LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Médias internationaux : Qu’on ne vienne pas nous emmerder !

Publié le mercredi 1er juin 2011 à 17h58min

PARTAGER :                          

Quand les élèves sont sortis le lundi 23 mai pour soutenir leurs enseignants dans leur lutte, Radio France internationale (RFI, la radio mondiale) a très vite couvert l’événement. Elle a même réussi, depuis Paris où elle émet, à interroger un élève qui a « bien parlé ».

Ce jour, dans une causerie, j’ai dit à un ami que RFI allait parler de la casse dont a été l’objet le ministère des Enseignements secondaire et supérieur jusqu’à mercredi. C’est à dire trois jours après. Mercredi matin RFI avait repris la même information. Nous avons rigolé, mon ami et moi.

Actuellement, RFI suit avec la plus grande attention tous les mouvements des étudiants, des enseignants, des élèves, et surtout des militaires sur l’ensemble du territoire burkinabé. Le moindre mouvement est tout de suite annoncé, amplifié et diffusé à longueur de journée. Au temps chaud de la crise, la Radio mondiale avait dépêché des envoyés spéciaux pour « suivre de près ce qui se passe au Faso ». Quelqu’un m’a demandé et continue de se demander si Alpha Barry le correspondant de RFI l’est encore.

Quand ça tire, le micro de RFI est branché et on peut entendre les coups de feu. « Vous entendez, ça continue de tirer, on a peur, on ne sait pas comment ça va se passer », sont entre autres des reportages qu’on a suffisamment entendus sur la radio mondiale. Rien qu’hier, RFI avait tendu son micro à un habitant de Tenkodogo où « ça tirait » depuis lundi. On se rappelle comme hier que certains de ces médias internationaux avaient pratiquement annoncé la prise de Ouagadougou le 30 avril dernier alors que l’opposition allait y tenir un meeting.

En Côte d’Ivoire, précisément à Duékoué, RFI y a envoyé une équipe de reportage actuellement. Dans la matinée de lundi, j’ai suivi un reportage sur les exactions et voici le témoignage d’un habitant qui en a été victime. « Quand ils sont arrivés, (ndlr : il veut parler des Forces républicaines de Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara), ils m’ont attrapé, j’ai tenté en vain de dire que je ne suis pas milicien. Ils m’ont couvert avec un matelas, puis ils ont mis de l’essence et ensuite le feu. Après leur chef est arrivé et il a demandé de me libérer ». Voilà quelqu’un qui en réalité, si les choses se sont déroulées comme il les a expliquées devrait être mort. Un matelas, nous imaginons que c’est de la mousse est très inflammable. Quand on y ajoute de l’essence, ça devait l’être encore plus. Mais ce monsieur a survécu à tout cela jusqu’à ce qu’un chef FRCI arrive et demande de le libérer. Savez-vous qu’il a été simplement blessé au bras, selon le même reportage de RFI ?

Toujours sur la Côte d’Ivoire, il m’est arrivé durant toute la crise ivoirienne d’appeler des parents qui y résident pour comprendre et vérifier certaines informations que nous recevions de certains de ces médias. On m’a souvent répondu que ce que nous entendons ne se déroule pas en Côte d’Ivoire. Autrement, ce jour-là, les informations étaient si alarmistes qu’on avait l’impression que la ville d’Abidjan était entièrement à feu, que tout le monde se tirait dessus et qu’elle n’existait plus. Ce jour-là par exemple, mon interlocuteur me disait qu’il était au travail comme tout le monde et qu’il n’y avait rien de très grave.

Autant le dire, RFI s’intéresse beaucoup à l’Afrique, c’est même une lapalissade dans la mesure où elle a une section spécifiquement réservée à ce continent. En Afrique, elle a des antennes dans pratiquement toutes les capitales ; et même dans des villes secondaires. Ce qui n’est pas rien dans la mesure où, semble-t-il, elle donne beaucoup d’informations. Et c’est là que se trouve toute la question. Quelles informations ?

En effet, RFI et l’ensemble des médias internationaux occidentaux, notamment français, donnent-t-ils de bonnes informations sur l’Afrique ?

Le traitement de l’information africaine par ces médias a toujours posé problème. Car, l’Afrique y apparaît rarement sous un bon jour. Donnant cette impression que l’Afrique, c’est les guerres, la famine, le Sida, la sécheresse, le grand banditisme, tout ce qu’il y a comme fléaux dans le monde. Non l’Afrique ce n’est pas cela. L’Afrique, c’est une nouvelle vision, c’est une nouvelle génération qui travaille, qui œuvre et qui se bat quotidiennement pour atteindre le développement.

L’Afrique, c’est aussi le pétrole, c’est l’or, c’est le coton, le diamant, le manganèse, les forêts, les belles plages, de grands hôtels, la paix, le développement pour tout dire. Que ceux qui veulent bien parler de cette Afrique-là sachent que ce n’est plus la même Afrique qu’ils ont connue. Et que désormais, elle est résolue à prendre ses responsabilités pour faire face à son destin. Alors qu’on ne vienne pas l’emmerder.

Dabaoué Audrianne KANI
L’Express du Faso

PARTAGER :                              

Vos réactions (16)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Affaire Justin Zongo : Le point des dossiers connexes
Affaire Justin Zongo : Les enseignements d’un procès
AFFAIRE JUSTIN ZONGO : Le procès d’un certain Burkina
Affaire Justin Zongo : la justice va trancher