LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

DEMOCRATIE : L’Afrique porte toujours le bonnet d’âne

Publié le jeudi 19 mai 2011 à 00h47min

PARTAGER :                          

"A quand l’Afrique ?" Cette question que se posait l’éminent professeur d’histoire Joseph Ki-Zerbo, n’a jamais perdu son actualité et sa pertinence quand elle est appliquée à un domaine aussi déterminant que la démocratie. Que ce soit dans l’organisation des élections, la liberté d’expression ou la bonne gouvernance, le continent noir a toujours porté le bonnet d’âne en brillant par un sur-place dont il semble même jaloux. Et à bien analyser la carte électorale africaine, l’on constate malheureusement un net recul dans bien des pays. Tout le processus électoral est généralement entaché d’irrégularités le plus souvent sciemment créées et entretenues par les régimes en place qui entendent se succéder à eux-mêmes pour la énième fois.

L’on se rappelle de triste mémoire, les incohérences plus qu’apparentes relevées sur la carte d’électeur de la présidentielle burkinabè de 2010. Les exemples sont nombreux sur le continent. Du fait de son passé colonial qu’il a sans doute traîné comme un boulet des années durant, l’on peut comprendre que l’Afrique, bien qu’étant le berceau de l’humanité, n’ait pas été l’initiateur du système de gouvernance démocratique. Ce fait historique ne saurait cependant justifier le fait que l’apprenant occupe toujours le rang de dernier de la classe. L’adage pédagogique ne veut-il pas que l’élève dépasse son maître ?

L’Afrique doit donc faire mieux que les Occidentaux qui ont su se tracer une voie de gouvernance qui, sans être parfaite, n’en est pas moins la meilleure de nos jours. Si l’Occident a mis beaucoup de temps pour atteindre son niveau actuel de démocratie, les pays africains, qui ont le privilège de pouvoir s’inspirer de son expérience pour éviter les erreurs par lui commises, devraient mettre moins de temps pour atteindre ce même degré. Malgré les énormes possibilités qu’offrent les nouvelles technologies et le phénomène de mondialisation qui ont transformé le monde en un village planétaire, réduisant ainsi les contraintes de distance et autres barrières, l’Afrique joue toujours les cancres.

Elle semble résignée à rester hors de ces mouvements novateurs en accouchant de responsables à qui l’image du personnage de Toto conviendrait comme un gant. Car la stagnation démocratique de l’Afrique est plus imputable à ses leaders politiques qu’à son peuple qui, du reste, a presque toujours manifesté sa soif de voir les choses aller plus vite dans le bon sens. Le hic est que, chaque fois que des voix s’élèvent pour exprimer des aspirations profondes et légitimes, elles sont vite assimilées à des empêcheurs de gouverner tranquillement. Dans le meilleur des cas, la persistance des revendications à travers des manifestations parfois violentes oblige le gouvernement à faire des concessions ou des promesses dont la réalisation n’a pas toujours été correcte.

L’exemple de l’affaire Norbert Zongo qui a contraint le pouvoir de la IVe République à constituer un Collège de sages illustre bien ce propos. Une fois la tempête passée et le calme revenu, les recommandations de ce Collège ont été, dans leur grande majorité, foulées au pied par le régime. Heureusement ou malheureusement, c’est selon, l’histoire a toujours rattrapé même ceux qui la fuient. Les récents troubles ont ainsi rappelé aux caciques du régime que rien n’est jamais définitivement acquis.

Toujours prompts à brandir l’argument du caractère précieux de la paix qu’il faut préserver à tout prix, des dirigeants africains ont parfois méprisé les aspirations profondes des peuples. Confondant la stabilité de leur système avec celle de leur pays, nombre de chefs d’Etat africains n’ont aucune gêne à faire des déclarations qui contrastent avec la réalité. Comme nous l’avons déjà rappelé dans ces mêmes colonnes, la jeunesse africaine a soif d’une vraie démocratie dont les fondements les plus essentiels sont l’alternance, la bonne gouvernance et la transparence. L’on remarque que, cinquante ans après les indépendances, rien n’a substantiellement évolué dans ce sens. Même si dans certains pays, la mort a contraint des têtes couronnées à céder leurs couronnes, il n’en demeure pas moins que le passage de témoin s’est généralement fait de père en fils biologique ou spirituel, au détriment du principe d’alternance.

La force de la démocratie réside dans le bon fonctionnement d’institutions républicaines fortes. En Occident, vous n’entendrez pas les expressions du genre : "l’homme fort de Paris ou de Washington". L’Afrique est coutumière des africaneries telles que "l’homme fort de Kinshasa, de Bangui, de Libreville, etc". C’est simplement ridicule. La force des institutions est de loin préférable à la force des hommes.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 19 mai 2011 à 10:28, par kondire En réponse à : DEMOCRATIE : L’Afrique porte toujours le bonnet d’âne

    j´espere tout simplement que l´enfant terrible de ziniare va enfin laisser notre constitution tranquille cette fois.car sinon ce sera un recul de 50 ans en arriere pour la democratie au faso.

  • Le 19 mai 2011 à 13:32 En réponse à : DEMOCRATIE : L’Afrique porte toujours le bonnet d’âne

    Cher journaliste je crois que vous évoquez un vrai problème sans avoir à vous attaquer aux vraies causes. C’est vrai que l’Afrique devrait en peu de temps par rapport à l’Europe atteindre un certain niveau de la démocratie car comme vous le dites en raison des avancées technologiques et autres...........etc.
    Mais force est de reconnaitre que combien de pourcentage des peuples de l’Afrique ont accès à ces technologies, quel est le pourcentage d’alphabétisation de nos populations, quelle est la force de nos institutions républicaines, quel travail font les hommes et femmes du pouvoir, de l’opposition pour que l’alternance soit une réalité ? En somme que fait l’élite ?
    De mon point de vue la première des choses, nous devons travailler à donner l’éducation à l’ensemble de la population qui est la base de tout développement. Secondo, les textes républicains doivent être forts, la limitation des mandats doit être de rigueur et non à la solde d’un quelconque parti politique une fois au pouvoir change les choses à sa volonté. Tertio, les partis politiques doivent avoir des programmmes et des visions claires qui permettent au peuple de porter son choix sur le projet de société qui le convient ; en ce moment ce ne serait pas une question de personne, ou de parti mais de programme de société car au sein d’un parti une seule personne n’aura pas le droit par exemple de se présenter deux fois pour un mandat de 5 ans chaque fois. S’il arrivait que un parti arrive à s’imposer pendant des années avec des hommes différents, cela veut dire que son programme convient au peuple qui juge ; en ce moment on ne peut plus parler blocage, ou de confiscation de pouvoir. Dans le cas de notre pays, j’invite surtout les partis de l’opposition de ne pas s’asseoir seulement à Ouaga et en criant "nous voulons de l’alternance" au lieu d’avoir des vrais programme de société à même de convaincre l’opinion nationale et installer leur lieutenant dans les provinces qui feront le travail à la base comme un qui l’a bien commencé. Voilà un peu ma modeste manière de voir l’aboutissement de la démocratie dans nos sociétés.Un compatriote en Allemagne

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique