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Affaire Amadou Coulibaly : La FIFA sans état d’âme

Publié le mercredi 29 septembre 2004 à 06h31min

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C’est avec amertume que les Burkinabé ont appris le maintien de la sanction de dix-huit (18) mois qu’a écopé Amadou Coulibaly lors de la rencontre Burkina # RD Congo. Les responsables de la Fédération burkinabé de football avaient laissé entrevoir une lueur d’espoir mais une fois à Zurich, les arguments n’ont pas pu renverser la tendance et la FIFA est restée sur sa position.

Mais ce qui est plus écœurant dans cette situation, c’est que l’arbitre n’a été aucunement inquiété, lui qui a produit un match minable et partial. Lorsqu’on se réfère à la rencontre Burkina -RD Congo, on reconnaît tout de suite que le Burkina a été doublement victime.

Seydou Diakité, président de la FBF.
Saisira-t-il le Tribunal arbiral du sport (TAS) ?

L’arbitre a pesé de tout son poids pour que le Burkina perde la rencontre et il a ensuite détourné l’attention des uns et des autres sur sa mauvaise prestation en accusant le jeune joueur burkinabé d’avoir craché sur lui en fin de partie. C’est dommage que le Burkina et le joueur Amadou Coulibaly soient brimés de la sorte sans véritablement avoir des voies de recours. Cette situation permettra aux premiers responsables de savoir qu’il faut s’essayer à la pratique des autres. En déplacement, les Burkinabé sont confrontés à toutes sortes de difficultés. Mauvais accueil, hébergés à plusieurs centaines de kilomètres du lieu du match, mauvais arbitrage et que sais-je encore ? Pourtant, lorsqu’une équipe arrive à Ouagadougou, elle est l’objet de tous les petits soins (sécurisée, bien logée, véhiculée et protégée comme il se doit sans oublier les marques d’attention du public et des responsables).

Espérons que c’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase du côté des responsables burkinabé.

A qui la faute ?

Mamadou Coulibaly La situation dans laquelle se retrouve le Burkina dans cette histoire de sanction est une occasion pour les acteurs du football burkinabé, notamment les joueurs, de comprendre qu’au cours d’une rencontre, l’arbitre jusqu’à preuve du contraire est le seul maître du terrain. C’est lui qui dirige la rencontre, qui décide de ce qui doit être ou de ce qui ne doit pas être. De ce fait, il mérite respect avant, pendant et surtout après le match. Ce n’est pas parce qu’on a perdu un match par la faute de l’arbitre qu’il faut s’en prendre à lui verbalement ou à coups de poings. Il y a des procédures en la matière, une équipe qui estime avoir été lésée par l’arbitrage à des voies légales de recours. Il faut dans toutes les situations savoir accepter le verdict d’un match quelles que soient les irrégularités constatées au cours de la rencontre surtout lorsqu’on est un joueur ambitieux, soucieux de sa carrière. Il ne faut pas se mesurer à plus fort que soi.

Ne dit-on pas qu’il vaut mieux ne pas tenter le diable lorsqu’on peut l’éviter ? Il est vrai que la suspension ne plaît à aucun Burkinabé surtout lorsqu’on pense aux conséquences qu’elle a sur la suite de sa carrière qui s’annonçait reluisante.

Le joueur burkinabé a, ou n’a certainement pas craché sur l’arbitre mais son comportement à l’endroit de l’arbitre et de ses adversaires pendant les 90 minutes peut avoir pesé dans les motifs avancés pour maintenir la sanction. Si au cours des 90 minutes, le joueur ne s’est pas illustré de façon négative, aucun indice n’aurait contribué à incriminer le joueur burkinabé. C’est donc une sévère sanction pour le Burkina et son joueur mais c’est une leçon pour les autres footballeurs burkinabé qui, une fois sur le terrain ne doivent pas oublier qu’il y a des règles à respecter pour le bon déroulement d’un match de football.

En dehors du joueur qui porte une part de responsabilité de la sanction, il y a la négligence des responsables burkinabé. Le Burkina a toujours été victime par sa naïveté et sa bonne foi. Aucun travail n’est fait pour que des Burkinabé accèdent à des postes de responsabilité dans les instances internationales. Ce travail n’est pas fait parce qu’on voit l’individu qui sera promu, son salaire, ses réalisations sans tenir compte des intérêts de la nation qu’il peut défendre en tant que fils du pays. On oublie souvent que lorsqu’on a un fils dans une structure, on se fait plusieurs amis capables de défendre ses intérêts en cas de besoin. Le Burkina est orphelin à ce niveau. Ce n’est donc pas, le président de la Fédération et sa délégation avec pour seul argument les images de télévision qui ne démontrent ni la culpabilité, ni l’innocence du joueur incriminé qui feront changer la position de la puissante FIFA.

Cette situation injuste doit amener les décideurs à comprendre que l’absence de Burkinabé dans les instances internationales sera toujours un obstacle pour le pays dans plusieurs domaines.

Lorsque le Cameroun a été sanctionné par la FIFA dans le cadre du port de son maillot non réglementaire, rares sont ceux qui pensaient que la sanction allait être levée au regard des rapports difficiles entre Issa Hayatou et Sepp Blatter. Mais au bout du compte, la sanction a été levée. Dans de telles situations, c’est une question de force de frappe et de réseaux, voire de rapport de force qui fait la différence. En étant dans les instances influentes, en cas de problèmes, les uns et les autres s’activent à travers leurs amis pour qu’une solution favorable soit trouvée pour le bonheur du pays. Malheureusement, au Burkina, ce n’est pas le cas, ceux qui peuvent aider les autres à se faire une place dans ces structures souhaitent qu’en dehors d’eux-mêmes nul ne soit propulsé au devant de la scène.

La sanction de Amadou Coulibaly tombe à un moment où le Burkina ne peut rien pour lever cette injustice qui ne s’explique vraiment pas.

Que cette situation malheureuse serve de leçon pour la suite de l’histoire du football burkinabé.

ABOU ZANGHO
L’Hebdo

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