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Billy Billy accuse « l’équipe nationale de la FranceAfrique »

Publié le mercredi 6 juillet 2011 à 01h37min

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En marge de la 7ème édition du festival Ciné droit libre qui s’est tenue à Ouagadougou du 29 juin au 3 juillet 2011, un spectacle grand public dénommé « Le concert des grandes gueules », a réuni le samedi 2 juillet dernier dans la capitale burkinabè, des rappeurs engagés qui usent de leur talent artistique pour, ont-ils affirmé, éveiller les consciences africaines. Didier Awadi du Sénégal, Billy Billy de la Côte d’Ivoire, Smockey et Faso Kombat du Burkina Faso se sont retrouvés devant un public important, essentiellement composé de jeunes, que la Maison du peuple a eu du mal à contenir, pour dénoncer avec force les atteintes aux droits et libertés de l’homme, de même que le manque de démocratie et la mauvaise gouvernance en Afrique.

Après sa prestation très attendue par le public, Billy Billy dont le pays la Côte d’Ivoire vient de sortir de la plus grande crise sociopolitique de son histoire, a bien voulu accorder cet entretien à fasozine.com

Fasozine.com : C’est la première fois que tu viens au Burkina Faso ?

Billy Billy : Oui c’est la première fois et c’est un honneur pour moi d’être au Burkina Faso. Je suis très content de l’accueil qui m’a été réservé. Je n’imaginais pas que la jeunesse burkinabè connaissait autant mes tubes.

Qu’est-ce qui t’a motivé à participer au festival Ciné droit libre ?
Le combat du festival Ciné droit libre rejoint le celui que je mène chaque jour à travers mes textes. Mon prochain album par exemple pointe un doigt accusateur sur ce que j’appelle « l’équipe nationale de la FranceAfrique ». Je m’en prends notamment aux dirigeants africains qui, dans de prétendues relations Nord-Sud, dilapident les richesses de l’Afrique. J’essaie d’amener les jeunes comme moi à se battre d’une manière ou d’une autre pour faire changer les choses. La révolution ne peut venir que de la jeunesse. On ne refuse pas la coopération avec les autres continents, mais si l’Afrique veut vraiment se développer, il est impératif que ses fils préservent les valeurs et les richesses qui sont les leurs.

Crois-tu au changement par la musique ?

J’y crois bien sûr ! La musique, c’est la culture et je ne doute aucunement du pouvoir de la culture sur le changement des mentalités.

Comment as-tu vécu la crise en Côte d’Ivoire ?
Je tiens à dire une seule chose : personne ne souhaite vivre une guerre comme celle qu’a vécue la Côte d’Ivoire. C’est tellement triste de voir des peuples d’une même nation s’entretuer. Et je suis sûr qu’après les massacres auxquels les ivoiriens ont assisté, aucun d’eux ne veut revenir sur les questions de groupes ethniques. A un moment donné en Côte d’Ivoire, la passion avait pris le dessus, si bien qu’on ne voulait plus réfléchir, mais aujourd’hui, je peux vous assurer que personne ne veut allumer ne serait-ce qu’une petite étincelle.

En ce qui me concerne personnellement, j’assume tout ce qui s’est passé, je ne veux pas que l’on s’apitoie sur mon sort… J’ai choisi d’être un artiste qui dit ce qu’il pense et je suis conscient des conséquences que cela peut engendrer. Si on m’a frappé ou violenté, je l’assume. Mais je préfère ne pas m’étaler sur ce sujet. (Il se dit en effet que Billy Billy a été molesté par les forces de sécurité de l’ex président ivoirien Laurent Gbagbo, en raison de ses phrases tranchées et ses critiques acerbes à l’endroit du pouvoir de l’époque, ndlr)

Comment apprécies-tu la nouvelle Côte d’Ivoire avec Alassane Ouattara ?

D’abord, je tiens à souligner que Billy Billy reste Billy Billy. Ce n’est pas parce qu’on a changé de régime que je vais me taire. Tant qu’il y’aura des problèmes, on va les dénoncer. Pour l’instant, les choses semblent aller pour le mieux en Côte d’Ivoire, le pays est en pleine reconstruction et c’est encourageant. Mais je le répète, tant que les choses iront bien, on va applaudir, tant qu’elles iront mal, on va maudire.

Penses-tu qu’Alassane a réellement gagné l’élection ?

Une chose est sûre, une personne qui connaît bien la Côte d’Ivoire sait que de Bouaké jusqu’à Kong, une personne s’appelant Gbagbo Laurent ne peut pas être élu chef de classe à plus forte raison être choisi comme président de la République. Donc, il a beau parler de cas de fraudes dans cette région, Gbagbo ne pouvait pas y gagner l’élection.

Tu as critiqué l’article 48 en Côte d’Ivoire, que penses-tu de l’article 37, qui limite à deux le mandat présidentiel au Burkina Faso ?

J’avoue ne pas bien connaître le paysage politique burkinabè. Cependant, je pense qu’il n’y a pas de véritable opposition au Burkina Faso. Les partis politiques de l’opposition existent juste pour faire diversion. Si Blaise Compaoré est toujours au pouvoir, c’est que les Burkinabè veulent qu’il y soit. Si les Burkinabè estiment que le président ne fait plus leur affaire, c’est à eux de le faire partir. Il faut prendre l’exemple sur le peuple égyptien ou tunisien.

Comment peut-on qualifier ton style musical ?

Je fais du Slam ivoirisé/africanisé ou encore du Slam nouchi ou Afroslam. Je ne sais pas si c’est moi qui ait créé ce style musical mais c’est en tout cas le moyen que j’ai trouvé pour exprimer mes pensées et mes opinions. Le titre de mon prochain album est « Compte rendu ». Après « Nouvelles du pays » mon 1er album, « Réunion de famille » le 2ème, il est temps de faire un compte rendu, et c’est pour très bientôt !

Nina Yougbaré (Stagiaire)

Fasozine

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