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Jacob Zuma : L’autre avocat des causes perdues

Publié le mercredi 1er juin 2011 à 02h15min

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Avec le ralliement, lors du dernier sommet du G8 de Deauville, du président russe Dimitri Medvedev, à la position des dirigeants occidentaux visant le départ sans condition du Guide libyen du pouvoir, le sort de Kadhafi semble définitivement scellé. En tout cas, c’est également la conviction de bon nombre d’analystes de la crise libyenne qui depuis des mois occupe toujours les devant de la scène médiatique mondiale.

Mais, il n’y a pas que les spécialistes qui sont parvenus à cette analyse objective de la situation politique libyenne. Sur le continent, un grand leader politique comme le président sénégalais Abdoulaye Wade avait, avant même la tenue du sommet de Deauville, tiré la conclusion qui s’imposait en reconnaissant le Conseil national de transition (CNT), l’aile politique de la rébellion libyenne. Et Me Wade se trompent rarement sur ces questions de grands enjeux. On l’a vu lorsqu’il s’est agi entre-temps d’abandonner la coopération avec Taiwan au profit de celle avec la Chine, devenue de nos jours incontournable, forte de son rang de deuxième puissance économique mondiale. Sur la crise poste-électorale ivoirienne, Me Wade n’a pas non plus perdu son sens de lucidité politique lorsqu’il a pris sur lui le risque de recevoir Alassane Dramane Ouattara, juste après sa qualification pour le second tour du scrutin présidentiel.

Chacune de ces démarches anticipatrices et de visionnaire ont valu en son temps à Dakar toutes sortes de critiques et de procès d’intention. Mais, aujourd’hui l’histoire lui donne raison.
Bref, pour revenir au cas libyen, disons que les jours du Guide à la tête de la Libye, pardon de Tripoli, sont comptés. Et ceux qui pressentent les choses de cette façon, sont loin de se tromper.
En effet, outre la volonté affichée de Nicolas Sarkozy, de David Cameron et de Barack Obama d’en finir au plus vite avec le Colonel, les frappes militaires de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se multiplient et s’intensifient sur le quartier général de Kadhafi. Quand l’on ajoute à cette donne l’annonce de Paris et de Londres de jeter des hélicoptères dans la bataille pour rendre les opérations encore plus incisives, ainsi que le récent soutien de Moscou, l’on comprend aisément la gravité du problème pour Tripoli.

Dans cette situation visiblement désespérée pour Kadhafi, il n’y a apparemment que l’Union africaine qui y voit encore une issue salutaire pour l’homme fort de Tripoli.
Ainsi, l’organisation continentale a jugé bon d’envoyer, le lundi dernier dans la capitale libyenne, le président sud-africain, Jacob Zuma, pour parler de cessez-le-feu, de dialogue afin de trouver une solution pacifique à la crise. Pour le médiateur de l’UA, il n’y a pas de solution militaire au problème libyen. Son plaidoyer semblait avoir trouvé un écho favorable auprès des autorités libyennes qui se disaient disposées à observer une cessation des hospitalités.

Pouvait-il vraiment en être autrement à partir du moment où le remède préconisé par l’organisation africaine permettait au Guide de se maintenir aux affaires. Eventualité qu’excluaient catégoriquement les responsables du CNT et les membres de la coalition occidentale pour qui le départ de Kadhafi doit être un préalable à tout dialogue pour une sortie de crise en Libye.
Dans un tel contexte de dialogue de sourd, l’échec de la mission de bons offices de l’émisseur de l’UA était inévitable. L’OTAN poursuit toujours ses raids sur Tripoli et le Guide libyen demeure en sursis.
A vrai dire, l’expédition du président sud-africain n’avait quasiment aucune chance d’aboutir, à part naturellement le tapage médiatique que ce genre d’initiative occasionne.

C’est donc en véritable avocat d’une cause perdue d’avance (celle de Kadhafi) qu’il s’est hasardé en terre libyenne, au même titre que Jacques Vergès et autre Roland Dumas. De la part de Zuma, cela ne surprend pas. On l’avait déjà vu sur le dossier ivoirien où il avait fait montre d’un soutien aveugle à Gbagbo en dépit des preuves évidentes de la victoire de Ouattara à la présidentielle ivoirienne. Et il a fallu les conclusions des experts de l’organisation panafricaine pour qu’il se décide enfin et à contre cœur à rallier le camp de la vérité des urnes.

Comparaison n’est pas raison, mais les carottes de Kadhafi semblent cuites.
Le « Roi des rois traditionnels d’Afrique » lui-même en est tellement conscient qu’il se fait de plus en plus rare dans les rues de Tripoli et sur les écrans de télévision, contrairement à ses habitudes au début du déclenchement des frappes des forces occidentales.
Mais, ce que l’on ignore pour l’instant, c’est la date de son départ du pouvoir, après plus de 40 ans de règne sans partage. A quand l’après Kadhafi ? Here is the real question.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 1er juin 2011 à 12:19, par Qwerty En réponse à : Jacob Zuma : L’autre avocat des causes perdues

    C’est dommage de lire ces genres d’écrits. Les carottes ne sont pas cuites pour Kadhafi seulement, mais pour toute l’Afrique. Elles étaient déjà bien cuites pour toute l’Afrique, restait Kadhafi.

    Même si vous n’aimez pas l’homme - cela ne sent dans votre papier - cherchez au moins à savoir comment la revolte a été préparée depuis longtemps, et pourquoi on lui en veut.

    Tous les présidents africains, intellectuels et autres soit-dits journalistes se sont vendus et compromis. Comme quoi, le noir ne comprend rien.Et applaudit même pour le mal qu’on lui fait. C’est dommage que vous ayez cette conception de la situation libyenne. C’est dommage.

  • Le 1er juin 2011 à 15:40, par Inoussa Verité En réponse à : Jacob Zuma : L’autre avocat des causes perdues

    Article bien structuré, cimenté d’une bonne analyse politique.D’ailleurs on n’attendait pas grand chose de Zuma qui, au lieu de s’afficher en vrai leader clairvoyant, se comporte commme un somnanbule politique à travers ses louvoiements au profit de ces dictateurs africains. Par contre Wade fait preuve de bon sens et de visionnaire.

  • Le 1er juin 2011 à 17:30, par le pacifiste En réponse à : Jacob Zuma : L’autre avocat des causes perdues

    cher bazié.pensez au peuple libyen.et sahez que c’est une guerre imperialiste qui se mene en libye.vous le savez bien mais vous voulez simplement etaler vos petites connaissances.wade n’a pas raison.c’est un ingrat.l’histoire ne lui donnera pas cette fois-ci raison pare qu’il veut qu’on dise demain qu’il a été le premier à dire ou à faire ceci ou cela.les jours de kadhafi sont comptés comme les jours de tout le monde y comprid vous.l’UA veut eviter le massacre du peuple libyen et c’est tout à fait normal.

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