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Sociétés d’Etat à caractère stratégique : Un des poumons de l’économie burkinabè

Publié le mercredi 29 juin 2011 à 02h03min

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La 19e Assemblée générale des sociétés d’Etat (AG/SE) se profile à l’horizon. Ses travaux devraient permettre de faire le point du bilan de santé des entreprises étatiques, parmi lesquelles, l’ONEA, la SONABEL et la SONABHY qui sont entre autres, des entités à caractère stratégique. Avant ce grand examen qui débute demain à Ouagadougou, il nous a paru utile de jeter un regard sur la gestion des ces sociétés d’Etat stratégiques et leur apport à l’économie nationale.

L’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA), la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL), la Société nationale des postes (SONAPOST), la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY) etc. sont entre autres, des entreprises dont les rapports de gestion et les états financiers, exercice 2010, seront examinés. De façon générale, la plupart de ces sociétés d’Etat à caractère stratégique, ont connu une situation assez stable, malgré les effets de la crise économique, au plan international et la crise sociale qui a secoué le Burkina Faso, il y a quelques mois.

En effet, à la dernière Assemblée générale des sociétés d’Etat (AGSE) en juin 2010, l’examen des rapports de gestion a démontré que celles-ci avaient connu une certaine prospérité, malgré un contexte économique difficile. La 19e AG/SE semble emprunter le schéma d’il y a un an, à savoir qu’elle va s’ouvrir dans un contexte mondial marqué par la récession économique et des crises politiques, institutionnelles, non sans conséquences sur le processus de développement des différents pays. Au Burkina Faso, la crise au sein de l’Office national des télécommunications (privatisé), a fini par faire comprendre que rien n’est gagné d’avance, en termes de privatisation. Les désagréments causés, suite au bras de fer entre travailleurs et responsables de l’entreprise ont, sans doute, eu des répercussions négatives, en termes de recettes.

La SONABHY a quant à elle, réussi à faire face à la pénurie nationale de gaz et à la fluctuation du prix des hydrocarbures. Elle a, en outre, réussi à inverser sa situation de déficitaire en 2008, en situation excédentaire en 2009. L’embellie s’est-elle poursuivie en 2010 ? Rien n’est moins sûr, quand on sait que le blocage des prix à la pompe pour contrer l’augmentation du coût du baril sur le marché international, a engendré, aux dires du ministre en charge de l’Industrie, Arthur P. Kafando, un manque à gagner au niveau de la SONABHY, estimé à 9 055 586 606 FCFA. Qu’à cela ne tienne, la société devrait dégager un bénéfice, somme toute, acceptable.

La bonne gestion des sociétés d’Etat en 2009, était entre autres, liée au fait que ces entreprises avaient réussi à contenir et maîtriser les charges globales d’exploitation qui se sont accrues, entre 2008 et 2009, de 1,7%. En son temps, leurs dirigeants et l’ensemble de leur personnel avaient été félicités par l’ex-Premier ministre, Tertius Zongo.

Pour ce qui est de la charge du personnel, l’ancien chef du gouvernement, avait exhorté lesdites sociétés à déployer davantage d’efforts, en vue de maîtriser leurs charges. Certaines sociétés étatiques ont des effectifs pléthoriques qui ne sont pas sans conséquence sur leurs charges. Un appel avait été lancé pour inverser la tendance, au profit de l’accroissement des investissements et de la création de richesses.

Apport des sociétés d’Etat à l’économie nationale Les sociétés d’Etat, de façon générale, contribuent pour beaucoup, à l’économie burkinabè. En effet, ces sociétés engrangent pour la plupart, des bénéfices importants. Le rapport de synthèse du secrétariat de la 18e Assemblée générale a fait ressortir que toutes les Sociétés d’Etat ont présenté des résultats nets bénéficiaires globaux de 55,635 milliards de francs CFA, avec un chiffre d’affaires en hausse de 7%. La valeur ajoutée, en termes de contribution des sociétés à la formation du Produit intérieur brut (PIB) est passée de 42,575 milliards en 2008, à 88, 847 milliard de FCFA, en 2009, soit une croissance de 109%.

Les dividendes versés à l’Etat pour l’exercice 2009 se sont élevés à 1,025 milliard de FCFA, contre 1,224 milliard de FCFA en 2008. Soit une baisse de 19%, due à un report négatif épongé par la SONABHY. En termes d’impôts et taxes, on observe une hausse des chiffres à hauteur de 142% : la contribution des Sociétés d’Etat s’est élevée à 9,551 milliards en 2009 contre 3,94 milliards de FCFA en 2008. A la lecture des différentes statistiques, nous pouvons dire que les sociétés d’Etat ont un apport important au budget de l’Etat et partant, à l’économie nationale.

Si les entreprises d’Etat avaient été privatisées ?

Des entreprises d’Etat, à l’image de l’ONEA, la SONABEL, la SONABHY ont échappé à la vague de privatisation initiée par l’Etat burkinabée. Les raisons évoquées étaient, entre autres, le caractère vital et stratégique de ces sociétés et leurs performances actuelles. La non privatisation de ces entreprises avait été jugée par bon nombre de Burkinabè comme salutaire. En effet, les privatisations précédentes avaient, non seulement freiné l’essor de l’économie nationale, mais s’étaient également soldées par le renforcement de la vulnérabilité du Burkina Faso vis-à-vis des pays du Nord. On a également évité, ce faisant, les compressions massives d’employés et la non sécurisation des postes de travail par les nouveaux repreneurs.

Des désaccords entre les nouveaux patrons et leurs salariés risquaient aussi d’éclater, à l’exemple du conflit qui a opposé employés et responsables de l’ONATEL (dont Maroc Télécom est l’actionnaire principal). Les trois entreprises ci-dessus, citées n’auraient pas eu les résultats escomptés en 2009, si elles avaient toutes été privatisées. En outre, l’élément le plus important est que les bénéfices engrangés, si minimes soient-ils, auraient plus profité aux nouveaux acquéreurs étrangers, qu’à l’Etat burkinabè. En somme, le gouvernement a pris une sage décision en veillant sur ces entités stratégiques, considérées comme son domaine de souveraineté. C’est aussi la marque d’un Etat responsable qui assure ses missions régaliennes en travaillant à prendre en compte les aspirations réelles des populations des villes et des campagnes.

Trabzanbga ZOUNGRANA (Trab_zoung@yahoo.fr) & Souleymane KANAZOE

Sidwaya

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