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ROOD - WOKO : Le cris de cœur des laissés-pour-compte

Publié le vendredi 19 août 2011 à 01h54min

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Le mardi 16 août 2011, des jeunes commerçants au nombre de 300 à 400 environ munis de marqueurs et de peintures, se sont mis à parcelliser les espaces vides du grand marché Rood-Woko. Ils se sont aussitôt mis à écrire nom, prénoms et numéros de téléphone portable. Motif de cette colère spontanée, le manque criard de points de vente que ces derniers réclament. Les premiers responsables du grand marché, pour éviter que la situation ne dégénère, ont demandé à la police municipale de ne pas agir. C’est ainsi qu’ils ont privilégié le dialogue afin, disent-ils, de coller avec l’esprit de la paix que prône le gouvernement. Nous sommes allés à la rencontre des différents acteurs le jeudi 18 août 2011.

Les Ouagalais se sont réveillés ce jeudi 18 août 2011 sous une grande pluie qui aura duré toute la matinée. Toute chose qui vient nous rappeler que nous sommes en pleine saison pluvieuse. C’est à cette période que certains commerçants dont le nombre varie entre 300 et 400 ont pris d’assaut le mardi 16 août dernier le côté Sud du grand marché. Ils ont procédé à une séance de parcellisation des espaces vides avec des marqueurs et de la peinture en inscrivant leurs nom, prénoms et numéros de téléphone portable. Ces graffitis étaient toujours visibles sur certains murs, escaliers et les pavés du grand marché à notre arrivée ce jeudi matin.

"Nous voulons des points de vente"

Quel est le mobile de cette manifestation spontanée de ce mardi 16 août ? La réponse nous est donnée par certains commerçants du grand marché que nous avons rencontrés. Pour Inoussa Dianda, occupant de la boutique 202, cette sortie est l’oeuvre des nouveaux venus qui ne connaissent pas les réalités du marché et s’adonnent à un tel comportement dans le but d’avoir un point de vente fixe. Il demeure convaincu que ce sont des jeunes du grand marché qui en sont les auteurs. Il a déploré l’acte de ces camarades commerçants et a estimé que ces derniers doivent passer par la voie légale pour obtenir gain de cause. En cela, il a lancé un appel à ses camarades à aller au dialogue pour résoudre ce problème. Dans le même sens que le précédent, Abdoul Malick Ouédraogo, également commerçant, est formel en affirmant que les jeunes anarchistes proviennent bel et bien du grand marché. Il a souligné que ces jeunes manifestaient pour réclamer des points de vente au sein du grand marché.

Car certains d’entre eux voulaient récupérer les places qui étaient les leurs avant l’incendie du grand marché. Ce dernier reconnaît que cette démarche est illégale. Cependant il affirme que la voie légale n’ aboutit jamais au Burkina Faso. Il souligne aussi l’inactivité des associations chargées de défendre la cause des commerçants. Cet état de fait, selon lui, engendre les nombreux problèmes que connaissent ces derniers. Il cite le cas palpable de l’électricité dont l’accessibilité demeure difficile.

Aller au dialogue pour résoudre le problème

Ces difficultés, pour lui, résultent d’un manque de confiance entre commerçants, structures associatives et les autorités communales. Abdoul Malick Ouédraogo a fait des propositions aux autorités pour résoudre ce problème. Il s’agit des points de vente à attribuer aux commerçants disposant de leurs papiers au complet ainsi qu’une facilité d’accès à l’électricité. Oumar Ouibiè Niangao, directeur général de la Régie autonome de gestion des équipements marchands (RAGEM) a souligné qu’une fois alerté de ce qui se passait au grand marché, des dispositions ont été immédiatement prises. Cela a consisté à la non intervention immédiate des forces de l’ordre, ensuite effacer les traces de peinture et enfin convoquer une rencontre avec les structures associatives du marché. Des 27 associations convoquées, seules 17 ont répondu à l’appel, tous ont condamné l’acte et ont souligné ne pas connaître l’origine des jeunes manifestants. De ce fait, ils se sont engagés avec les responsables du marché à trouver des solutions.

C’est ainsi que les deux parties se sont engagées dans un processus de dialogue afin de retrouver la quiétude du marché. C’est ainsi que des actions de sensibilisation ont été initiées en leur faveur pour que ces derniers ne retombent pas dans l’anarchie qu’a connue autrefois ce marché. Oumar Ouibiè Niangao, DG de la RAGEM reconnaît qu’il y a une forte pression de l’anarchie au sein du marché. En cela, il a fait deux propositions pour résoudre cela. D’abord, il fait savoir que le grand marché ne peut pas accueillir tous les commerçants. Il leur a conseillé d’occuper les autres boutiques et magasins construits dans les marchés des différents arrondissements de la capitale où il y a toujours de la place disponible. "Pour ceux qui ont sollicité des boutiques au sein du grand marché et qui n’ont pas eu sont sur la liste d’attente et seront même prioritaires en cas d’attribution", a précisé Niangao.

La deuxième proposition, selon lui, est qu’il faut que les commerçants qui exercent au grand marché puissent se doter d’un Bureau commun. Chose qui leur permettra d’avoir un interlocuteur unique pour discuter de leurs problèmes. Ces différentes propositions seront communiquées aux commerçants au cours d’une rencontre le samedi prochain, a fait savoir Niangao. Quant au directeur de Rood-woko Amadou Saoud Sondé, il a souligné que les dispositions sécuritaires ont été prises pour assurer la sécurité au marché rood-woko. Il a par ailleurs invité les commerçants à aller au dialogue afin de surmonter les difficultés que rencontrent le marché central de Ouagadougou. Alain Théodore Ouangraoua, chef de service recouvrement et de contentieux a estimé que cette occupation anarchique ne facilite pas la fluctuation des marchandises et pourrait être à l’origine d’autres dégâts. Pour Oumar Ouibiè Niangao, le grand marché de Ouagadougou est une référence dans la sous-région qui mérite une meilleure considération. Pour lui, il n’est plus question de laisser installer l’anarchie au sein du marché rood-woko.

Ambèternifa Crépin SOMDA (Collaborateur) et Abdou Laziz BANSE (Stagiaire)

Le Pays

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