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Economie mondiale La cigale américaine et la fourmi chinoise

Publié le lundi 8 août 2011 à 01h32min

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Démocrates et républicains ont beau trouver, sur fond de petits calculs politiciens d’arrière-boutique, un deal sur le règlement de la colossale créance publique américaine, l’Oncle Sam n’en finit pas de se démener dans l’interminable zone de turbulences qu’il traverse voilà maintenant de nombreuses années.

Depuis le scandale des subprimes qui occasionna la faillite de banques et une crise financière qui affecta de nombreuses places à travers le monde, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Potomac. Après avoir tangué dangereusement de Charybde en Scylla, le navire à la bannière étoilée vient ainsi de subir une méchante dépréciation de sa cote avec l’abaissement de la note de sa dette dite souveraine par l’agence Standard & Poor’s (SP), laquelle a retiré pour la première fois aux Etats-Unis les prestigieux "AAA" dont sont crédités les émetteurs d’obligations les plus fiables.

En "français facile", ça veut dire qu’on ne lui fait plus totalement confiance et qu’on redoute la faillite de l’Etat américain comme de n’importe quelle entreprise qui déposerait le bilan. Et plus que jamais, Washington ressemble à un géant aux pieds d’argile qui menace d’entraîner dans sa chute une bonne partie de l’humanité, car quand il s’enrhume, c’est tout le monde qui tousse.

On comprend donc que toute la galaxie financière scrute régulièrement la moindre de ses quintes, certains osant même prescrire une médication au grand malade. Ainsi de la Chine d’où est venu ce week-end la phrase de la semaine, Pékin enjoignant littéralement aux Américains de "ne plus vivre au-dessus de leurs moyens".

Simple règle élémentaire d’économie sociale et familiale sans l’observance de laquelle on court tout droit à la banqueroute, qu’on soit une nation, une entreprise ou une famille.

On aura tout vu ! Voilà en effet un pays, le plus peuplé du monde, qui a su très vite, au contraire de nombreux socialistes/communistes qui se sont évertués à un entêtement suicidaire, que révolution ne rimait pas avec misérabilisme et qui a inventé le socialisme de marché avec son concept "un pays deux systèmes".

Tant et si bien que malgré ses différents travers, il a régulièrement l’un des meilleurs taux de croissance au monde et qu’il a supplanté depuis peu le Japon comme deuxième puissance économique de la planète.

La leçon chinoise est d’autant plus cinglante que là-bas, ces véritables fourmis besogneuses savent être économes, au contraire des cigales yankees, aujourd’hui fort dépourvues mais qui font toujours dans la démesure et le gaspillage.

Cela dit, ce n’est point par charité chrétienne, ou taoïste si vous préférez, que les petits hommes jaunes rappellent à l’ordre Obama et ses compatriotes mais d’abord par pur intérêt capitalistique. Car les relations entre les deux Etats sont tellement imbriquées que la Chine pourrait être la première affectée par l’aggravement de l’état de santé du patient américain. N’est-elle pas son troisième marché pour les exportations et son troisième partenaire commercial ? N’est-elle pas, et de loin, son principal créancier, notamment le plus gros détenteur de ses obligations dans le monde avec quelque 1 160 milliards de dollars de bons de Trésor américains dans les coffres pékinois ?

Quand on pèse un tel matelas de billets verts d’ailleurs, pourquoi s’encombrer de scrupules démocratiques et droits-de-l’hommistes du moment qu’on est sûr que les Occidentaux n’iront jamais plus loin que de simples et molles déclarations face aux dérives d’un régime qui reste l’un des plus fermés et des plus répressifs sur la Terre.

Ousséni Ilboudo

L’Observateur Paalga

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