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SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL A KOUDOUGOU : Retour aux origines de la crise

Publié le jeudi 4 août 2011 à 04h05min

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Annoncé en juin dernier par le Premier ministre Luc Adolphe Tiao (LAT), le séminaire gouvernemental qui était initialement prévu pour se tenir en juillet 2011 aura finalement lieu du 4 au 5 août. Dénommé conseil de cabinet élargi et délocalisé, cet atelier qu’abritera la ville de Koudougou, chef-lieu de la région du Centre-Ouest, se penchera, entre autres, sur les préoccupations sociales et l’évaluation de la mise en œuvre des recommandations issues des missions gouvernementales. Outre les deux jours accordés à ce mini Conseil des ministres, contre un seul jour pour les précédents rendez-vous du même genre, le choix du lieu et de la période revêtent d’importants symboles qui traduisent l’importance accordée à cette rencontre.

Comme l’a souligné LAT à sa prise de fonction, la crise sociale qui a conduit au récent remaniement ministériel a poussé ses premières racines dans le chef-lieu de la province du Boulkièmdé avec les manifestations suscitées par la mort de l’élève Justin Zongo. Les premiers points de l’ordre du jour du séminaire font du reste la part belle à des questions liées aux mesures prises pour juguler la crise, et l’on se demande si, en choisissant la ville de Koudougou, le chef du gouvernement n’entend pas marquer un nouveau départ pour la ville.

Car, au cas où ce brainstorming gouvernemental permettrait une évaluation sans complaisance des efforts faits et de leurs impacts, et ferait des propositions courageuses et réalistes à même de favoriser un grand bond dans la résolution de la crise, la ville de Koudougou qui a été au début de la tension sociale pourrait être associée à sa fin définitive. Cette studieuse excursion à la tête de l’Etat coïncide également avec l’épuisement des 100 jours symboliques de la prise de service du Premier ministre, événement que ce dernier a tenu à entourer de la plus grande discrétion possible, allant jusqu’à refuser de le commémorer officiellement. Modeste, il estime qu’il n’a encore rien fait d’extraordinaire.

Le chef du gouvernement semble avoir préféré à la vanité des discours creux et languissants, le pragmatisme et l’efficience des bilans réflexifs sans tambour ni trompette. Si cet apparent discernement venait à être en phase avec la réalité, il serait exclu que ce Conseil de cabinet dont le lieu de déroulement fait penser à un retour aux origines de la crise, ne fût pas qu’une simple virée d’hommes d’Etat. Car, hormis le repas fraternel que compte offrir le maire de la ville à ses hôtes à la fin de leurs travaux, il n’est inscrit nulle part dans leur agenda de séminaristes, une autre activité évasive. Et ce serait tout à l’honneur du gouvernement de crise s’il parvenait à aller au-delà de ces gages de bonne foi pour traduire en actes concrets et en résultats palpables toute cette symbolique porteuse d’espoir que l’on peut lire dans ses intentions.

Toutefois, il se trouve que l’enfer est pavé de bonnes intentions, au point qu’Adolphe Tiao et son équipe ne seront jugés et appréciés qu’à l’aune de l’impact de leurs décisions et actions sur le quotidien de leurs concitoyens. Celui-ci mérite un état de grâce, certes, pour avoir remis l’exercice du bilan de son mandat à une date plus raisonnable. Mais, il n’empêche qu’il est des situations quasi stagnantes voire dégradantes sur lesquelles il doit se montrer plus regardant pour avoir pris des mesures et donné des instructions en vue de les améliorer. L’affaire Justin Zongo que le chef du gouvernement lui-même a identifiée comme ayant donné le top de départ de la crise et dont le dossier a été instruit, devait être jugée dans le mois de juillet.

La lente évolution de son rythme de traitement inquiète dans la mesure où son non-dénouement avant la reprise des cours ou son issue défavorable aux attentes du monde scolaire et estudiantin pourraient réveiller les vieux démons d’une crise dont l’accalmie pourrait au final se révéler trompeuse. Si les jeunes scolaires venaient à bouder les salles de classe pour reprendre le chemin de la rue, les risques que les autres franges de la population leur emboîtent le pas seraient d’autant plus grands que les mesures prises pour faire baisser le prix des produits de grande consommation ont du mal à être appliquées. Pire, certains produits comme le sucre ont vu leur prix passer du simple au double à la faveur du jeûne du ramadan. Même si son option pour la libéralisation des échanges, notamment commerciaux, ne permet pas à l’Etat burkinabè de contrôler les prix à sa guise, il n’en demeure pas moins qu’un accord engage les deux parties signataires.

Si donc les commerçants ont accepté, moyennant certaines faveurs, d’appliquer certains tarifs, ils doivent par conséquent consentir l’effort nécessaire pour vaincre leur cupidité en vue d’accomplir leur part du contrat. Et le gouvernement devra ouvrir le bon œil pour jouer son rôle régalien et empêcher que des individus mal intentionnés s’enrichissent sur le dos des pauvres citoyens. Il est évident que l’on ne change pas en 100 jours des habitudes et un système forgés pendant un demi-siècle. Il est tout de même important que nos gouvernants suivent minutieusement la mise en œuvre des mesures qu’ils prennent si tant est qu’ils veuillent qu’elles produisent les effets escomptés.

C’est un truisme de dire que les Burkinabè attendent beaucoup de ce gouvernement de crise, et il appartient aux autorités de leur fournir la preuve qu’ils peuvent placer leur espoir en elles. Le caractère de la crise que traverse le pays des Hommes intègres semble plus structurel que conjoncturel. Le séminaire de Koudougou ne devrait pas perdre cela de vue et il fera œuvre utile en jetant les bases d’une stabilité durable à travers des décisions pragmatiques et audacieuses.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 4 août 2011 à 08:17, par Ice En réponse à : SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL A KOUDOUGOU : Retour aux origines de la crise

    wait and see ! Nous espérons que pour une fois le gouvenement prendra des décisions honnêtes. Il ne suffit pas d’une rencontre médiatisée mais d’actes concrets pour rassurer le peuple. Il faut qu’l sache que NOUS SOUFFRONS au pays et qu’ils doivent enfin penser à nous.

  • Le 4 août 2011 à 12:26, par le fonctionnaire En réponse à : SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL A KOUDOUGOU : Retour aux origines de la crise

    ce seminaire est vraiment la bien venue ce que nous attendons surtout ce sont les indemnités de suggestion et de logement comme promis que le conseil règle ce problème une fois pour toute car on ne peut pas comprendre qu’un fonctionnaire travail sans ses indemnités de base

    • Le 4 août 2011 à 19:16, par Je vivote En réponse à : SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL A KOUDOUGOU : Retour aux origines de la crise

      Mon frère vous avez parfaitement raison.Qu’ils se penchent une bonne fois pour toute sur nos indemnités.On a maintenant assez des discours et des promesses.

      • Le 5 août 2011 à 08:08, par dayo En réponse à : SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL A KOUDOUGOU : Retour aux origines de la crise

        Hey, les indemnités c’est bien !et les salaires qui n’ont jamais connu une augmentation serieuse depuis la devaluation du cfa et la crise financiere qui continue de booster la vie chere ?au moindre depart en stage on vous coupe les indemnites et il parait que le calcul de la pension se fait sur le salaire de base.autant qu’on augmente les salaires de façon significative avec les indemnités en sus.affaire a suivre

  • Le 5 août 2011 à 15:49, par leregard En réponse à : SEMINAIRE GOUVERNEMENTAL A KOUDOUGOU : Retour aux origines de la crise

    C’est bien beau toute cette mise en scène. On aime le tapage au Faso. Est-il nécessaire que le gouvernement se déplace à Koudougou pour tenir un séminaire, fut-il gouvernemental ? Ce qui est important et qui n’a pas été porté à la connaissance du peuple c’est l’ordre du jour de ce séminaire. Qu’est-ce qui est sur la table du Gouvernement ? C’est cela la préoccupation du peuple. Il faut des actes concrètes qui touchent la vie des gens d’en-bas. Ceux qui paient la carburant, l’électricité, l’eau, leur nourriture au prix fort, qui paient les frais de soin , d’éducation de leurs enfants, etc. Ceux qui n’ont pas de revenues occultes que l’on cache parce qu’on sait soit même qu’ils sont condamnables !
    Aujourd’hui au Faso, l’urgent c’est de donner suite aux préoccupations du vécu quotidien de la population : chômage, érosion du pouvoir d’achat face aux prix des biens et services qui grimpent, l’insécurité, la disponibilité et l’accès aux services sociaux de base à un coût compatible avec le revenu réel, la fin de l’impunité et de la corruption érigées en système de gouvernance, etc.

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