tripoli et fouillaient dans les décombres de la résidence de Bal Al Aziziah. Ils ont du mérite, sans doute ; mais on se demande si ils n’auraient pas pu mieux faire.
Le dernier groupe se compose des indécis, qui ne savent pas dire pour qui leur cœur balance ; écartelés qu’ils sont entre les intérêts économiques, les attachements sentimentaux, le devoir de reconnaissance et les impératifs de la realpolitik, ils ne savent pas vraiment à quel saint se vouer. Ils sont peut-être ceux qui souffrent le plus de la situation en Libye ; les autres ayant à tout le moins le bénéfice de la franchise de leurs positions.
Au-delà de ces gesticulations politico-diplomatiques, et exception faite des membres de l’UA qui, dès le début de la crise, avaient parié sur le CNT, on se dit quelque part que les autres, tous les autres, auraient dû la boucler ; ils ont perdu, en s’exprimant sur la question, une excellente occasion de se taire ; il est des moments où il n’existe pas d’autre choix que d’accepter le fait accompli.
Qu’on le veuille ou non, à l’heure actuelle, Kadhadi, c’est fini ; l’homme appartient désormais au passé ; le Guide se trouve à la fin de son parcours ; peu importe qu’on ne lui ait pas encore mis le grappin dessus, Kadhafi n’est plus l’homme qui dirigera la Libye ; seulement après l’homme, son pays demeure, qui lui survivra.
Pour preuve, la récurrente interrogation qui s’impose depuis bientôt une dizaine de jours : mais où est donc Kadhafi ? Mystère et boule de gomme. Pour s’être évanoui dans la nature, l’homme devait savoir que son règne à la tête de son pays était arrivé à terme ; cependant même évaporé, il entretient la prouesse de toujours faire parler de lui.
On assurait qu’on le trouverait dans son bunker de Bab Al Azizyah ? La citadelle prise, on ne l’y trouvera pas. Certains ont cru l’avoir vu traverser la frontière en direction de la Tunisie, d’autres l’auraient aperçu s’acheminant vers l’Algérie ? Les démentis sont formels. Et de Kadhafi, toujours point de nouvelle, et pas davantage de localisation.
Subrepticement l’homme a-t-il réussi à se faire exfiltrer ? On finira par le savoir, tôt ou tard ; et, pourquoi pas, à lui mettre le grappin dessus ?
Mais à l’heure actuelle, en Libye, il y a plus urgent qui s’impose, et qui va du dénuement dans lequel pataugent les habitants de Tripoli, lesquels manquent de tout, à la terrible question de la violation des droits de l’homme que l’on constate en maints endroits.
Que ce soient par des partisans du Guide ou par des combattants du CNT, on le sait à présent, d’horribles crimes ont été commis. Reconstruire ce pays ne relèvera pas d’une sinécure, loin de là. L’impératif, à l’heure actuelle, est de tourner la page du Guide et, résolument, d’aider la Libye à se remettre sur pied.
Les pays africains qui prirent part au minisommet de l’UA auraient fait œuvre utile, au lieu de se comporter à l’instar d’un panier de crabes, en trouvant un consensus salutaire sur le soutien à apporter à un membre de l’Union qui, aujourd’hui, agonise. Pour ne l’avoir pas fait, ils auront péché par non-assistance à pays en danger. Malheureusement, ils n’en sont pas à leur première omission ; très dommage, car cette UA, décidément, finit par devenir coutumière du fait.
Jean Claude Kongo
(1) Les choses répétées plaisent.
L’Observateur Paalga
Vos commentaires
1. Le 29 août 2011 à 05:34, par G P, ancien fonctionnaire de l’OUA En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Teès intéressant comme analyse du Mini sommet de l’UA.Mais vous oubliez ces déclarations de l’UA sur les changements anti constitutionnels adoptées par l’OUA et l’UA.Selon vous, il faut dérouler un tapis rouge à tous ceux qui renversent les régimes en place.Alors, que s’est-il passé au Niger ? à Madagascar ? en Mauritanie ?Je trouve au contraire que l’UA est constante dans son approche, sauf en Tunisie et en Egypte.Mais là, comme il s’agissait de révolutions populaires et pacifiques, l’UA est excusée. Dans le cas de la Libye, c’est le pire scenario : une insurrection armée, montée de toutes pièces par des puissances coloniales, contre un homme qui leur a souvent rendu la vie difficile,un nationaliste panafricain, pour s’emparer des ressources de ce pays, en utilisant des anciens collaborateurs de ce même dictateur qui fut leur ami...Il n y a pas pire, et l’UA ne peut cautionner cela sans attendre ce qui se passera pour avoir des gages de meilleure gouvernance.L’auteur de cet article a vite oublié ce qui s’est passé en Irak et aussi ce qui fait que la Somalie souffre depuis une vingtaine d’années après que les mêmes maîtres ont renversé Siad Bare pour imposer la démocratie.J’approuve la position de l’UA, qui pour une fois a montré qu’elle a de la mémoire, ce qui bien sûr étonne les partisans de la realppilitik, prêts à tout oublier et à se rallier aux vainqueurs de toute cause.Rien n’est perdu, l’UA sait que Kadhafi, c’est fini.%ais il y a la manière.Bonne lecture et j’attends aussi vos réactions
Le 29 août 2011 à 15:01 En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Salut GP. Merci pour votre analyse de la situation. J’avoue que votre écrit devrait être à la place de ce journaliste qui n’a fait que de la diversion voire de la délation.
2. Le 29 août 2011 à 08:33, par Justice En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Encore la lacheté des boucs de l’afriq.Mais à quand le wake up de l’Afrique:continent aux richesses pillées..
3. Le 29 août 2011 à 09:45, par niko En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
je salut la non reconnaissance des rats et de ces partenaires par l ua, tres mauvaises analyse de votre part, faut il soutenir un comite diriger par alqaida armer et former par l occident ?que deviendront les pays cotiers nous y compris apres cet coup d etat terminer ?Tant qu il y aura des gens qui raisonnent comme ca en afrique , l afrique sera pour l eterniterb le leche cul des occidentaux et des americains, reveillez vous bon sang !!! sans l europe il est toujour cpossible de vivre et d aller de l avant et mieux qu en presence de ces gens qui n ont que leurs interets en tete.epargner nous de ces analyses non mur a partir de dorenavant.Merci de ne pas publier.on se connait
4. Le 29 août 2011 à 11:08, par le Pacifiste En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Mr Kongo, la situation actuelle de la Libye, qui l’a provoquée ? Ce n’est pas en tout cas l’UA. Quand on pactise avec l’impérialisme (l’OTAN) on ne peut que s’attendre à une telle situation. Voyez-vous, les Européens n’en ont cure. Des millions de Noirs ou d’Arabes morts, ce n’est pas leur problème, l’essentiel pour eux étant de gagner ce qu’ils veulent. Pendant la traite atlantique, entre 15 et 18 millions de Noirs et peut-être d’Arabes ont été déportés en Europe et en Amérique pour servir d’ouvriers agricoles. Parmi eux, des millions tués ou jetés à la mer par les Blancs. Les Africains ne doivent jamais jamais oublier ça.
5. Le 29 août 2011 à 12:04, par Mbao En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Qui ris rira le dernier . Chacun son Tour . Qui veux etre president ? moi je me souhaite pas cette malhance . Mbaooooo !!!
6. Le 29 août 2011 à 12:06, par Arane En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
C’est vraiment dommage, pauvre Afrique de mes ancêtres je cite Samory Touré Béhenzin, Babemba, N’Kruma,Nelson Mandela Thomas Sankara...Je pensais qu’avec le refus du CNT du cessez le feu précinisé par l’UA pour des négociations,les Chef d’Etat feraient bloc pour dire au CNT bonne arrivée et courage avec la lique Arabe les Occidentaux et l’Amérique. Mais au lieu de cela, c’est la honte de l’Afrique par la division, le ridicule des Présidents d’Afrique. Préparons-nous à mieux pleurer.
7. Le 29 août 2011 à 12:18, par Yv En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
L’UA ne pourra jamais prendre de décisions concernant l’avenir des pays africains tant qu’il y aura des présidents fantôches, issus de coup d’état et/ou d’élection truquée, qui seront au pouvoir. Il faut attendre quelques années afin que ces derniers s’en aillent.
8. Le 29 août 2011 à 13:45, par K La Vertue En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Dans un soucis d’objectivité dans le travail évitons les tremes tels ’les combattants de la liberté’
9. Le 29 août 2011 à 15:56, par too yéllé En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Un pays n’as pas d’amis il a des intérais a défendre (Général Charles de Gaule ),si notre jeunesse n’est pas instruit a plus de 80% l’Afrique va toujours patauger d’une infime minorité de personne dite intellectuel qui nous sacrifierons pour leurs propre intérais égoïste,et puis y a n’a marre de ce qui pense que OBAMA est un président pour l’Afrique ,il ne fait que ce qui va rapporté du frique a son Amérique
10. Le 29 août 2011 à 17:15, par Afrique, Wake up En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Monsieur le journaliste, j’ai honte de vous ! comment vouloir que l’on mette le grappin sur Kadhafi ? On s’étonnera pas de voir un jour un grand développement du terrorisme en Afrique. Quand on en aura marre, et que l’on ne pourra plus contenir notre colère, nous nous sacrifierons et emportant du même coup ceux là qui sont à l’origine de cette colère.
11. Le 29 août 2011 à 17:21 En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Je conseil vivement de dissoudre ce machin qu’est l’Union Africaine et de repenser une autre entité à l’image de la SDN (Société des Nations) qui a évolué en l’ONU ( Organisation des Nations Unis).
12. Le 29 août 2011 à 20:46, par Black En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
Je suis américain d’origine burkinabé, depuis que l’OUA devenue UA existe que quelqu’un me dise quel conflict cette organisation a pu réglée en Afrique. De l’Afrique du sud, Madagascar à coté en passant par la corne de l’Afrique Somalie, Ethiopie, l’erytrée, l’Afrique centrale Angola, les 2 Congos, , Burundi... Afrique du nord Algérie, Afrique de l’ouest Liberia, sierra Léon, Casamance, cote d’Ivoire , Nigeria... Et plus récemment en libye. J’ai mal à l’estomac, je souffre pour mon Afrique. Comme quelqu’un a précisé plus haut on doit purement et simplement dissoudre et repenser ce machin appeler UA
13. Le 4 septembre 2011 à 12:10, par bugabo En réponse à : Minisommet de l’UA : Entre heurts, mésententes et désaccords…
moi je suis africain se trouvant en chine ,ooh pauvre afrique ,je touve que la colonisation y existe ,pourqoi ces occidentaux continuent a causer des malheurs en afrique ?estceque c’est dans l’occident ou il ya le respect des droits de l’homme ?cette choose democratie de l’occcdent ,ca veut dire quoi ?avant les europeens estceque nous les africaisns n’avions pas de bonne vie,de respect de nos chefs ?et voila ils veulent s’emparer du richsse de la libie,malheur a toi afrique ,mais on marche vers avant ,today is better than tomorrow,one day ,we win////