Monsieur le Maire
“C’est en cette période de la saison des pluies bénie des dieux, où le ciel ouvre ses vannes pour nous permettre de cultiver, de planter, d’arroser et d’exister, que nous avons lu à la Une de l’Observateur Paalga du mercredi 10 août 2011 un titre qui nous a interpellé : “Faut-il abattre l’arbre pour avoir le fruit ?”

Ce titre nous a fait sursauter, car il pose avec pertinence la problématique de la protection de l’environnement.
En effet, Monsieur le maire, notre pays, le Burkina Faso, pays sahélien en proie à la désertification, peut-il se permettre le luxe de raser près de 2 000 arbres d’espèces diverses sous le prétexte de transformer ledit lot en des parcelles habitables ?
Votre choix et votre volonté m’amènent à vous poser quelques questions :

1) Les futurs acquéreurs et habitants de ces lieux pourront-ils vivre sans arbres ? Donc sans poumon vert pour les oxygéner ?

2) Les habitants de cette zone peuvent-ils vivre sans eau de pluie, étant donné que les plantations d’arbres favorisent les précipitations ? donc la pluviométrie.

Monsieur le Maire

La belle cité de Koudougou dispose encore d’assez de terre pour des lotissements, pourquoi alors essentiellement ce verger ? Peut-être parce qu’il est bien placé, valorisé et suscite intérêt et convoitise.

Monsieur le Maire

Notre intention ici n’est pas de prendre partie pour M. Windyam Jacques Yaméogo, le propriétaire du verger, mais plutôt de vous faire comprendre que vous-même en tant que bourgmestre de la ville de Koudougou, avez la responsabilité du bien-être des populations de la ville. Votre rôle doit donc consister en la création d’espaces verts, et des aires protégées.
Si un citoyen, en l’occurrence M. Yaméogo, a eu le flair et l’amour de la nature très tôt, il mériterait respect, considération et reconnaissance. Ne dit-on pas qu’un homme qui a planté un arbre n’a pas vécu inutilement ?
C’est vrai que la terre appartient à l’Etat et vous avez la puissance publique avec vous, mais ici, il ne s’agit pas d’un simple lopin de terre qu’on peut morceler à souhait. Nous proposons donc un compromis qui sauvegarde les intérêts de M. Yaméogo et l’intérêt général :

1) Une réévaluation du verger à la hauteur des efforts fournis par M. Yaméogo, la prise en compte de la couverture végétale du verger, c’est-à-dire l’évaluation de toutes les espèces plantées en tenant compte de leur âge, et indemniser M. Yaméogo à leur juste valeur ;

2) transformer ce verger en site touristique communal qui serait un lieu de détente, de loisirs et d’aires de repos ;

3) se servir de ce cadre enchanteur et romantique pour la sensibilisation et l’éducation environnementale ;

4) procéder à des aménagements complémentaires sur le site du verger, en maintenant l’existant, sans détruire un seul arbre afin de créer une aire de jeux pour les tout-petits qui viendraient en ce lieu avec leurs parents qui, eux, seraient occupés à jouer à la pétanque, à faire la lecture ou à pratiquer d’autres jeux de société ;

5) demander au ministère de l’Environnement de décorer M. Windyam Jacques Yaméogo pour services rendus à la Commune de Koudougou et à la Nation avec agrafe “Protection de l’environnement”.

Monsieur le Maire

Les bienfaits d’un espace boisé ne sont plus à démontrer ; le gouvernement du Burkina Faso lance des appels à tous les citoyens pour des plantations, des reboisements et pour la protection de l’environnement. Alors pourquoi détruire ?
Dans tous les cas Monsieur le Maire, nous, écologistes, les amoureux de la nature et tous les hommes épris de paix et de justice, seront aux côtés de M. Windyam Jacques Yaméogo et resteront vigilants sur la question préoccupante de la destruction de notre écosystème. Et cela pour l’intérêt général.
Nous l’avons toujours répété : l’environnement, nous l’empruntons aux générations futures et nous devons le leur léguer beau, riche et diversifié.

Nous lançons un appel à la vigilance au ministère de l’Environnement qui a la responsabilité de la préservation de nos écosystèmes. Le cas de M. Windyam Jacques Yaméogo de Koudougou n’est pas un cas isolé, car il nous revient de façon récurrente des cas de déclassement arbitraire de terrain même ici à Ouagadougou la capitale.
Pour terminer Monsieur le Maire, comme dit la pensée : “Faisons en sorte de ne pas détruire ce que l’on n’a pas construit”.
On dit aussi que celui qui a planté un arbre n’a pas vécu inutilement ; que dire alors de celui qui abat un arbre ?
J’espère, Monsieur le Maire, que vous ne serez pas de ceux qui détruisent la nature, mais plutôt de ces patriotes qui, chaque jour que Dieu fait, font de la protection de l’environnement leur préoccupation majeure.
Salutations respectueuses.

Ouagadougou, le 12/08/2011
Ram Ouédraogo
Président du Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEBF)

Note de la Rédaction

Dans l’après-midi du mardi 16 août, nous avons également reçu sur le même sujet la mise au point du maire de Koudougou, Seydou Zagré. Mais pour des contraintes de pagination (le journal était déjà calibré à ce moment-là), nous ne vous la proposerons que dans l’édition de demain.

L’Observateur Paalga