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CONDAMNATION DE BEN ALI : Un procès au rabais !

Publié le mercredi 22 juin 2011 à 03h07min

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Sous la pression de la rue, les autorités de la transition tunisienne ont donc cédé. Ben Ali et son épouse, exilés depuis janvier dernier en Arabie Saoudite, viennent d’être condamnés par contumace à 35 ans de prison et à une amende de 45 millions d’euros. Evidemment, la nature même de cette condamnation lui a valu cet accueil timide, sinon fade, de la part du peuple tunisien. Il est une tradition que les condamnations par contumace ne mobilisent pas grand monde en ce qu’elles suscitent très peu d’intérêts et d’engouements. Cela est d’autant plus vrai que l’annonce du verdict condamnant le dictateur tunisien, a sonné comme un coup d’épée dans l’eau. Le même peuple tunisien qui a contraint Ben Ali à l’exil et lui en veut tant, n’a pas manifesté d’enthousiasme.

On peut le dire, l’ambition qu’il a longtemps nourrie déplaît finalement parce qu’elle est mal assouvie. Sans nul doute que si d’aventure, le couple présidentiel s’était présenté à la barre, sa condamnation aurait suscité une euphorie endémique. Pour avoir été organisé précipitamment, ce procès est, stricto sensu, un procès au rabais. En effet, dans les conditions judiciaires normales, le procès d’un dictateur de la trempe de Ben Ali qui a passé plus de 20 ans au pouvoir, ne peut être organisé dans un temps aussi bref. En tout cas, à moins d’un rebondissement de ce qui ressemble plutôt à un vaudeville judiciaire, ce que nous a servi la justice tunisienne, laisse un arrière- goût d’inachevé.

Finalement, tout semble tourner en faveur du satrape exilé, parce que ce procès est en passe de le rendre sympathique. La Tunisie aura difficilement la peau de ce couple présidentiel, étant entendu qu’il s’est exilé dans une Arabie Saoudite qui n’a pas pour habitude d’extrader ceux qui viennent se réfugier sur ses terres, fussent-ils des dictateurs. A contrario, l’on voit tout autant mal le couple Ben Ali demander, à l’image de Manuel Zelaya du Honduras, à revenir vaille que vaille au bercail, sachant bien que l’accueil qu’on lui réserve sera très peu chaleureux. Autant dire que ce procès risque de passer par pertes et profits l’intérêt qu’il aurait suscité en temps normal à moins que les autorités légitimes, issues des élections démocratiques, le révisent ou le récusent. Au finish, si le procès du couple Ben Ali avait quelque chose d’intéressant, ce serait, dans une moindre mesure, son caractère pédagogique.

En effet, il n’est guère inutile de le répéter, l’ex-président tunisien paie aujourd’hui le lourd tribut de son long règne. La condamnation de cet homme, qui s’était toujours considéré comme indéboulonnable, sert d’exemple à ceux qui continuent d’adopter sa posture. Tout compte fait, tout gouvernant qui fait la dangereuse confusion entre les deniers publics et son patrimoine privé saura désormais que le peuple peut, d’un jour à l’autre, lui demander des comptes. A "bon" dictateur, salut !

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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