« J’y suis, j’y reste » : La maudite phrase qu’il faut se garder de prononcer quand on veut se maintenir aux affaires
Avec l’investiture le 21 mai dernier à Yamoussoukro d’Alassane Dramane Ouattara, c’est le pouvoir qui change de main en Côte d’Ivoire. Du nouveau président, fort des nombreux soutiens internes et externes (une vingtaine de chefs d’Etat à la cérémonie dont le secrétaire général de l’ONU), l’on peut dire qu’il dispose d’assez d’atouts pour mettre en œuvre son projet de société : des Ivoiriens réconciliés, rassemblés et tournés résolument vers le développement et la prospérité.
Toutefois, il y a de ces choses que M. Ouattara devrait, tout au long de ce premier mandat présidentiel, se méfier, quels que soient les résultats de son programme. Parmi ces choses à éviter absolument figure la certitude de se succéder à lui-même, ce qu’ont généralement l’habitude de cultiver les dirigeants africains au pouvoir. A priori, nourrir pareil désir, rêver de prolonger son bail à la tête de l’Etat n’est pas mal en soi. Tout le monde a le droit d’être ambitieux. Mais, ce qui passe, souvent, difficilement, c’est de l’afficher publiquement, avant même d’avoir obtenu l’onction des électeurs. Une telle imprudence paie rarement en politique, surtout dans les contextes où les oppositions sont loin d’être de simples faire-valoir. On peut même avancer : qui s’y frotte, s’y pique.
Il suffit tout simplement de penser à la maudite phrase : « J’y suis, j’y reste ».
L’ex- président guinéen, Moussa Dadis Camara, a eu le malheur de la prononcer. La suite, on la connaît : événements meurtriers du 28 septembre, tentative d’assassinat contre sa propre personne, évacuation du capitaine au Maroc pour ses soins et exil au Burkina Faso.
Plus tard, ce fut le tour d’un autre ancien président, en l’occurrence Laurent Koudou Gbagbo, de faire les frais de la fameuse phrase, « J’y suis, j’y reste ». Ainsi, malgré son slogan de campagne « On gagne ou on gagne » qui traduisait si bien sa volonté et détermination à demeurer aux affaires, le fils de Mama n’a pas pu finalement venir au bout de ses adversaires politiques. Sa tentative d’hold-up électoral n’y changera rien : l’alternance est aujourd’hui une réalité en Eburnie.
La leçon : Il faut se garder de prononcer la maudite phrase quand on veut se maintenir aux affaires dans son pays. Et ils sont nombreux les leaders politiques africains qui semblent l’avoir bien compris depuis longtemps. En effet, beaucoup préfèrent avancer cagoulés et ne dévoilent leurs intentions de se succéder à eux-mêmes qu’à la dernière minute, lorsqu’ils sont véritablement contraints par les dispositions constitutionnelles. Contrairement en Occident où certains dirigeants, à l’image de Barack Obama, n’hésitent pas, à un an des échéances électorales, à afficher leurs ambitions de rempiler.
Grégoire B. BAZIE
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 23 mai 2011 à 11:33 En réponse à : « J’y suis, j’y reste » : La maudite phrase qu’il faut se garder de prononcer quand on veut se maintenir aux affaires
En tout cas plus jamais cela en Afrique. non aux tripatouilleurs de constitutions.
2. Le 23 mai 2011 à 13:10 En réponse à : « J’y suis, j’y reste » : La maudite phrase qu’il faut se garder de prononcer quand on veut se maintenir aux affaires
vous aussi, vous ne pouvez pas nous truvez une photo plus claire de la cérémonie, vous étiez obligé de triché avec la TCI ?
3. Le 23 mai 2011 à 18:24, par thor En réponse à : « J’y suis, j’y reste » : La maudite phrase qu’il faut se garder de prononcer quand on veut se maintenir aux affaires
Même entre eux chacun sait là où il doit s’arrêter pour la photo.