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Elections législatives et municipales couplées de 2012 : « Il faut nécessairement les reporter », dixit Abdoul Karim Sango

Publié le lundi 4 juillet 2011 à 01h14min

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En 2012, le Burkina va organiser pour la première fois de son histoire des élections législatives et municipales couplées. De l’inédit. Donc les difficultés ne manqueront pas. Pour apprécier la capacité des acteurs à bien mener cette expérience nouvelle, le centre pour la gouvernance démocratique (CGD) mené une étude dont la restitution a eu lieu le vendredi 1er juillet 2011 à Ouagadougou.

L’étude a été confiée à Abdoul Karim Sango, juriste constitutionnaliste et ancien membre de la CENI. Pour sa première fois de voire le couplage d’une élection nationale (législative) et d’une élection locale (municipale), il devait s’interroger sur les moyens techniques disponibles, les insuffisances de notre processus électoral et proposer des recommandations afin de réussir le scrutin. De ce fait, l’étude était intitulée : les acteurs du processus électoral burkinabè face aux défis des élections couplées de 2012 : enjeux, défis et perspectives.
Les enjeux des élections locales sont plus perceptibles pour les populations. Les risques de conflits potentiels sont tout aussi importants si le processus est mal mené.

Pour bien conduire l’étude, l’expert a séjourné près d’une semaine au Niger pour s’inspirer de l’expérience de ce pays qui a organisé 6 élections en une année dont une élection couplée (présidentielle et législative). A l’issue de cette étude, un certain nombre de conclusions s’imposent. La composition de la CENI doit être revue. Sa situation actuelle n’inspire pas confiance. Cet état de fait peut « entrainer des contestations qui ne sont pas fondées mais qui reposent sur le fait qu’on a des doutes sur la commission », souligne Abdoul Karim Sango. Le financement n’est pas adapté. Le fichier électoral est inapproprié. Des cartes d’électeur illégales. A huit mois des élections, on en est à se s’il faut un nouveau recensement électoral. Le délai est donc trop court pour réussir une bonne élection dans ces conditions.

De recommandations, il ressort que le choix des membres de la CENI ainsi que de ses démembrements doit reposer sur la compétence technique et morale en plus de leur appartenance partisane qui est le seul critère actuellement. Il faut trouver des gens capables de se mettre au dessus de la mêlée et de voir l’intérêt de la communauté.

Autre problème à résoudre au plus tôt : l’autonomisation financière de l’institution. Actuellement, elle est trop dépendante du gouvernement. Ce qui ne lui permet pas de planifier les étapes du processus électoral et l’exécution à bonne date, sans le bon vouloir du gouvernement. Le fichier électoral doit être revu. Seule la CNIB devrait servir de pièce pour s’inscrire. La production d’une carte d’électeur fiable et le renforcement des capacités des membres des bureaux de vote doivent aussi être des priorités.

La politisation de l’administration publique ainsi que celle des chefs coutumiers sont des entraves au bon fonctionnement du processus. Du moment où ils se considèrent comme des citoyens au même titre que tout le monde, Karim Sango propose de les maintenir dans le processus. « De façon cynique, ils finiront par se discréditer eux-mêmes », se convainc-t-il.

Au regard de ces préalables à lever, la tenue des élections en mai 2012 semble impossible. « Nécessairement il faut les reporter, au moins six mois plus tard si on veut avoir de très bonnes élections », déclare-t-il, soutenu par les participants de la rencontre, composés de représentants de partis politiques, de la société civile ainsi que de la presse. Le report implique de fait une prorogation du mandat des députés.

La société civile s’est suffisamment discréditée de par ses positions partisanes et non fondées sur le bien-être des populations qu’elle est sensée défendre au point que des voix s’élèvent pour demander son exclusion de la composition de la CENI. Les membres de la société civile « doivent prendre conscience qu’à l’allure où ils vont, ils ne seront plus un partenaire crédible pour quelqu’un s’ils ne revoient pas leur copie », ajoute Pr Augustin Loada, directeur exécutif du CGD. Néanmoins, tous ont demandé le maintien de la société civile, mais ont souhaité un meilleur encadrement.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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