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Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

Publié le mardi 9 août 2011 à 01h49min

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Il y a une dizaine d’années, à Bobo-Dioulasso, à la période juillet-août, il fallait seulement débourser 200 F CFA pour s’offrir une grande boîte de tomate dénommée « garibou gowgo » remplie de chenilles. Mais, cette saison, il faut entre 500 et 700 F CFA pour la même boîte. L’équipe de Sidwaya a tenté de comprendre cette hausse en rencontrant le 2 août 2011, les vendeuses et clients, qui expliquent que cela est dû aux mauvaises conditions climatiques
et à l’exportation du « chitoumou » vers d’autres pays tel le Nigeria.

Les chenilles, communément appelées « chitoumou » en dioula, sont moins accessibles aux petites bourses cette année. Pour espérer déguster les chenilles de Bobo-Dioulasso, il faut céder entre 500 et 700 F CFA contre une boîte de « garibou gowgo » remplie. Par contre, les années antérieures, selon les consommateurs, la même boîte se vendait à moitié prix. Au marché « léguémalogo », au secteur N°1 de Sya, certaines vendeuses de chenilles, trouvent que la cherté est due au fait que c’est le début de la saison.

« Lorsque les chenilles apparaissent nouvellement, leur coût est élevé, car elles sont rares. Et tout ce qui est rare est cher » a affirmé une vendeuse de chenilles depuis 10 ans, Korotimi Sanou. Cependant, la rareté ne doit pas poser problème dans les mois de prédilection des chenilles, à savoir juillet et août. Face à cette nouvelle interrogation, Salimata Sanou, une grossiste de « chitoumou » a expliqué que pour qu’il y ait abondance de chenilles, il faut une pluviométrie moyenne et régulière. Une pluviométrie moyenne parce que le manque ou l’excès d’eau est nuisible aux chenilles. Et une pluviométrie régulière dans la mesure où les poches de sécheresse détruisent les œufs des papillons. Une ramasseuse de chenilles à Nasso, un village situé à environ 13 km de Bobo-Dioulasso, Bintou Traoré, a précisé que « lorsque les conditions ne sont pas remplies comme cette année, il y a moins de « chitoumou » et les prix grimpent ».

Elle a fait remarquer également que cette année avec le bouleversement du calendrier agricole, la période des semis a coïncidé avec celle de sortie des chenilles, les ramasseuses n’arrivent plus à rentrer dans les champs pour ramasser « les délices » de peur de piétiner les jeunes plants. De plus « certains agriculteurs ont pulvérisé leur champ avec des pesticides pour tuer les vers et les larves telles que les chenilles qui se nourrissent de jeunes plants et également pour décourager les ramasseuses les plus têtues qui tenteraient à tout prix de rentrer dans les champs en risquant de gâter le travail déjà abattu », a conclu Traoré.

L’instauration de la fête de « chitoumou » chaque année, y est pour quelque chose dans le renchérissement des prix. Cette fête a permis aux acteurs de la filière de mieux s’organiser. Ainsi, ces acteurs arrivent à accorder leurs violons et à fixer les prix, d’où l’harmonisation du prix sur le marché.

Ce qui amène les consommateurs à penser que les Nigérians, principaux demandeurs du second fruit du karité, auraient profité de cette organisation pour élever les prix et pouvoir tout rafler sur le marché. Certes le « chitoumou » est exporté et les exportateurs misent gros pour se l’approprier afin d’aller en tirer une plus-value. Cependant, le professeur en agro-alimentaire au lycée professionnel de Bobo-Dioulasso (LPB), Salif Guel, n’est pas systématiquement d’accord avec ces spéculations selon lesquelles les exportateurs sont les premiers coupables de ce renchérissement. Il a indiqué que la rareté est un fait indéniable dans la fixation des prix de tout produit en général et des chenilles en particulier. « Les caprices de la nature, notamment celle de la pluviométrie sont les principales causes de la rareté des chenilles.

Il y a des conditions optimales nécessaires pour le développement des chenilles alors que ces 5 dernières années, nous avons assisté aux caprices de la pluviométrie qui jouent en défaveur du cycle du développement des chenilles », a soutenu M. Guel. Néanmoins, il a reconnu que les exportateurs comme les Nigérians ne sont pas neutres dans cette histoire dans la mesure où « ils ont des agents commerciaux qui ont organisé la collecte comme d’autres l’ont fait avec le karité. Ils envoient leurs agents dans nos campagnes qui emploient hommes et femmes pour faire la collecte et ils sont prêts à mettre le prix qu’il faut », a dit le professeur du LPB.

Selon M. Guel, il a même rencontré des femmes qui vendent la boîte séchée aux exportateurs à 3 000 F CFA au lieu de la vendre aux nationaux à 1 000 ou 1 500 F CFA. De plus les chenilles, longtemps réputées pour être la nourriture des populations de l’Ouest du Burkina, ont, au fil des ans, pris de la valeur à tel enseigne que cette habitude culinaire a quitté l’Ouest du pays pour les autres régions, voire d’autres pays tel le Nigéria.

On assiste ainsi à une forte demande de « chitoumou » due à son internationalisation et à une régression de l’offre due à la mauvaise pluviométrie. Ainsi, il est normal, selon la loi de marché, que les prix grimpent lorsque la demande dépasse l’offre. Le gouvernement du Burkina Faso gagnerait mieux à organiser cette exportation du « chitoumou », d’autant plus que, selon les économistes, on perd en exportant de façon brute. Ainsi, les enseignants de la section agro-alimentaire du LPB, notamment Salif Guel, ont réfléchi sur cette question et ont mis sur pied un procédé chimique et biochimique de conservation de la chenille. Ainsi, on pourrait l’exporter sous forme conservée ou la transformer avant de l’acheminer.

Toute chose qui contribuerait à accroître la plus-value. Pour les populations de l’ouest, notamment celles de Bobo-Dioulasso, le second fruit du karité est le « chitoumou ». Chaque année, de juillet à août, les chenilles de karité proviennent des œufs pondus par les papillons. Ces œufs qui ont survécu à la saison sèche et aux feux de brousse donnent naissance à des larves en début d’hivernage. Les larves destinées à devenir des papillons seront interrompues dans leur développement par des femmes qui partent les cueillir dans des paniers pour ensuite les apprêter pour la consommation. Répugnant selon la majorité de ceux qui viennent du Plateau mossi, ces chenilles font l’œuvre de diverses contemplations à travers plusieurs mets variés les uns des autres.

Des grillades à la soupe en passant par les marinades ou même avec le pain au « chitoumou » à l’image d’un sandwich bien fourré, on en trouve de tout type. Tous ceux qui en raffolent sont bien servis. Cependant, les mauvaises conditions, au développement de ces larves, qu’à connues la région de l’Ouest a laissé les consommateurs sur leur faim. Ceux qui en raffolent dans les autres régions seront certainement beaucoup déçus cette année. Mais à qui la faute ? A dame nature certainement.

Ismaël Diloma SIRIMA (Stagiaire)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 9 août 2011 à 11:37, par Les verites du Roi S En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    Pour une fois que les braves femmes trouvent une filiere qui leur rapporte on crie qu’elles vendent a 3000 frsCFA au lieu de vendre aux locaux a 1500frs... Le sucre a augmente, l’or augmente chaque jour, le mil et le mais... meme la SONABEL trouve le moyen de nous flanquer 7 taxes differentes sur nos consommations d’electricite pour se remplir les caisses et partager avec leur protecteur de monopole absurde au pays du soleil abondant mais neglige !
    Pluviometrie ou pas, que nos braves mamans et soeurs s’organisent pour mieux vendre leur produit ne serait pas une mauvaise chose. Et puis, ceux/celles qui se disent sans moyens depensent deja souvent plus cher pour des produits de moindre qualite (a quantites egales ; exemple de la viande). Alors, tant pis pour les <> et les empecheur de progresser en large !

  • Le 9 août 2011 à 13:41, par HAKILI-TIGUI En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    SALU A TOUS

    VOUS ETES TOUS SANS IGNORER QUE LE CHITOUMOU EST DEVENU CHER.
    POURQUOI ? JE VOUS EN DIRAI PLUS.
    DEPUIS BELLE LURETTE ON A COLLé AU BOBO-DIOULA LE PROFIL DE "MANGEUR DE CHITOUMOU" OU DE "CHENILLE". ON EST OU AUJOURDUI ? Cè DES MILLIERS DE SACS KI TRANSITE DE BOBO A OUAGA CHAC SAISONS ET MEME A L’ETRANGER. DECIDEMENT A PART LES MOSSI, MEME LES PEULS EN RAFOLENT. COMMENT VOULEZ VOUS QUE LES PRIX STAGNENT SI CEUX KI CONSOMMAIT LE LAIT LE REMPLACENT PAR L’INEVITABLE RICHISSIME ET ALLECHANT CHITOUMOU ?

  • Le 9 août 2011 à 14:12, par LE BAM En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    VOILA CE QUI EST BIEN DIT.MAIS N.OUBLI PAS UN AUTRES ASPECTS.ILS SONT DEVENUS NOMBREUX COMME CEST PAS POSSIBLE CES BOBOS QUE RIEN NE LES SUFFI ENCORE. CEST CA AUSSI LA REALITE DES CHOSES.HEUREUSEMENT QUE CETTE ANNEE YA PAS DE VACCANCES POUR LES MINISTRES ;SINON QUE CES BOBOS MINISTRES SE PREPARAIENT POUR REJOINDRE BOBO PAS POUR AIDER LES PARENTS DANS LES CHAMPS MAIS POUR RAFOLLER LES CHOUTOUMOUS.TANT PIS POUR EUX.ET SANS OUBLIER QUE YA TROP DE VIEUX DANS CE QUARTIER DE DIOULASSOBA QUI NE SAVENT MAINTENANT QUE DE MANGER LE CHOUTOUMOUS. ATTENTION CEST L.UN DE VOS CHEFS GEOGRAPHIQUES DU SAHEL DONC EVITER DE REPONDRE AUTREMENT SANS LA SAGESSE.MERCI QUAND MEME

  • Le 9 août 2011 à 16:42, par Alexio En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    Que continu de pulveriser sa volonte sur la survie cet arbre qu est le caritier qui na pas d egale de potentialites:Medicinale,gastronomique,industrielle,et commerciale.Malheureusement que ca pris 50 ans pourque cette grace divine commence redorer sa valeur intrinseque.J ai verse des larmes en voyant cette mere etalant son mini stock du Sitoumou.En mon a enfance a bobo.Dioulasso ont defrayant les grands champs,de mil,sorgho.A partir du CEZAO jusqu a Sarfalao por ramasser le Sitouma.En Belgique,j ai ete surpris que le Sitouma etait une delitesse culinaire qui a fait l attention des journalistes belges et norvegiens qui ont meme ecrit un article concernant le Sitoumou.

  • Le 9 août 2011 à 17:55 En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    A quand la première ferme de chitoumou ?

  • Le 9 août 2011 à 17:57 En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    salut a tous les bobos et ceux du sahel.
    juste dire que je suis content de voir que même sans se connaitre on puisse faire de la parenté a plaisanterie. ces une des plus grande richesse de notre pays au même titre (sinon plus) que le lait et le chitoumou. donc gageons de le conservé ensemble pour assuré un Burkina paisible.

  • Le 9 août 2011 à 20:03 En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    Rassurez-vous, ce n’est parce qu’on est bobo qu’on mange les chenilles ; quand on a faim, on mange tout ce qu’on a côté de soi. Je me demande comment les bobos ont découvert cette gourmandise. La zone jusqu’en 1990 regorgeait tout de même de beaucoup de gibiers. C’est vraiment étonnant que ces gens refusent de manger des Silures en disant qu’ils sont sacrés, certains refusent de manger les varants qui abondent dans la zone et déploient de grandes prouesses pour promouvoir la consommation des chenilles. En effet consommer des chenilles est une prouesse car si vous vous trompeZ dans le processus de préparation, vous allez vomir toute votre vie. AH CULTURE !!!
    Bref, que les femmes profitent pour s’enrichir un peu TOUT EN PRESERVANT LA NATURE.

    • Le 9 août 2011 à 22:21 En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

      Une prouesse difficilement accessible à un peul ! Il faut savoir que les bobos sont des gens geniaux qui ont toute une longueur d’avance, à la fois progressistes et protecteurs de la nature, vivant en symbiose avec elle. Voilà, le peul !

  • Le 9 août 2011 à 23:32, par Une peulhe indignee En réponse à : Mets locaux : Le « chitoumou », trop cher cette année

    Vraiment...les bobos et les bobotes nous remplis les oreilles avec leur chitoumou !!! On ne peux pas respirer en saison de pluie !!! Regardez moi cette malnutrition qu’ils sont en train de promouvoir !!! Je suis fiere d’avoir resister a l’envie de taste ces chenilles unattrayantes !!!! Il n’ya vraiment qu’un bobodjo pour apprecier la consommation de ces pauvres petites creatures....

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