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Opération "mains propres" au Niger : Faut-il sacrifier la justice sur l’autel de la paix sociale ?

Publié le mardi 16 août 2011 à 01h43min

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Faut-il absoudre les militaires putschistes qui ont mené une transition réussie pour remettre le pouvoir aux civils via des élections ? Voilà une question qui chiffonne actuellement sans doute les présidents Alpha Condé de Guinée et surtout Mahamadou Issoufou du Niger.

Dans le premier pays, bien que le nouveau chef de l’Etat veuille nettoyer les écuries d’Augias, il semble mettre un zeste de tact, à telle enseigne qu’on l’accuse de composer avec le personnel de son prédécesseur, le général Sékouba Konaté, et même avec ceux de Lansana Conté.

D’où vient alors que, le 19 juillet 2011, sa résidence de Kipé a été la cible de tirs nourris de militaires qui en voulaient à son fauteuil ? Est-ce parce que la réforme de l’armée, véritable serpent de mer, pourrait devenir une réalité sous le mandat du champion de la Coalition arc-en-ciel ? Est-ce parce que les relations entre le président intérimaire et Alpha Condé étaient souvent tendues malgré les dénégations de part et d’autre ?

Toujours est-il qu’à l’observation, il n’est pas aisé de prendre la relève d’une transition militaire, tant ces soldats, pour démocrates qu’ils soient, veulent se la couler douce après leur passage au pouvoir. Gare donc, semble-t-il, à qui veut voir clair dans leur gestion.

Le Niger donne aujourd’hui l’impression que le nouveau pouvoir a mal à sa transition militaire, menée rigoureusement par le général Salou Djibo. Ce dernier, lorsqu’il mit fin, le 18 février 2010, aux velléités "tazartchéennes" de Mamadou Tanja, promit de remettre le pouvoir aux civils. Parole d’officier donnée, parole respectée, au prix, soit dit en passant, de tiraillements avec certains de ses proches. Le 6 avril 2010, Mahamadou Issoufou parvenait enfin à assouvir une ambition vieille de 20 ans : être président de la République.

Sitôt installé, outre ses priorités "ventrales" (nourrir les Nigériens) et sécuritaire (lutter contre AQMI), le "Lion de Tahoua" promettait de jouer les prolongations relativement à la lutte contre la prédation des deniers publics. En fait, il poursuivait les audits entamés sous le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD).

Une opération "mains propres" qui aurait pu réjouir l’ex-junte si et seulement si certains de ses éléments n’étaient pas pris dans la nasse : vendredi 12 août 2011, plusieurs personnalités dont l’ancien directeur adjoint du cabinet de Salou Djibo ont été incarcérés ; autrement dit, un qui était dans l’antichambre de la présidence nigérienne a été touché. Quels sentiments peuvent animer actuellement Salou Djibo, qui voit un de ses proches collaborateurs embastillé pour une affaire de détournement ? Car par ricochet, il est personnellement visé.

Est-ce pour arrêter la machine judiciaire qu’un putsch avorté a eu lieu mi-juillet à Niamey ? Le cas nigérien repose la question de la justice et de la paix sociale. Pour une démocratie apaisée et un retour normal à l’Etat de droit, faut-il fermer les yeux sur certains actes délictuels, notamment les crimes économiques ?

La justice est le pilier de toute démocratie, mais, dans certains cas, ne faut-il pas trouver un modus vivendi pour apurer les contentieux susceptibles de mettre la République sens dessus, dessous ?

Les audits, les poursuites judiciaires, ça fait tendance, ça plaît à la Communauté internationale, mais Mahamadou Issoufou doit se garder de trop se focaliser sur la gestion de la junte, autrement dit des militaires, qui lui ont permis d’être là où il est.

Au Niger, l’armée a toujours arbitrer la vie politique : hier c’était Ibrahim Baré Maïnassara (IBM), aujourd’hui Salou Djibo, demain le pouvoir kaki pourrait s’inviter encore dans l’arène si elle se sent frustrée ou humiliée.

Il reste 3 ans et demi à Mahamadou Issoufou ; à quoi lui serviront des audits si son mandat est écourté par un pronunciamiento ? La justice, d’accord, mais sans précipiter le pays de nouveau dans les méandres de l’Etat d’exception !

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 16 août 2011 à 11:27 En réponse à : Opération "mains propres" au Niger : Faut-il sacrifier la justice sur l’autel de la paix sociale ?

    Les militaires Nigériens ne se sont jamais intervenu sur la scène politique sans qu’il ait une tension sociale qui risque d’empirer, il ne le feront pas à cause des audits et les poursuites judiciaires contre leurs frères d’armes reconnus coupables par la justice.
    Tous groupe de militaire qui ose s’aventurer dans ce genre d’aventure aura la société civile Nigérienne contre lui, ensuite viendra la communauté sous régionale et même internationale, dites moi par comment ils peuvent rester au pouvoir dans ces conditions. car cette tension sociale qu’il vont créer les empêcherons de rester. Il y aura un Wanké qui va les balayer. Laissons la justice faire son travail, tous ce que je souhaite si la personne paye ce qu’il a prit, qu’on le laisse libre afin qu’il rejoigne sa famille.

  • Le 16 août 2011 à 11:40 En réponse à : Opération "mains propres" au Niger : Faut-il sacrifier la justice sur l’autel de la paix sociale ?

    Les militaires Nigériens ne se sont jamais intervenu sur la scène politique sans qu’il ait une tension sociale qui risque d’empirer, il ne le feront pas à cause des audits et les poursuites judiciaires contre leurs frères d’armes reconnus coupables par la justice.
    Tous groupe de militaire qui ose s’aventurer dans ce genre d’aventure aura la société civile Nigérienne contre lui, ensuite viendra la communauté sous régionale et même internationale, dites moi par comment ils peuvent rester au pouvoir dans ces conditions. car cette tension sociale qu’il vont créer les empêcherons de rester. Il y aura un Wanké qui va les balayer. Laissons la justice faire son travail, tous ce que je souhaite si la personne paye ce qu’il a prit, qu’on le laisse libre afin qu’il rejoigne sa famille.

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