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Augmentation du prix de l’électricité : "L’Etat doit revoir sa politique"

Publié le vendredi 1er octobre 2004 à 06h17min

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La Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) a décidé d’augmenter le tarif du kilowatt/heure (1 à 10% à compter du mois d’octobre). Cette hausse du coût de l’électricité suscite des inquiétudes au sein des consommateurs. Certains mesurent déjà l’ampleur des difficultés à venir, d’autres tentent de comprendre les motifs d’une telle décision.

Ahmed Konseibo (Technicien d’électricité) : L’augmentation entraînera d’autres problèmes. "Je ne comprend rien dans cette affaire d’augmentation. Nous sommes dans un pays pauvre où les salaires ne suffisent pas. Les gens s’en sortent déjà difficilement. Une augmentation n’est pas la bienvenue parce qu’elle va entraîner beaucoup d’autres problèmes. Moi j’estime que leurs arguments ne tiennent pas. Ils doivent simplement revoir leur politique en matière d’énergie. Promouvoir l’éclairage solaire par exemple".

Raphaël Badolo (Infirmier) : Il fallait attendre après la rentrée scolaire. "Le minimum était d’attendre le mois de février ou de mars pour annoncer cette augmentation. Nous sommes en période de rentrée scolaire. Les parents d’élèves ont déjà tellement de problèmes que certains vont interpréter cela comme une provocation. Cette augmentation n’est pas une bonne chose. Mais il faut être courageux. Si c’est le prix à payer pour mettre fin aux problèmes de coupure, de délestage, ou pour avoir une SONABEL plus performante, plus rentable, nous allons accepter et espérer que nous ne payerons pas 10% de plus pour rien".

Amidou Siboné (Agent de Faso coton) : L’Etat doit revoir sa politique. "Nous venons de sortir d’un sommet des chefs d’Etat sur la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’emploi. Ce n’est pas en augmentant le prix du courant que nous allons nous défaire de la pauvreté. L’électricité est un produit de première nécessité. Si tout le monde ne peut pas en disposer, qu’on permette à ceux qui ont pu l’avoir de la garder. Ce n’est pas aux clients de régler la note des ajustements dont parlent les autorités de la SONABEL.

Chaque société publique doit, dans sa marge de bénéfices, prévoir tout cela. L’Etat peut aussi donner un coup de main en revoyant sa politique en matière d’énergie. Le Burkina Faso est l’un des pays africains où l’électricité est déjà la plus chère. Si on doit subir encore une augmentation, c’est vraiment désagréable".

Victorine Kanyel (Etudiante) : Un frein au développement... "Le problème c’est que les désagréments que nous connaissons actuellement vont continuer même après cette augmentation. Avec les prix du carburant qui augmentent, je ne sais pas comment on va se tirer d’affaire. En regardant plus loin, on se rend compte que cela va être un frein au développement de tout le secteur industriel. Cela va également décourager l’investissement et entraîner d’autres augmentations. C’est toute l’économie nationale qui va en souffrir".

Thérèse Somda (Coiffeuse) : La lutte contre la pauvreté restera un vain mot. "Je travaille avec le courant. Maintenant que les prix ont augmenté, je reverrai aussi les tarifs de mes prestations à la hausse. Beaucoup de sociétés et entreprises vont également raisonner ainsi. Les choses vont aller en se compliquant. La lutte contre la pauvreté restera un vain mot. Si la SONABEL augmentait le montant des redevances, j’aurais été plus tolérante. Elle aurait dû attendre que la rentrée scolaire et son lot de problèmes passe. L’Etat doit revoir sa politique pour que l’électricité cesse d’être un luxe dans ce pays".

Souleymane Zemba (Transitaire) : L’augmentation n’arrêtera pas les coupures intempestives. "L’augmentation du prix du kwh nous met dans une situation très inconfortable. Nous sommes confinés dans un carcan où nous sommes perdants. Car nous ne pouvons pas vivre sans la SONABEL. La hausse du coût de l’électricité viendra rendre nos conditions de vie plus dures. Je viens de payer 22 600 FCFA pour ma consommation d’électricité. Combien devrais-je débourser pour les mois prochains ? Il faut qu’on soit assez franc pour reconnaître que l’augmentation du prix du kwh ne réduira pas le nombre de coupures intempestives qu’on observe tous les jours.

Il y a quelques jours, j’ai passé une nuit entière sans électricité. Il faut que la SONABEL revoit ses tarifs pour que l’électricité soit accessible à de nombreux Burkinabè".

Paulette Yanogo (Elève) : L’augmentation se justifie. "Nous venons de payer 3 260 FCFA pour notre consommation mensuelle en électricité. Je trouve que l’augmentation du prix du kwh n’est pas injustifiée. Il faut que nos sociétés se modernisent davantage. C’est seulement avec le concours de tout le monde que la SONABEL donnera une prestation meilleure. Si l’augmentation du coût de l’électricité peut nous épargner des coupures, c’est tant mieux. On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs".

Zénabou N’Diaye (Elève) : La hausse n’est pas mauvaise en elle-même. "Je suis venue régler une facture qui remonte à plus de 100 000 FCFA. Ma lecture de la situation que nous vivrons dans les prochains jours est dialectique. D’un côté, l’augmentation n’est pas mauvaise en elle-même si elle permet de résoudre un certain nombre de problèmes techniques.

D’un autre côté, je pense que nous ne devons pas fermer les yeux devant les tristes réalités du pays. Qui mieux que les responsables de la SONABEL qui travaillent jour et nuit avec les populations savent que les Burkinabè sont confrontés à un problème crucial de moyens financiers.

Bon nombre de parents font des pieds et des mains afin de répondre favorablement aux besoins élémentaires (telle que l’électricité) de leur famille. En somme, il faut chercher à évoluer tout en tenant compte de la conjoncture actuelle qui, incontestablement est très difficile".

Soumaïla Bancé (Assistant à la fondation, Ligue des enfants) : Tout augmente sauf les salaires. "C’est par le journal télévisé de 20 h que j’ai appris la hausse du tarif du kwh. Cette nouvelle aventure ne va certainement pas profiter à la population. Je trouve l’augmentation mauvaise. Du jour au lendemain, on apprend que les coûts du carburants et de l’électricité ont subi des hausses. Pourtant nos salaires sont toujours les mêmes. Certains ont raison de dire que rien n’avance au Burkina Faso. Toujours des salaires de misère ! Faites un tour dans les campagnes et vous vous rendrez compte de la souffrance des Burkinabè. Visiblement nous ne pourrons pas gérer cette nouvelle situation et cela d’autant plus que notre pouvoir d’achat se dégrade de plus en plus. A l’heure actuelle, l’on ne sait pas à quel saint sevouer".

David Gouba (Sapeur-pompier) : Les dépenses ne font que croître. Ça ne peut pas marcher. Cette augmentation ne fait qu’accroître les dépenses. On travaille pour bien organiser sa vie et non pour tout reverser dans les factures de la SONABEL. Rien que ce matin, j’ai payé 11 810 FCFA pour mes factures ; il ne me reste que 150 FCFA en poche. Imaginez avec l’augmentation ce qu’on paiera dans les mois à venir.

Guissou Serges (Particulier) : C’est décevant ! "C’est décevant quand dans un pays pauvre tout augmente chaque jour. Hier c’était la SONABHY, aujourd’hui la SONABEL, demain ce sera qui ? L’ONEA, l’ONATEL ? On pensait qu’avec l’interconnexion, le prix du kwh allait baisser. Mais c’est le contraire. Il faut que la SONABEL revoie ses tarifs car on ne peut plus...".

Augustin Tapsoba (Particulier) : Que l’augmentation soit une rumeur. "C’est incroyable parce qu’on a déjà suffisamment de problèmes. Je souhaite que l’augmentation soit une rumeur et si tel n’est pas le cas, la SONABEL devrait revoir cette décision. Vous parlez de lutte contre la pauvreté et vous augmentez chaque jour le prix des produits. Comment voulez-vous qu’on s’en sorte ?"

Raphaël Kouraogo (agent de la SONABEL) : Une difficulté de plus. "En tant que consommateur je ne suis pas content de cette décision. Cela constitue une difficulté de plus dans le quotidien des Burkinabè. L’idée selon laquelle c’est pour accroître la qualité du réseau paraît acceptable. Nous espérons qu’une fois ce problème résolu, les tarifs seront revus à la baisse".

Propos recueillis par Yacouba Hermann NACAMBO
Christophe TOUGRI, Raogo Hermann OUEDRAOGO (Stagiaires)
Sidwaya

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