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DELESTAGES AU SENEGAL : Wade entre électrochoc et court-circuit

Publié le mercredi 29 juin 2011 à 02h02min

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En moins d’une semaine, le Sénégal est en proie à des manifestations de rue violentes. Le 23 juin dernier, des militants de partis politiques d’opposition et des membres d’organisations de la société civile sont descendus dans les rues de Dakar pour manifester violemment contre le projet de ticket présidentiel de Abdoulaye Wade qui y a finalement renoncé, au regard de la très forte mobilisation populaire. Ce début de semaine, le Sénégal est encore en ébullition. Cette fois, il s’agit de manifestations tant à Dakar que dans sa banlieue contre les coupures intempestives d’électricité. En effet, ceux qui vivent cette situation inconfortable disent en avoir marre au point de s’en prendre, au cours de leur manifestation, aux locaux des agences de la compagnie nationale d’électricité et à des édifices publics. Les Sénégalais nous montrent donc un visage nouveau.

En dehors de leur virulence verbale, ils se livrent très rarement à des actes de vandalisme au cours de leurs manifestations. On avait coutume d’entendre que les Sénégalais refusaient de payer des factures d’électricité pour cause de coupures intempestives, mais jamais on n’avait vu de pareilles levées de boucliers. Face à la persistance de la situation, ils sont donc passés à la vitesse supérieure. Ils ont en cela été aidés par la contestation politique de la semaine dernière qui a mis le pouvoir dans une posture difficile. En reculant face à son projet de ticket présidentiel, Wade a certes fait preuve de sagesse, mais il s’est mis en même temps en position de faiblesse face à l’opposition et à la société civile.

En mai 2009, il a confié la gestion de l’énergie à son fils Karim qui s’est retrouvé hyper ministre avec les portefeuilles de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et enfin des Infrastructures. Manifestement, ce dernier a du mal à réussir sa mission vu que la crise énergétique s’est même aggravée. Que va faire Gorgui pour calmer les manifestations qui prouvent que l’énergie est aussi vitale que l’eau et les denrées de première nécessité ? Va-t-il lui-même prendre en charge le portefeuille de l’énergie comme c’est souvent le cas dans certains pays avec, par exemple, le ministère de la Défense quand il y a un malaise dans l’armée ?

En attendant, le constat que l’on fait est que Wade a chaud. Il est pris entre une contestation politique qui exige son renoncement à la présidentielle de février 2012, voire son départ du pouvoir avant l’heure. Un printemps arabe version subsaharienne qui ne dit pas son nom. Et c’est l’ironie du sort pour celui qui, il n’y a pas longtemps encore, conseillait à Kadhafi de tirer les leçons de la révolution arabe en quittant le pouvoir. Contestations sociales et contestations politiques se sont jointes pour constituer un mélange détonant qui a toutes les chances de pourrir le mandat de l’homme du Sopi. Aujourd’hui, il est pris entre deux risques : celui de l’électrochoc et celui du court-circuit.

Il doit impérativement résoudre le problème de la crise énergétique pour ne pas faire le lit à un mécontentement généralisé. Ailleurs, on a connu les émeutes du pain, consécutives à l’augmentation du prix des produits de première nécessité. Bon nombre de pays africains avaient alors eu leur lot de manifestations violentes en 2008. Les crises énergétiques n’avaient jamais jusque-là, donné lieu à des violences de rue d’une telle gravité. Le Sénégal est bien parti pour se singulariser dans ce sens avec, à la clé, un coup dur pour son développement. On ne cessera jamais de dire que l’énergie est la sève nourricière du développement. L’inconfort politique semble désormais garanti pour Wade, pris entre le marteau et l’enclume avec ces remous itératifs sur les plans social et politique.

C’est à se demander comment il manœuvrera pour sortir indemne d’une telle situation. Mais Wade est capable à tout moment, pour son bonheur ou pour son malheur, de sortir de son chapeau une autre ruse pour les Sénégalais.

Séni DABO

Le Pays

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