Parti de Ouagadougou sous une pluie battante, le chef du gouvernement burkinabè parcourt
actuellement la région de l’Est pour constater l’état d’évolution des cultures et les résultats
obtenus dans les zones ayant bénéficié d’un encadrement des services de l’Etat.
Mais il s’est montré particulièrement attentif aux producteurs exemplaires soutenus par des
programmes d’accompagnement ou qui sont partis de leurs propres initiatives, pour parvenir à
des résultats tangibles. Dans la ferme avicole de Saïdou Traoré, à 50 km à l’Est de Fada
N’Gourma, le Premier ministre a laissé ces mots d’encouragements à son initiateur. « Il montre
par là qu’avec peu de moyens et beaucoup de sérieux, on peut exercer une activité très
rentable en milieu rural . Le gouvernement encourage ce genre d’initiative ». La ferme qui ne
compte pour l’heure que deux employés pour deux poulaillers, peut produire 330 oeufs par
jour. Il a bénéficié du soutien du Programme d’appui au développement agricole.

Un village libéré des affres de la faim

Avant l’étape de Fada, le Premier ministre a félicité les exploitants rizicoles des périmètres
aménagés du barrage de Zanré ainsi que Soulemane Yaméogo, un producteur de maïs de
Koulwoko dans la commune rurale de Diabo, à 40 km de Fada N’Gourma. Dans cette
commune, le Programme d’investissement communautaire en fertilité agricole (PICOFA) y a
mené des activités d’encadrement rapproché.
C’est ainsi que M. Yaméogo qui s’est laissé entièrement guidé par les techniciens, est venu à
bout de ses difficultés alimentaires. « Grâce au PICOFA, nous arrivons à manger, à vendre et
à payer la scolarité de nos enfants » a-t-il dit.
Heureux des résultats obtenus par l’ensemble des producteurs de son village (Koulwoko), il
déclare que « la nourriture n’est plus un souci » pour les habitants de la localité ». De son avis,
les parents comptaient chaque année sur le marché des céréales pour combler le défit de leur
production agricole. Ses propos sont confirmés par le coordonnateur du Programme, Jacob
Ouédraogo. Selon ses données, le bas-fond aménagé de la localité grâce au PICOFA, d’une
superficie de 6 hectares, a permis de récolter 90 tonnes de riz en trois ans. « A travers le
warrantage, il y a beaucoup de stocks de riz qui sont mis de côté. Ce qui veut dire que les
paysans en ont suffisamment à manger » a-t-il noté.

Dans la rizière de Zanré, une des 30 femmes bénéficiaires, a aussi reçu les vives félicitations
du Premier ministre pour l’espoir d’une bonne récolte qui se dégage de son périmètre.
Sortis des affres de la faim grâce aux efforts du gouvernement, les paysans veulent voir le
PICOFA poursuivre ses activités après la fin de son mandat prévue en 2012. « Pour l’instant,
accompagnons le projet, le reste, on va voir ça », a réagi le Premier ministre.
Il a rappelé que les producteurs ne doivent pas attendre que l’Etat qui fait déjà beaucoup
d’efforts dans ce domaine, continue d’en donner sans que les bénéficiaires ne prennent le
relais. « Ce projet, c’est de l’argent emprunté sur le marché international », a-t-il fait
comprendre à M Yaméogo qui visiblement, ne saisit pas bien ces notions.

Seul bémol dans cette localité, le chef du gouvernement a pu visiter de vastes périmètres
rizicoles sous les eaux. Malgré une revanche de 80 cm au dessus du déversoir, les eaux du
barrage de Zanré s’échappaient à grand débit pour franchir allègrement la diguette de
protection des cultures. Mais si l’eau se retire dans les deux jours suivants dit-on, le riz ne
risquerait rien. Le jour de la visite, la météo a enregistré 43 mm d’eau à Diabo, première
escale du Premier ministre.
De façon générale, la pluviométrie dans la région de l’Est est bonne en dépit des poches de
sécheresse notées en juin et août. La saison agricole l’est aussi. « La situation phytosanitaire
est calme. Du point de vue de la sécurité alimentaire, le stock paysan est moyen, mais il y a la
disponibilité sur le marché. Globalement la campagne est satisfaisante », a résumé le directeur
régional de l’Agriculture, Amidou Sawadogo.

Après une halte à Fada, le Premier ministre et sa délégation ont effectué leur dernière sortie de
la journée dans le bas-fond aménagé de Nagré (30 km, de Fada) où 84 personnes exploitent 20
hectares. Ils espèrent environ une production de riz d’une valeur de 2 milliards FCFA.
Pour le ministre de l’Agriculture et de l’hydraulique, Laurent Sédogo, ces visites permettent
de présenter l’action des projets et programmes de développement de l’agriculture mis en
oeuvre par le gouvernement. « Très souvent, dit-il, on ne sent pas l’impact de ces projets alors
que leurs actions sont très déterminantes dans l’amélioration de la production des paysans ».
Aujourd’hui mardi, la tournée se poursuit à Pama, Kompienga, Djoada et Bambanbougou
dans la province de la Kompienga.

Aimé Mouor KAMBIRE

Sidwaya