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LISTES ELECTORALES AU SENEGAL : Wade va-t-il donner des verges à ses adversaires ?

Publié le jeudi 18 août 2011 à 01h34min

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Me Abdoulaye Wade devrait être un président comblé. Sa population se bouscule pour s’inscrire sur les listes électorales de la présidentielle, prévue en février prochain. Les élections en Afrique, on le sait, sont confrontées à une véritable désaffection des populations. Seuls quelques rares pays arrivent à tirer leur épingle du jeu. Même la Tunisie qui aspire à une démocratie multipartite doit faire face à la bouderie des électeurs. Et que dire du Sénégal dont l’ancrage très ancien dans l’expérience démocratique n’a cependant pas empêché des illusions de naître au sein des populations. C’est ainsi que depuis l’ouverture des inscriptions sur les listes électorales, on ne se bousculait pas au portillon.

On a même dû reporter par deux fois la clôture du processus face à la faiblesse de l’affluence. Mais voilà que subitement, comme s’ils avaient pris conscience d’une nécessité absolue pour eux de voter, les Sénégalais prennent d’assaut les centres d’inscription. Que s’est-il passé pour que naisse un tel engouement tardif ? Les manœuvres politiciennes de Me Wade ont-elles contribué à donner un coup de fouet au corps électoral ? En tentant maladroitement d’introduire des réformes en vue d’une succession dynastique à la tête du Sénégal, il avait, en effet, déclenché l’une des plus graves crises sociopolitiques que le pays a connues ces dernières années.

Portée par les jeunes rappeurs du Collectif « Y en a marre », des partis politiques de l’opposition et la société civile, une lame de fond contestataire a secoué le pays, obligeant le président Wade à abandonner son funeste projet. Dès lors, une conscience citoyenne déterminée, est née. Elle s’est accompagnée d’une mobilisation dans la rue, mais aussi pour les élections à venir. Il n’est donc pas surprenant que le délai du 17 août soit arrivé trop vite pour la masse des non-inscrits. Alors, que faire ? Le président Wade seul a la clé du problème. En tant que démocrate, il n’y a pas de raison qu’il ferme la porte des élections à de nombreux citoyens.

Au contraire, il devrait se réjouir de l’engouement qu’ont ses concitoyens pour le scrutin de février prochain. Une liste électorale pleine à craquer, un taux de participation important, rien de tel pour donner du relief au scrutin à venir et octroyer plus de légitimité au vainqueur. Mais voilà, Wade est aussi un homme politique, de surcroît africain. Il a donc pleinement conscience qu’une élection se gagne d’abord sur les listes électorales. Il ne manquera donc pas de se demander si les nouveaux convertis à la chose électorale, qui accourent dans les centres d’inscription comme on va à la prière, lui sont acquis. Si c’est le cas, nul doute que le président fera preuve d’un sens d’ouverture bien intéressé, pour prolonger à nouveau le délai des inscriptions.

Mais au cas où le peuple des assoiffés des urnes, lui est potentiellement hostile, Wade ne se gênera pas pour fermer les listes à double tour. Au regard des demandes insistantes de l’opposition et du collectif « Y en a marre » pour que les inscriptions soient prolongées, on peut douter que la balance des inscrits de la dernière heure penche du côté du président Wade. Autant dire que le pouvoir regardera par deux fois, avant de prendre une décision allant dans l’un ou l’autre sens. Avec comme priorité, d’éviter de donner des verges à l’adversaire pour le fouetter.Il pourra toujours se justifier en arguant qu’on ne peut reculer éternellement les délais d’inscription des électeurs.

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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