LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

ASSASSINAT DE DABO BOUKARY : L’ANEB exige des autorités toute la lumière

Publié le jeudi 19 mai 2011 à 00h47min

PARTAGER :                          

Ceci est une déclaration de l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB) à l’occasion du 21e anniversaire de l’assassinat de Dabo Boukary, du nom de cet étudiant, jadis en 7e année de médecine.
Camarades étudiantes et étudiants !
Le 19 mai 2011, cela fera exactement 21 ans que le camarade Dabo Boukary, alors étudiant en 7e année de médecine à l’Université de Ouagadougou (UO), a été assassiné dans les locaux du tristement célèbre Conseil de l’Entente, abritant aujourd’hui une partie du Régiment de sécurité présidentielle du capitaine Blaise Compaoré.

En rappel, tout est parti du 3 mai 1990, date à laquelle la corporation ANEB de l’Institut des sciences naturelles/institut du développement rural (ISN/IDR), actuelle Unité de formation et de recherche en sciences de la vie et de la terre (UFR/SVT), convia les étudiants dudit institut à une assemblée générale (AG) pour discuter de leurs conditions d’études. Suite à cette AG dont l’administration avait tenté d’empêcher la tenue, le Directeur de l’ISN/IDR, à l’époque le "bien-connu" professeur Alfred Traoré, accusa la corporation d’occupation illégale d’amphithéâtre, de perturbation de cours, d’agression d’enseignants, etc. Une vaste campagne mensongère sera ainsi orchestrée à la télévision et à la radio nationale contre l’ANEB.

Le 15 mai 1990, cette campagne aboutira à l’exclusion du Comité exécutif de l’ANEB, de la direction de la corporation de l’ISN/IDR et de militants de base. C’était sans compter avec l’esprit de lutte des étudiants de l’UO. En effet, déterminés à défendre leur cadre authentique de lutte et à se battre pour de meilleures conditions de vie et d’études, les étudiants réagiront dès le lendemain 16 mai en organisant une marche de protestation en direction du rectorat (actuelle présidence de l’UO).

Les autorités du Front populaire (aujourd’hui animateurs du pouvoir de la IVe République) déclencheront alors une escalade répressive contre les étudiants. Les militaires du Conseil feront une descente musclée sur le campus. La répression était conduite par l’un des hommes de main du régime, le sieur Salif Diallo (à l’époque conseiller à la présidence du Faso et aujourd’hui ambassadeur du Burkina en Autriche), flanqué à l’occasion d’un Alain Nidaoua Sawadogo, à l’époque recteur et responsable du Comité révolutionnaire (CR) de l’UO, habillé en treillis et pistolet au poing.

Les étudiants seront ainsi poursuivis et bastonnés ; les dirigeants et les militants de l’ANEB seront traqués, leurs domiciles illégalement perquisitionnés ; certains étudiants verront leurs bourses suspendues pendant 5 mois, d’autres seront exclus de l’UO et d’autres enfin seront enlevés et conduits de force dans des centres de torture et autres camps militaires où une vingtaine d’entre eux restera plus d’une année. C’est dans ces circonstances que notre camarade Dabo Boukary, sera enlevé le 19 mai 1990 et conduit au Conseil de l’entente où il sera torturé jusqu’à ce que mort s’en suive.

Camarades !

Plus de deux décennies après, les auteurs et commanditaires de cet odieux assassinat jouissent toujours de l’impunité érigée en mode de gouvernance par le pouvoir de la IVe République. En effet, pour ne citer que le cas des élèves et étudiants, après Dabo Boukary, Zigani Emile et Sidiani Blaise en 1995, Flavien Nébié en 2000 et cette année même Justin Zongo, Assad Aboubacar Ouédraogo, Michel Bouda, Ahmed Zoubga et Wendkouni Kissou sont tombés fauchés par des balles assassines d’éléments des forces dites de l’ordre. Le sursaut qu’a provoqué la mort de l’élève Justin Zongo suites à des sévices infligés sur sa personne par des agents de police renforce notre conviction qu’aucun crime de sang ne restera impuni. Du reste, c’est par la lutte des étudiants et de notre peuple en 1997 que le pouvoir a fini par reconnaître la mort du camarade Dabo Boukary. C’est pourquoi la lutte contre l’impunité doit se poursuivre et se faire en synergie avec les autres composantes du peuple.

En ce 21e anniversaire, l’ANEB :

 exige des autorités de la IVe République toute la lumière sur l’assassinat de notre camarade Dabo Boukary, l’arrestation et la traduction en justice des auteurs, commanditaires et complices de ce crime ;
 appelle l’ensemble des étudiants à rester mobiliser dans la lutte contre l’impunité et à s’engager davantage aux côtés de notre peuple pour un changement et un progrès social véritable.

Elle les invite par ailleurs à participer massivement aux activités commémoratives qu’elle organise ce 19 mai 2011 :

 grève générale de 24 h ;
 meeting sur le terrain Dabo Boukary à 7h 30 ;
 exposition photos sous le hall des amphis A600 et C à partir de 9h ;
 finale du tournoi Dabo sur le terrain du même nom ;
 ciné-débat à l’amphi A600 sur le film Steve Biko à 19h 30.

Tous ensemble, faisons des activités commémoratives du 19 mai 2011 un succès éclatant ! Vérité et Justice pour Dabo Boukary et toutes les autres victimes de crime de sang !

Pain et liberté pour le peuple !

Le Comité exécutif

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos réactions (11)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique