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Mahamadou Bonkoungou, PDG du Groupe EBOMAF : « Koudougou-Dédougou est d’abord un challenge à moi »

Publié le vendredi 17 juin 2011 à 02h49min

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Un an après le lancement des travaux d’aménagement et de construction de l’axe Koudougou-Dédougou, le Premier ministre burkinabè, Luc Adolphe Tiao, s’est rendu, vendredi 10 juin 2011 sur le chantier pour jauger son état d’avancement. Entre le satisfecit formulé par le chef du gouvernement et l’énormité du reste des tâches à accomplir, le Président Directeur Général (PDG), Mahamadou Bonkoungou, du Groupe EBOMAF, entreprise adjudicataire, affiche son optimisme de relever, encore une fois, ce grand défi du désenclavement du grenier national.

Sidwaya (S.) : La construction de la route Koudougou-Dédougou est un projet majeur de désenclavement avec de nombreux ponts à réaliser. Quelles sont les difficultés majeures rencontrées par votre entreprise dans l’exécution des travaux ?

Mahamadou Bonkoungou (M.B.) : Les difficultés majeures auxquelles le chantier se trouve confrontées demeurent l’approvisionnement des agrégats. Tout est importé parfois loin du tronçon. Le sable vient de Bobo-Dioulasso et le gravier concassé de Kombissiri à trente (30) kilomètres au sud de Ouagadougou. Il y a également la forêt classée de Tiogo qui empêche tout prélèvement de la latérite sur une distance d’environ vingt (20) kilomètres. Ce sont des réalités ignorées de nombreuses personnes. Et pourtant, ce sont des facteurs essentiels. En dehors de ces entraves dont la détermination des techniciens et des ouvriers permet de surmonter, un tant soit peu, les travaux vont bon train selon le planning arrêté par l’entreprise.

S. : Un nombre important d’ouvrages d’assainissement jonche la route Koudougou-Dédougou. Quel est leur état d’avancement ? Qu’est-ce qui est entrepris dans les agglomérations traversées ?

M.B. : Les ouvrages d’assainissement sont très bien avancés. Les caniveaux d’évacuation sont également prévus au niveau des agglomérations traversées. Le visage de la ville de Dédougou a changé. Elle enregistre déjà une longueur d’avance dans les réseaux divers érigés dans le cadre du Projet. C’est un constat rassurant à tout point de vue. Au fur et à mesure que les travaux avancent, les ouvrages nécessaires dans les agglomérations seront tous effectués comme il se doit. Le projet accorde une attention particulière à ces localités concernées dans le processus d’aménagement et de construction de cette voie. L’axe Koudougou-Dédougou nécessite, à lui seul, cent cinquante-trois (153) ouvrages d’assainissement. Dans ce domaine précis-là, EBOMAF dispose d’une réelle expertise qui rassure et forge, en grande partie, sa notoriété.

S. : La question de décaissement des fonds est posée, à chaque fois, par les adjudicataires des marchés routiers. Qu’en est-il exactement puisque vous l’avez aussi soulevé ?

M.B. : Comme l’a si bien expliqué le Premier ministre lui-même, le problème des décaissements réside dans les procédures. Il n’y a rien à dire pour ce qui est du budget de l’Etat. Le premier décaissement a eu lieu et le paiement d’un autre décompte est attendu incessamment. Mais certains retards constatés dans la mobilisation des ressources étonnent à plus d’un titre. Un des bailleurs de fonds à savoir le Fonds OPEP (organisation des pays producteurs de pétrole) n’a, jusqu’à ce jour, toujours pas payé, ni son avance de démarrage intervenu en novembre 2010, ni le premier décompte du mois de mars 2011, de ce projet routier auquel il a souscrit au financement. Le préjudice est réel car au-delà de la date de démarrage, le décompte prend effet.

Ce sont des considérations à prendre en compte dans l’appréciation de l’exécution des chantiers. Ce que les uns et les autres semblent perdre de vue, bien souvent, avant que l’Etat et ses partenaires ne s’accordent pour débloquer les ressources convenablement, il arrive parfois que des adjudicataires de marché s’échinent à accomplir des sacrifices financiers énormes et mettre des projets sur les rails en attendant que les procédures de décaissement aboutissent. Ces efforts sont consentis sans fanfare ni tambour. Mais ils sont, malheureusement, incompris quand ils insistent sur la question de décaissement. Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils sont souvent à bout de souffle dans leur volonté de préfinancer. C’est une triste réalité qui peut constituer un goulot d’étranglement dans la conduite du chantier. Et la visite sur le terrain d’une personnalité comme celle du chef du gouvernement offre l’opportunité d’en parler en toute franchise afin que des solutions concertées soient trouvées dans l’intérêt de tous.

S. : Outre ces difficultés, y a-t-il d’autres phénomènes qui pourraient influer sur le respect du délai imparti pour la fin des travaux ?

M.B. : Un délai de trente (30) mois a été arrêté pour la concrétisation du projet. A EBOMAF, nous sommes sereins et estimons que le temps imparti est suffisant pour aménager et construire la route Koudougou-Dédougou selon les normes prescrites dans le cahier des charges. Les moyens humains, techniques, matériels existent et sont mis en branle, nuit et jour, pour atteindre cet objectif de développement qui passe par cet axe routier si vital pour le pays. Le délai sera respecté. Il n’y a aucune inquiétude à ce niveau. C’est un challenge pour lequel nous prions, sans cesse, et tenons à gagner dans les délais.

S. : Quel est votre commentaire face aux inquiétudes de certains qui pensent que la réalisation des ponts sera le premier casse-tête de ce projet ?

M.B. : EBOMAF a une forte expérience des ouvrages d’art, qui dépasse même les frontières nationales. A ce jour, les ponts à construire sur le tronçon connaissent un taux de réalisation entre 45 et 50 %. Sur ce plan là, les craintes se dissipent au fil du temps que le chantier s’exécute dans la sérénité. Pour peu que les Burkinabé se fassent mutuellement confiance, ils sauront user de leur savoir-faire pour jouer à l’international. EBOMAF représente la preuve que leur pays abrite réellement des entreprises compétitives, capables de conduire et de réussir tout ouvrage dans le domaine des BTP. Il faut s’en convaincre maintenant et encourager les promoteurs qui s’y investissent dans la promotion de l’expertise nationale.

S. : En tant que fils de la région de la Boucle du Mouhoun, la réalisation de cet ouvrage ne revêt-il pas une sorte de défi lancé à vous-même ?

M.B. : En tout cas, l’attribution de cet important marché à mon entreprise sonne comme un défi à relever. C’est d’ailleurs un devoir. Car depuis la nuit des temps, j’ai emprunté ce tronçon pour me rendre à la capitale et vice-versa. S’il y a quelqu’un qui attend avec impatience la réussite et la fin des travaux, c’est bel et bien moi. Personne ne peut me relater les difficultés actuelles liées à la circulation sur ce tronçon et me montrer l’importance de sa modernisation. Si Dieu a voulu que cette mission me soit confiée, puisse sa volonté s’accomplir afin que soit démenti l’adage selon lequel : « Nul n’est prophète chez soi ». Cette route est d’abord mienne. C’est un challenge propre à moi. Je mettrai donc tout mon cœur et ma filiation à la terre de la Boucle du Mouhoun pour que le bitumage de la voie Koudougou-Dédougou s’opère effectivement dans les délais et les normes prévues.

Ce n’est pas une promesse. C’est l’expression d’une foi pour laquelle je sais compter sur les bénédictions des filles et fils de la région pour tenir admirablement ce pari.

Propos recueillis par Moumini YAMEOGO

Sidwaya

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