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Ministère de l’Economie et des Finances : Le travail a repris mais…

Publié le vendredi 24 juin 2011 à 00h51min

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Le bras de fer entre le gouvernement et les travailleurs de la régie de dépenses du ministère de l’Economie et des Finances est en train de connaître son épilogue, du moins à en croire la levée du mot d’ordre de sit-in enclenché depuis le 13 du mois courant. En effet, les parties en conflit ont décidé chacune de lâcher du lest. Le gouvernement, d’une part, en optant d’aller au-delà de ses positions initiales ; et le comité CGTB-Finances, d’autre part, en acceptant de reprendre le travail ce jeudi 23 juin 2011 malgré les propositions, en deçà de ses attentes, qu’il a reçues. Ainsi donc, les travailleurs de l’Economie et des Finances, section gestion de la dépense publique, ont déserté la bourse du Travail pour regagner leurs bureaux. Nous vous proposons le tour que nous avons effectué pour recueillir les sentiments des uns et des autres.

La crise au sein du ministère de l’Economie et des Finances (MEF), débutée le 13 juin 2011, a fait pendant 10 jours couler beaucoup d’encre, de salive et de sueur. En effet, les travailleurs de la régie de la dépense nationale (logées au building, à la DGCOPP) étaient en débrayage pour revendiquer la satisfaction par leur plate-forme, constituée des points suivants : l’harmonisation et la répartition équitable des motivations ; l’instauration d’une indemnité de responsabilité financière pour tous les agents ; l’élargissement et le relèvement de l’indemnité de logement à tous les travailleurs du ministère ; et le départ sans condition et sans délai de la police des locaux du MEF.

C’est à la suite d’un déficit de dialogue entre, d’une part, le ministre Lucien Marie Noël Bembamba et, d’autre part, la Confédération générale des travailleurs du Burkina, section du ministère des Finances (CGTB), que les financiers ont décidé d’observer un sit-in de 3 heures le lundi 13 juin dernier, à en croire le secrétaire général du comité CGTB-Finances.

C’est alors que la manif a été réprimée à coups de gaz lacrymogènes par la CRS, ce qui a contraint les frondeurs à trouver refuge à la bourse du Travail. S’ensuit alors un bras de fer où les deux parties se rejettent mutuellement la faute.

Le MEF d’un côté trouvant que les revendications des travailleurs ne sont pas réalistes et de l’autre les frondeurs qui trouvent que le grand argentier fait dans le dilatoire pour perpétuer l’injustice au sein du ministère. Le dialogue est renoué le jeudi 16 juin, mais les deux camps se sont quittés dos à dos, chacun avec le sentiment que l’autre était animé de mauvaise foi.

De retour à la table de négociations le lendemain, les responsables syndicaux du ministère rejettent en bloc les propositions du gouvernement, estimant l’écart par rapport à leurs attentes très grand.Leur vis-à-vis leur demande de faire des contrepropositions et de surseoir à leurs manifestations, en attendant le dénouement de la situation. Après avoir rendu compte à leur base, les leaders syndicaux ont déposé un nouveau document de contreproposition sans toutefois mettre fin à leur manif, soutenant qu’ils n’avaient encore rien de concret.

Le mercredi 22 juin 2011, comme prévu, les tractations au ministère de la Fonction publique accouchent enfin de quelque chose de consensuel. Chacun a mis de l’eau dans son vin. Et ce jeudi 23 juin 2011, les usagers du building des Finances étaient très heureux de constater la reprise effective des activités de ceux qui gèrent « leurs dossiers ».

Mais quelle est la substantifique moelle de cet accord qui a vraisemblablement sonné le glas des manifestations des financiers ? Nous avons rencontré Moussa Nabi Ouédraogo, responsable de la communication du comité CGTB-Finances, et voici son commentaire :

« Nous avons effectivement été reçus, comme c’était prévu, par le ministre de la Fonction publique, son collègue de l’Administration territoriale et notre patron, Lucien Bembamba. Nous avons discuté de notre plate-forme, point par point, et chacun a fait des concessions. Le gouvernement a pris des engagements et un protocole d’accord a été signé, à la satisfaction de tout le monde.

Mais il faut reconnaître que ces acquis sont en deçà de nos attentes. Pour la question de l’indemnité de logement, par exemple, le gouvernement s’est engagé à la reverser dans le cadre des rencontres gouvernement/syndicats, pour qu’elle soit traitée avec celle des autres corps de la Fonction publique. En ce qui concerne l’indemnité de responsabilité financière, elle a connu une évolution mais cela reste insuffisant par rapport à nos besoins.

Nous avons aussi eu l’autonomie dans la gestion de notre fonds commun. Les autorités ont accepté notre principe de répartition, mais c’est le temps d’exécution que nous leur avons concédé. Nous sommes conscients des efforts faits par le gouvernement. Et comme on le dit, c’est bon mais ce n’est pas arrivé ; mais dans la lutte syndicale, il faut savoir souvent céder pour mieux discuter. »

Le vrai problème dans cette crise, c’était le manque de dialogue, s’accordent à dire l’ensemble des travailleurs. Le retour dans les bureaux ne signifie pas que la crise est terminée, soutient Nabi, qui précise d’ailleurs que c’est un repli stratégique. Selon lui, le dialogue étant renoué, ils inscrivent leur lutte dans le long terme, car, continue-t-il, il y a toujours des écarts entre les acquis et leur plate-forme revendicative. « Nous invitons par ailleurs nos militants à rester en éveil pour ne pas se faire avoir après cette reprise. Le gouvernement en tous les cas a jusqu’à fin octobre pour tenir ses promesses », poursuivit Nabi Moussa.

« Nous avons regagné les bureaux »

De retour du ministère de la Fonction publique où s’est tenue la rencontre avec la délégation gouvernementale, les responsables syndicaux des Finances ont fait le point aux travailleurs qui attendaient à la bourse du Travail jusque tard dans la soirée de mercredi. Après des échanges bien nourris, il a été convenu de la reprise du travail dès hier, jeudi.

Des rumeurs ce jeudi matin faisaient état des soupçons des financiers que leurs représentants avaient cédé facilement face au gouvernement. Le secrétaire général de la CGTB-Finances et son responsable de communication sont formels là-dessus : « Lorsque nous sommes revenus de la rencontre avec les ministres, nous avons fait le point à nos militants qui nous ont largement félicités pour notre méthode, notre patience et cette nouvelle stratégie de lutte que nous avons opté d’adopter.

Nos militants conviennent avec nous que c’est un changement de stratégie et non un revirement », explique Nabi. Et Abdoulaye Derra, SG du comité CGTB-Finances, que nous avons joint au téléphone de continuer : « De part et d’autre, des concessions ont été faites et c’est cela aussi, la lutte syndicale. Nos militants l’ont d’ailleurs bien compris. C’est pourquoi vous verrez que les différents bureaux ont retrouvé leurs occupants habituels.

Et puis, c’est parce qu’au départ nous n’avons pas été écouté, sinon on n’en serait pas arrivé là. Mais comme le dialogue est rétabli, nous travaillerons tout en continuant les négociations. C’est une méthode de revendication. » Est-ce que les ex-frondeurs se sont assurés que certains d’entre eux, qui étaient l’objet de menaces de licenciement ou de mutation, ne risquent plus rien ?

Selon le responsable de communication de la CGTB-Finances, cette question a fait l’objet de discussions avec la délégation gouvernementale. Si un des leurs était limogé ou muté pour des raisons réelles et avérées, ils n’auraient pas à s’impliquer. Mais si cela est en relation directe avec leurs luttes, cela est clair qu’ils se feront entendre. Et le gouvernement s’est engagé à maintenir un climat serein et a assuré qu’il n’y aurait pas de chasse aux sorcières.

Notre tour au building où siège Lucien Marie Noël Bemebamba nous a d’ailleurs permis de mesurer la satisfaction des travailleurs de retour de la bourse du Travail. De façon générale, les financiers sont contents de retrouver leurs bureaux « après 10 jours de lutte ». Hamed Sorry s’exprime : « Notre syndicat a abattu un travail de titan que nous avons salué hier à la Bourse du Travail.

C’est vrai que ce qu’il a obtenu est en deçà de nos attentes, car l’équité que nous recherchons tant n’est encore effective. Mais c’est mieux que l’on revienne travailler tout en poursuivant les négociations. C’est une lutte de longue haleine. » Son sentiment est partagé par Estelle Bayili qui s’est dite fière de son syndicat. Selon elle, « ce qu’ils ont eu en 10 jours de lutte, c’est déjà pas mal. Maintenant, il faut laisser aux autorités le temps nécessaire pour tenir leurs promesses tout en gardant l’œil ouvert ».

Et David Lompo de renchérir qu’il n’était pas totalement satisfait des engagements pris par le gouvernement, mais comme « on est en lutte syndicale, c’est compréhensible que l’on lâche du lest pour dialoguer ». Fanta Kafando n’était pas à la bourse du Travail lorsque les responsables syndicaux sont revenus du ministère de la Fonction publique. Mais « les dires des gens » la laissent perplexe. Cela dit, elle trouve que la reprise du travail est une très bonne chose, mais prévient qu’il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers.

Du côté des autorités de l’Economie et des Finances, on préfère garder le silence sur le protocole d’accord signé mercredi dernier avec les grévistes. Espérons que dans les prochains jours le grand argentier du Burkina daignera délier la langue.

M. Arnaud Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 24 juin 2011 à 09:19 En réponse à : Ministère de l’Economie et des Finances : Le travail a repris mais…

    Mais ces gens-là prennent les Burkinabè pour des cons ou quoi ? Pourquoi ils ne veulent pas dire ce qui a été conclu ? On les a soutenu et maintenant qu’ils signent un accord, on ne dit rien ; alors que pendant le conflit, il y a des gens dont les dossiers n’ont pas été traités !
    Vous avez peur qu’on sache combien vous avez obtenu ?

  • Le 24 juin 2011 à 16:11, par passektalle En réponse à : Ministère de l’Economie et des Finances : Le travail a repris mais…

    Bembamba le tyrandoit partir du MEF car il est ministre parceque beau du president ; je sais que vs nallez pas publiez car ce ne pas le premiere fois que vs prenez les feuille de bembamba pour denigre les syndicalistes ; un agnet du tresor

    • Le 24 juin 2011 à 19:47, par Beurk En réponse à : Ministère de l’Economie et des Finances : Le travail a repris mais…

      Etes vous sûr d’être un agent du trésor ?Quelle tristesse de vous lire mais j’ose espérer que vous ne maniez pas notre argent comme vous maniez la langue de Molière d’autant qu’on s’y perd en conjecture de votre manque de rigueur intellectuelle.C’est tout simplement lamentable et dire que vous passez des concours.Ah oui....j’avais oublié qu’on achete aussi les concours au Burkina Faso.Quelle honte

  • Le 24 juin 2011 à 19:05 En réponse à : Ministère de l’Economie et des Finances : Le travail a repris mais…

    Bel article de l’observateur paalga !

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