LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

REVENTE DES TIMBRES A OUAGADOUGOU : Une activité de proximité fort utile

Publié le mardi 19 juillet 2011 à 02h30min

PARTAGER :                          

On sent leur importance lorsque vient l’heure d’établir des actes administratifs ou judiciaires. Nous parlons là des timbres fiscaux et communaux qui nous rendent chaque jour des services énormes. Lesquels timbres peuvent être obtenus soit au niveau des services habilités ou auprès des vendeurs détaillants. Nous sommes allés à la rencontre de ces derniers qui exercent leur activité aux alentours de la DGTTM (Direction générale du transport terrestre et maritime) et du Commissariat central de police de Ouagadougou. Comment ces vendeurs de timbre mènent leur activité ? Combien gagnent-ils en fin de journée ? Pourquoi ce choix ? Depuis combien de temps sont-ils dans ce domaine ? Autant de questions dont les réponses se trouvent dans ce reportage qui est une immersion dans le milieu des revendeurs de timbres.

"J’ai payé hier (mardi 14 juin 2011) 20 timbres fiscaux au Trésor public et d’hier à aujourd’hui j’ai pu vendre 8 timbres". Ces propos sont de Mohamed, rencontré le mercredi 15 juin aux environs de 10 h au Commissariat central de police de Ouagadougou, sur son tricycle nous montrant les 12 timbres restants. Une situation qui illustre bien le métier combien difficile qu’exercent ces jeunes revendeurs de timbres.

Une activité pour éviter le désoeuvrement

En effet, Parsoco Atiébarzan, venu de sa ville natale de Pô où il exerçait le métier de parqueur et n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école, nous a confié qu’il mène cette activité de vente de timbres à défaut d’un emploi décent. Il est même très amer : "Je mène cette activité parce que je n’ai pas de boulot, car assis à la maison, les gens te traiteront de tous les noms d’oiseaux et comme il n’y a pas de sot métier, j’ai donc décidé de mener cette activité pour subvenir à mes besoins." Cependant, il reconnaît que c’est un métier qui lui permet de se prendre en charge. Parsoco Atiébarzan dit payer par jour entre 1 000, 2 000 et 3 000 F CFA de timbres fiscaux au Trésor public et une fois au lieu de travail, il ajoute 50 F CFA sur chaque timbre vendu. Ce surplus, dit-il, lui permet en fin de journée d’avoir un bénéfice de 1000 F CFA.

Pour lui, cette somme de 1000 F CFA, il la gagne quand il y a la clientèle. Sinon, c’est 400 F CFA les jours où la clientèle n’est pas au rendez-vous. Son camarade, juste à coté de lui, Michael Bayougan, abonde dans le même sens relevant que c’est par manque de travail qu’il s’est retrouvé dans ce milieu. Lui aussi, natif de Pô, confie que c’est une activité très aléatoire. Michael Bayougan et Parsoco Atiébarzan, qui totalisent chacun plus d’un an d’activité dans la vente des timbres, pensent la quitter dès que l’occasion d’un meilleur emploi va s’offrir à eux. En attendant, ils reconnaissent que ce métier leur a permis de sortir de la précarité et même de mériter aujourd’hui le respect de l’entourage. Seydou Kanoté, vendeur de timbres devant la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM), a fait savoir qu’il achète les timbres de 200 F CFA et de 1 000 F CFA et les revend avec un surplus de 50 F CFA.

Toute chose qui lui permet de gagner 500 F CFA et 1 000 F CFA comme bénéfice lorsque les affaires marchent. Lui également s’approvisionne au Trésor public. Contrairement à ses amis installés aux abords du Commissariat central, il dit gagner 1 500 ou 2 000 F CFA les jours où les affaires sont très florissantes. Il dit lui aussi mener cette activité faute d’emploi et que le bénéfice récolté lui permet de subvenir à ses besoins.
Structurer le secteur pour une meilleure entrée des recettes fiscales

Si nos interlocuteurs reconnaissent le caractère difficile du métier, tous sont unanimes que c’est un métier qui nourrit son homme. Ils affirment que de nos jours, avec ce qu’ils gagnent, ils arrivent chacun à se prendre en charge. Aux dires de nos revendeurs de timbres, les gens les négligent alors qu’ils rendent d’énormes services aux clients en leur évitant les longs déplacements. Car, disent-ils, avec eux, les clients ont les timbres sur place même s’ils reconnaissent que certains leur demandent de ramener le surplus par timbre à 25 F CFA. Issiaka Zongo venu faire les dossiers d’immatriculation de sa mobylette à la DGTTM a souligné avoir acheté ses timbres sur place, car cela lui facilite les déplacements.

"Si je dois aller au Trésor pour payer les timbres, je payerai le parking pour ma moto. Il y a également le carburant. Donc tout cela fait que je préfère les payer avec les revendeurs sur place ici. Car cela permet d’économiser mon argent en payant 50 F CFA seulement comme surplus et en plus, il y a les risques d’accidents sur la route", a-t-il fait savoir. Elisé Zongo, juriste stagiaire rencontré devant la porte d’entrée du service des légalisations du Commissariat central, est venu pour une attestation de vente de sa moto. Ce dernier a confié avoir payé un timbre de 200 F CFA qu’il a eu à 250 F CFA avec les revendeurs. Il a souligné avoir payé sur place pour ne plus avoir à se déplacer. A l’image de Issiaka Zongo, Elisé Zongo a dit apprécier le service que les revendeurs rendent aux clients, car cela leur évite le désoeuvrement même s’il désapprouve le surplus de 25 et 50 F CFA.

Selon lui, si ces jeunes sont amenés à exercer cette activité, c’est par manque de boulot. D’où cette suggestion à l’Etat de leur trouver des sites aménagés pour leur commerce afin, dit-il, qu’ils puissent vendre au prix normal et bénéficier des commissions. Pour lui, l’Etat burkinabè gagnerait à structurer ce secteur informel afin de mieux canaliser ses recettes fiscales.

Ambèternifa Crépin SOMDA (Collaborateur)

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)