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Putschistes nigériens : Amnistie pour service rendu à la nation

Publié le vendredi 20 mai 2011 à 05h39min

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Le nouveau chef d’Etat nigérien, Mahamadou Issoufou, engrange décidément les bons points. Après la libération, le 9 mai, de l’homme fort du « tazartché », le voilà à présent qui garantie l’amnistie à la « bande à Salou » qui avait été à l’origine de ce coup d’Etat du 18 février 2010, lequel avait cueilli Mamadou Tandja en plein conseil de ministre et l’avait forcé à la méditation sur certains chantiers à terminer, quelques longs mois durant.

La mesure est à saluer, car elle vaut tout son pesant d’or. Salou Djibo et ses compagnons d’armes n’auront pas de soucis à se faire, pour cette raison : la décision a été votée par l’Assemblée nationale nigérienne à l’unanimité des 82 parlementaires présents et vise à appliquer sans restriction l’article 185 de la Constitution du 25 novembre 2010, lequel stipule qu’« une amnistie est accordée aux auteurs, coauteurs et complices du coup d’Etat du 18 février 2011 ». On l’aura noté, c’est du taillé sur mesure et la chose s’explique : le gouvernement nigérien lui-même s’est félicité de ce vote, estimant que les militaires ont sauvé le Niger en renversant l’ex-président.

Et dans ce cas précis, il ne se trouvera peut-être personne ayant la prétention de se montrer plus royaliste que le roi. D’autant plus que, pour cet exemple de l’amnistie à la nigérienne, existe une remarque de taille : on parle généralement d’amnistie pour exorciser des situations difficiles. Elle est alors perçue comme la mesure salutaire qui commande de faire table rase des casseroles de toutes sortes que traîneraient ses bénéficiaires et dont l’examen peut conduire à l’ouverture de la boîte de Pandore.

On a décidé alors d’occulter un peu de la justice raide pour que prévale la paix et la sérénité sociales. Les putschistes de la bande à Salou n’auront rien eu du genre à se reprocher. Plus, pour qui a connu la situation qui prévalait au Niger dans les tout premiers mois de l’année 2010, ce coup d’Etat avait tout d’un signe providentiel qui permettait à tout un pays de repartir du bon pied.

Mais comme il est de bon ton, toutes les institutions, toutes les organisations avaient le devoir de le condamner, ne serait-ce que pour respecter les principes de démocratie qui veulent que le pouvoir s’acquiert par les urnes et non par les armes. Mais in petto, ceux mêmes qui condamnaient la chose étaient du nombre des plus persuadés que ce Tandja-là, à l’époque des faits, il fallait impérativement mettre fin à ses velléités de fossilisation à la tête de l’Etat.

Au final, c’est tout le monde qui sort satisfait et grandi de l’histoire. Tandja le premier, qui, après s’être fait déposer, eut le temps de la réflexion et dut certainement découvrir que les chantiers à terminer n’étaient pas vraiment du goût de tout le monde ; ses « tombeurs » ensuite qui, en son temps, reçurent la bénédiction de leurs concitoyens et qui, aujourd’hui, par cette amnistie, s’en tirent à bon compte, avec, en prime, presque un statut glorieux de héros nationaux ; et le Niger finalement, qui aura évité de se retrouver empêtré dans certains bourbiers et qui, cerise sur le gâteau, permet aujourd’hui à Tandja tout autant qu’à Djibo de se retrouver libres, tous les deux et de pouvoir vaquer normalement à leurs occupations quotidiennes.

Ce Niger-là aura eu le don de savoir prendre avec la mesure qu’il fallait ce difficile détour que lui imposa l’histoire à un moment de son existence. Les Nigériens en sont aujourd’hui heureux, et ils le méritent assurément. Un bon exemple à méditer sur le continent africain. Et pourquoi pas, à suivre.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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