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Ouagadougou : Frayeurs dans les zones inondables

Publié le mardi 23 août 2011 à 04h12min

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Le souvenir du 1er septembre 2009 reste vivace et sombre dans la mémoire des Ouagalais. En ce mois d’août finissant, l’obsession est bien réelle chez nombre d’habitants de la capitale, surtout ceux situés dans les zones dites inondables qui, à chaque fois que le ciel s’assombrit, sont perplexes. Dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 août 2011, une grande pluie s’est encore abattue sur Simonville. Bien que cela ne soit pas un tsunami, certains citadins ont tout de même eu des sueurs froides. Les eaux, avant de trouver le chemin des barrages, leur ont rendu une visite matinale.

Depuis les inondations du 1er septembre 2009, il suffit que le ciel ouvre ses vannes et tarde à les refermer pour qu’une peur bleue s’empare de bon nombre de Burkinabè. On se souvient encore du record de 269, 3 mm de pluie recueillis dans la seule capitale Ouagadougou. Le déluge avait causé beaucoup de dégâts matériels. Après donc cet événement extraordinaire, l’installation de la saison pluvieuse entraîne depuis lors une certaine panique dans les agglomérations. A titre d’exemple, le 18 juillet 2011, plus d’un Ouagalais a craint de revivre le calvaire du mardi noir, alors qu’une pluie s’est abattue presque toute la journée sans discontinuer sur la capitale burkinabè. Bilan : mort d’une jeune dame par chute d’un arbre, de nombreuses autres essences déracinées.

La panique des populations atteindra son paroxysme quand une dizaine de jours plus tard, autour du 30 juillet 2011, un message téléphonique du ministre des Transports et de l’Economie numérique alertait les citoyens sur des risques d’inondations dans les 48 à 96 heures prochaines. Ledit message les invitait par conséquent à prendre les dispositions pour se protéger et faciliter l’évacuation des eaux. Fort heureusement, les inondations « promises » n’ont finalement pas eu lieu. Le 15 août courant, jour de l’Assomption, Simonville a été arrosée par 22 mm en l’espace d’une matinée. La peur s’est réinstallée au petit matin du lundi 22 août 2011 où on a enregistré une précipitation de 43,2 mm.

Impuissance et indignation à l’avenue Pusumpugu

Suite aux inondations du 1er-Septembre et à la menace permanente des changements climatiques, le Conseil des ministres en sa séance du 19 septembre de la même année, avait alors adopté un décret portant réglementation des bandes de servitudes de canaux primaires d’évacuation des eaux de pluie, des zones inondables inconstructibles et celles submersibles dans la ville de Ouagadougou. Deux mois plus tard, intervenait le lancement de la première phase de l’opération de démolition des habitations dans les zones non loties concernées, avec en priorité les maisons totalement ou partiellement détruites par la furie des eaux. Dans les arrondissements de Bogodogo, de Baskuy, de Nongr-Massom, de Boulmiougou et de Sig-Noghin, ont respectivement été touchés les villages de Lanoa-Yiri et Balkuy ; les quartiers Kologh-Naaba, Ouidi et Dapoya ; Nioko et Kossodo ; les secteurs 18 et 19 ; les secteurs 20 et 22.

Au terminus de l’avenue Pusumpugu située au secteur n° 11 (Ouidi), les premières heures du lundi 22 août dernier, de toute évidence, n’ont pas été tranquilles pour certains habitants de la zone. A notre passage en ces lieux autour de 10 heures, les stigmates du torrent étaient encore perceptibles. Selon un quidam trouvé sur place, depuis le mardi noir en 2009, la zone n’avait plus jamais accueilli une grande quantité d’eau. Les forts flux tombés après les pluies y sont habituels, mais depuis le début de la présente saison pluvieuse, rassure notre interlocuteur, c’est bien la première fois que les habitations sont inondées. Cela s’explique par l’absence de caniveaux, mais aussi l’amoncellement incontrôlé des ordures qui déroutent les eaux pluviales.

Dans la famille Ouédraogo, on peinait toujours à faire évacuer l’eau qui a envahi la cour. Constant Ouédraogo, debout depuis le début de la pluie matinale, s’activait à l’aide d’une motopompe, à redonner à leur parcelle une configuration normale. Pour mieux se consacrer à l’évacuation des flots dans la concession paternelle qu’il occupe avec ses frères, Il a même téléphoné au service, afin de justifier son absence.

Plus loin, presque nez à nez avec le barrage n°2, l’ancien Bar Dancing « Le Soucous » est emprisonné dans une marre. Rien d’étonnant, de l’avis d’un des locataires de ce temple de l’ambiance désaffecté depuis 3 ans déjà. « Il nage dans les eaux à chaque hivernage ».

Déguerpir, mais quand ?

Dans les zones inondables, inconstructibles et celles submersibles dans la ville de Ouagadougou, promesse aurait été faite quand la catastrophe du 1er-Septembre est survenue, de déplacer certains habitants sur des sites plus sécurisés. Pour qui connaît la composition de nos familles africaines, où les membres d’un même foyer sont appelés à cohabiter sur une même parcelle reçue généralement en héritage, ce n’est pas toujours évident. Dans certaines localités, des sinistrés qui ont reçu l’aide de l’Etat sont allés s’installer sur des sites aménagés. D’autres par contre traînent encore les pieds et avancent pour se dédouaner, la modicité des moyens reçus comme allocation. Sont de ceux-là, le jeune Simplice Pacéré, que nous avons abordé du côté du quartier Yogsin. Très amer, il reconnaît tout de même que depuis le fameux 1er-Septembre, avec les travaux effectués au niveau des barrages, surtout là où les eaux pluviales charrient dans le parc Bangr-Wéoogo, ainsi que le curage des caniveaux à travers la ville, les inondations sont maintenant rares au chapitre.

N’empêche que la situation est inconfortable dans sa zone quand il pleut à Ouagadougou. L’aide de l’Etat composée d’une tonne et demie de ciment, de 10 tôles et d’une somme de 50 000 F CFA ; le tout à investir sur une superficie de 204 m2, a-t-il martelé, n’est pas du tout suffisant. Depuis que la saison des pluies s’est installée, aucune autorité n’est passée les voir. Par voix de presse, ils entendent cependant des commentaires désobligeants qui les accablent. Difficiles pour eux malheureusement de se faire comprendre. Selon lui, il faut que le gouvernement fasse mieux pour les amener à libérer de bon cœur les lieux. Ses voisins, Hamado Bancé et Issa Kaboré, qui ont rejoint le groupe sont également unanimes sur cet avis. Pour eux, plutôt qu’une aide, c’est un piège que les autorités leur ont tendu. Le maire, Marin Ilboudo, aurait été contacté par les résidents sur les difficultés vécues, mais rien n’y fit. Sur le terrain, les populations semblent voir une intention du pouvoir public de les déposséder au profit d’autres citoyens plus nantis. Ni plus ni moins.

En attendant une intervention quelconque en leur faveur, la hantise règne permanemment dans les cœurs et chacun se démêle comme il peut, en fondant au quotidien l’espoir que demain sera meilleur.

D. Evariste Ouédraogo, Alima Koanda & Gérard W. Coulibaly (stagiaire)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 août 2011 à 09:21, par lepeul En réponse à : Ouagadougou : Frayeurs dans les zones inondables

    quelle image ? c’est la capitale d’un pays ça ? on durait une porcherie.
    le pire c’est le silence et la paresse des habitants pas de caniveaux route tracée par la nature. on invente aucune idée pour améliorer nos condition de vie ..........
    tant pis pour nous
    pauvre Afrique pourquoi tant de malheur ??????????????????

  • Le 23 août 2011 à 11:52 En réponse à : Ouagadougou : Frayeurs dans les zones inondables

    Cette histoire de zone inondable est une illusion. Quelque que soit la zone, si vous ne permettez pas l’écoulement des eaux par des caniveaux il y’aura inondation.

    Visitez les pays bas ( en dessous du niveau de la mer)et vous comprendrez. On assèche des rivières , des fleuves , la mer pour y construire des maisons à usage d’habitation sans risque pour les populations.

    Les messieurs de la mairie et de l’urbanisme , liberez votre génie créateur afin de résorber les potentiels zone inondable au lieu systématiquement de proner le déguerpissement pour y construire des jardins(solution de facilité et pas forcément la plus rentable et la plus intelligente). Jean XXIII, WATAM, FESPACO,Hotel Ricardo seront à déguerpir selon la loi votée. Dites moi honnêtement si l’hotel Ricardo est plus en danger que l’hotel Silmandé ou Dragon Hotel ?

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