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GOUVERNEMENT D’UNION EN COTE D’IVOIRE : Le chantage révoltant du FPI

Publié le vendredi 27 mai 2011 à 02h38min

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Le nouveau président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara (ADO), entend ouvrir le gouvernement d’union nationale aux membres du Front populaire ivoirien (FPI), défait lors du scrutin présidentiel de novembre dernier. Cela, conformément à l’esprit de l’Accord de Ouagadougou, et aux engagements pris auprès de l’Union africaine. Mais, à en croire les premières réactions officielles émanant du parti de l’ex-président Gbagbo, ce projet pourrait se heurter à de sérieuses difficultés. En effet, le discours manque de cohérence. C’est un fait que les Houphouëtistes (RHDP) sont appelés à exercer le pouvoir pour un mandat de cinq ans.

A ce propos, des dirigeants actuels du FPI, soutiennent qu’il leur appartient de s’assumer, et donc de mettre en application leur programme de gouvernement. Dans cette perspective, face à l’équipe gouvernementale que doit conduire à nouveau Guillaume Soro, ils trouvent utile que la Côte d’Ivoire se prépare à disposer d’un minimum d’opposition. Pour d’autres militants, avant d’entrer au gouvernement, le FPI doit obtenir que certains préalables soient satisfaits, notamment la libération de camarades actuellement détenus. Parmi ceux-ci : l’ex-président Laurent Koudou Gbagbo et le président du parti, Afi Nguessan. Cette pilule ne sera certainement pas facile à avaler puisque Gbagbo en particulier, doit répondre devant la justice nationale et internationale de faits qui lui sont reprochés après dix ans de gestion du pouvoir d’Etat.

Confirmation en a même été donnée à la presse internationale par ADO, lors de ses dernières interventions. Le FPI ferait-il alors fausse route ? Aurait-il tort de poser des conditions, et même de se montrer intransigeant face aux offres de ADO ? Certes, c’est de bonne guerre : en politique, dans les négociations, l’on a pour habitude de placer la barre très haut. Sans doute, le FPI cherche-t-il à tirer avantage de l’opportunité qui lui est offerte ? Toujours est-il que pour nombre d’analystes, entonner le refrain des conditions préalables par ces temps qui courent, ne correspond ni plus ni moins qu’à un chantage. Et cela ne fera qu’exacerber les contradictions dans le contexte si fragile de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui. Un contexte on le sait, peu favorable aux partisans de Gbagbo. Le risque est donc grand de voir le FPI se fragiliser davantage.

En effet, le pays se trouve engagé dans un processus de paix et de réconciliation nationale. Dans cette optique, l’on a aussi pour souci, de rechercher la vérité et de rendre la justice. Les dirigeants actuels du FPI savent bien que même s’il le veut, le président ADO ne pourra pas prendre sur lui la responsabilité de libérer des individus qui sont présumés coupables de certaines forfaitures. A moins de se parjurer, situation que ses adversaires politiques ne manqueront évidemment pas d’exploiter.

En attendant, quel impact pourraient avoir les prises de position des dirigeants actuels du FPI sur les militants de base ? La décantation devant se poursuivre, dans la frénésie actuelle, des militants négligés ou marginalisés durant les dix ans de gloire du FPI, pourraient croire que l’heure est enfin arrivée pour eux de s’illustrer. A défaut d’un véritable bouleversement de la hiérarchie, avec des chances de voir émerger un nouveau leadership, le FPI pourrait ne pas résister au risque de voir apparaître des scissions. Ce parti aurait dû faire profil bas, en raison même du rôle négatif que certains de ses leaders ont joué dans l’histoire récente de la Côte d’ivoire. Après tout ce qui s’est passé, il gagnerait à se faire oublier un moment, le temps d’aider les Ivoiriens dans leur ensemble à panser leurs blessures. Les ressentiments sont vraiment grands, et certains actes ne s’oublient pas de si tôt ! Or, les responsables du parti n’ont pas encore demandé pardon au peuple ivoirien ni reconnu officiellement la victoire de ADO.

Il y a encore trop d’ambigüités dans les propos et les actes des dirigeants actuels du FPI. Ce fut bien souvent le cas chez les anciens faucons. Ils semblent même bien loin de vouloir chercher à se dédouaner. Pourtant, ailleurs, non seulement on aurait interdit l’existence de ce parti dans l’immédiat, mais encore réduit au silence certains individus. Du reste, tout au long de ses dix ans de règne en Côte d’ivoire, le FPI n’aura nullement fait montre de talents en matière de libertés démocratiques. S’ils persistent dans cette voie qui frise le boycott et l’obstruction, les dirigeants actuels du FPI prendront le risque de saborder leur propre parti.

Car la tentation est grande pour des cadres du parti de répondre favorablement aux appels du pied du président ADO. Celui-ci n’aura pas été responsable de l’émiettement d’un parti qui, somme toute, ne lui aura jamais fait de cadeau. Il faut d’ailleurs féliciter le président ADO pour son ouverture d’esprit. En faisant appel aux « modérés » du camp Gbagbo, il a ainsi fait montre d’un courage politique certain.

Les partisans de l’ancien camp présidentiel, ont le choix d’accepter ou de refuser l’offre de leur adversaire politique. Vouloir imposer des conditions préalables, devient ridicule. Ce faisant, le FPI refuse la paix. En tout cas, il donne à ce jour le sentiment de vouloir marcher à contre- courant de l’évolution de la Côte d’Ivoire. L’actuel président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, et ses compagnons du FPI, ne doivent pas se faire d’illusions. Dans le contexte actuel, il vaudrait mieux faire profil bas. Ce serait bien plus salutaire que de chercher à jouer aux « enfants gâtés du pays ». Car, à la longue, dans le camp de ADO, ce petit jeu pourrait agacer. ADO demeure un homme de bonne volonté. Mais jusqu’à quand, si le FPI opte pour ce chantage révoltant ?

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 27 mai 2011 à 13:41, par biyak En réponse à : GOUVERNEMENT D’UNION EN COTE D’IVOIRE : Le chantage révoltant du FPI

    Belle analyse ; Je crois de ma part que malgré l’ouverture voulue par ADO il fallait plutôt oublier le FPI en interdisant même ce parti pour longtemps. permettre aux bonzes de parti qui sont aujourd’hui libres d’expression, c’est qui va plus tard troubler la quiétude des ivoiriens. Ceux qui sont modérés et qui veulent participer à la réconciliation nationale , qu’ils viennent ; ceux qui comptent rester à l’écart qu’ils restent. La Côte d’ivoire avancera.

    • Le 27 mai 2011 à 17:14 En réponse à : GOUVERNEMENT D’UNION EN COTE D’IVOIRE : Le chantage révoltant du FPI

      Moi aussi je crois que la plupart de ces fpistes devaient etre arretes pour les violences qu’ ils ont occasionnnes. Mais non, on les laise et les voila maintnant qui reclament des prealables. Avez- vous la meoire courte ? Votre Gbagbo va etre juge en CI. Il va meme etre juge a la Haye et c ;est la qu’ il va comprendre et mediter sur tout le mal qu’ il a fait a ce beau pays. C’est dommage qu’ il etait si poisseux, si negatif toute sa vie. J ; ai appirs que Charles Taylor passe des jours a pleurer parce qu’ il ne peut pas avoir son plat de manioc dans sa prison doree. Gbagbo aussi y pleurera pcq ’ il ne peut plus avoir les poulets grilles qu/ il demande au petit dejeuner, lesquels poulets il a appris a manger au Burkina Faso a qui il a bine repaye l’acte en grillant ces citoyens. Dieu n’est pas Gbagbo.

      LOP

  • Le 28 mai 2011 à 10:33, par OKANZA SILOE En réponse à : GOUVERNEMENT D’UNION EN COTE D’IVOIRE : Le chantage révoltant du FPI

    Pour une paix durable , les ivoiriens doivent faire preuve de dépassement pour se pardonner et reprendre la marche vers le progrès.la France nous a imposé une guerre fratricide pour mieux nous dominer .Car,lorsqu’on vous a imposé des élections à coup de centaines de milliards,lorsqu’on a tout détruit dans votre pays pour mieux pomper votre pétrôle et surtout lorsqu’on assure la sécurité de votre chef pour 21 milliards cfa l’an,on ne peut que vous consôler en invitant ce chef à la réunion du G8. La FRANCE de Nicolas Sarcozy n’a ni la volonté ,ni les moyens de faire sortir ses anciennes colonies de la pauvreté.Monsieur OUATTARA devra faire appel à tous les cadres compétents de notre pays pour réussir son mandat.

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