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Conquête du fauteuil de DG du FMI : Quand l’Afrique jette l’éponge

Publié le lundi 13 juin 2011 à 02h17min

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Trois candidats en lice pour la succession de Dominique Strauss Kahn (DSK) à la tête du Fonds monétaire international (FMI). Accusé d’agression sexuelle, samedi 14 mai dernier 2011, DSK laisse un des postes les plus convoités au monde.

Parmi ces trois prétendants en lice, aucun candidat Africain pour prendre la tête de cette prestigieuse institution internationale. Le tiercé en compétition est : la ministre française Christine Lagarde, le Mexicain Agustin Carstens et Stanley Fischer, gouverneur de la Banque centrale d’Israël. Celui-ci n’ayant pas fait beaucoup de bruit sur sa candidature, a annoncé cependant samedi qu’il se lançait dans la course.

A ce jour, aucun Africain n’a manifesté de l’intérêt pour la direction générale du FMI, l’un des sept premiers importants postes au monde. Et pourtant, ce ne sont pas les compétences qui manquent en Afrique.

Toutefois, l’ancien ministre des Finances sud-africain, Trevor Manuel, avait été cité comme candidat possible. Mais, aucune information n’a fait mention de sa candidature à Washington, siège du Fonds. N’était-il pas véritablement intéressé ? Ou a-t-il finalement jeté l’éponge ? A l’entendre ses propos, on peut dire qu’il n’avait pas beaucoup d’enthousiasme pour le poste : "Aujourd’hui est la date limite [de dépôt des candidatures]. Je n’ai pas posé ma candidature", a-t-il déclaré à la radio publique SAFM, en ajoutant : "Mon adrénaline coule pour l’Afrique du Sud à l’heure actuelle. C’est là que va toute mon attention."

Pourtant, l’Union africaine ne cachait pas son désir de voir un de ses oiseaux rares aux commandes de cette prestigieuse institution internationale. Cette volonté a d’ailleurs été clairement affichée par un communiqué publié mardi dernier : "Il est temps à présent pour un non-Européen, particulièrement un Africain, d’être à la tête du FMI" , lit-on.

Cet attentisme des Africains apporte de l’eau au moulin du guide libyen Mouammar Kadhafi. Le colonel Kadhafi, actuellement empêtré dans des problèmes qui ne sont, sans doute pas, étrangers à ses prises de position radicale par rapport aux grandes puissances mondiales a maintes fois souhaité que le continent se dote de sa propre institution financière au niveau africain. A cet égard, il envisageait la création du Fonds monétaire africain dès cette année 2011. Ce Fonds devait avoir un capital de 42 milliards de dollars et Yaoundé, au Cameroun, servirait de siège.

Au bout du compte, ce sont trois concurrents, une femme et deux hommes pour un fauteuil et non des moindres qui vont s’affronter pour succéder à Dominique Strauss-Kahn.

D’abord, Christine Lagarde, ministre française de l’Economie qui a démontré ses talents de négociatrice. Nombreux sont ceux qui gardent de Lagarde l’image d’une dame qui sait écouter et se faire entendre. D’ailleurs, on l’a vu durant sa campagne mondiale, principalement au Mexique, en Inde, en Chine et aux Etats-Unis… pour promouvoir sa candidature. Mais malgré ses indéniables qualités, la Française « n’a pas une formation d’économiste, la matière dont s’occupe le Fonds monétaire international n’est pas son domaine d’expertise », remarque Charles Wyplosz, professeur d’économie à l’Institut des hautes études internationales et du développement à Genève.

Un obstacle sur le chémin de madame Lagarde

Quant à Agusto Carstens, qui cumule quatre ans et demi à la tête du ministère des Finances, puis de la Banque centrale du Mexique, il "a plus d’expérience" au sein des institutions financières internationales, selon une personnalité ayant une parfaite connaissance de l’homme. En outre, M. Carstens avait accédé au poste de directeur général adjoint du FMI (n° 3 de l’institution) en 2003, époque où Mme Lagarde était encore avocate.

Enfin, il y a le très réputé gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Stanley Fischer, « troisième postulant » qui a annoncé samedi, sa candidature, quelques heures après l’heure limite (samedi à 6 heures du matin (heure de Paris). A en croire les spécialistes des finances, cette candidature vient compliquer la route de la ministre française de l’Economie et des Finances. Car cet homme de 67 ans a travaillé de 1988 à 1990, comme vice-président et chef économiste à la Banque mondiale, avant d’occuper les fonctions de directeur exécutif adjoint du FMI entre 1994 et 2001.

Christine Lagarde a estimé que l’annonce de cette candidature est un obstacle sur son chemin vers Washington. Elle a néanmoins précisé que cela n’était pas insurmontable.

Selon toute vraisemblance quels que soient les atouts des candidats mexicain et israélien, "il est difficile de gagner contre Christine Lagarde", même si la tradition qui veut que le poste de DG du FMI soit confié à un Européen, est de nos jours très critiquée. En plus de ses qualités intrinsèques, Mme Lagarde peut se prévaloir du soutien des sept administrateurs de l’Union européenne et de plusieurs pays africains dépassant les limites du précarré de la puissance coloniale française.

Seulement une tâche non négligeable est sur le dossier de la Française, le procureur de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a demandé le 10 mai, avant les déboires de DSK, une enquête sur Christine Lagarde pour abus d’autorité. La ministre pourrait être poursuivie pour une affaire d’arbitrage privé ayant débouché en 2008, sur l’attribution de 285 millions d’euros à l’homme d’affaires Bernard Tapie.

Ainsi, avec ces trois prétendants, le travail est facilité, car selon le processus de désignation à la tête du FMI, s’il y a quatre candidats ou plus, le conseil d’administration devrait d’abord travailler durant la semaine qui commence aujourd’hui, à se mettre d’accord sur trois personnes. Ces candidats censés être les mieux placés seront appelés après, pour des entretiens à Washington qui précèdent pour la désignation du successeur de DSK par les vingt-quatre membres du conseil d’administration du Fonds d’ici au 30 juin.

Bilélé BENIN


L’institution FMI

Le FMI a été créé en 1944, lors des accords de Bretton Woods ; il regroupe aujourd’hui 185 pays. A l’origine, sa vocation était de défendre les taux de change fixes entre grands pays et de surveiller les politiques économiques de ses membres.

En déshérence dans les années 1970, après la suspension par le président Nixon, de la convertibilité du dollar en or et le flottement généralisé des monnaies, l’institution se trouve un nouveau rôle, au cours de la décennie suivante : prêter de l’argent aux pays en difficulté. En échange, le FMI leur impose un traitement de choc, inspiré des dogmes libéraux : dévaluation de la monnaie, rigueurs budgétaires, coupes claires dans le secteur public, dérèglementation. Ce qui est vu comme une potion amère qui donne des résultats contrastés et qui a ainsi rendu cette institution très impopulaire auprès des pays en développement. Face à cette situation, DSK, dès son arrivée en novembre 2007 a, lui, œuvré pour un FMI moins dogmatique, plus ouvert aux pays émergents. Avec des missions élargies : surveillance multilatérale des grands équilibres mondiaux, lutte contre l’extrême pauvreté.

Les Etats-Unis et l’Europe se partagent, selon les termes d’une convention non écrite, la direction du FMI et la présidence de la Banque mondiale, depuis 1946. La tradition pourrait durer encore quelque temps.

BBJ

Sidwaya

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