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Commerce : L’importation du riz ouverte à tous

Publié le vendredi 13 mai 2011 à 01h32min

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D’étranges rumeurs agitent Ouagadougou. Le commerce du riz serait soumis à un monopole drastique qui prendrait un malin plaisir à outrageusement gonfler les prix. Rien n’est plus faux ! De une, l’envolée du coût des matières premières est inhérente à la situation internationale et sous-régionale. De deux, depuis 1996 avec la libéralisation des importations, chacun est libre de faire du commerce des plantes céréalières son gagne-pain. Tentative d’explication et mode d’emploi du parfait petit importateur rizicole…

Le riz, denrée alimentaire de première nécessité au Burkina Faso, revêt une importance stratégique dans la composition du « panier de la ménagère » burkinabè. Le pays n’en produit, cependant, que 30 % de sa consommation et est, de ce fait, condamné à en importer les deux tiers pour pallier le manque. C’est dire si la moindre augmentation des coûts s’érige en problème national, surtout en ces temps d’instabilité sociale. Certaines langues colportent même le bruit que l’importation de la précieuse céréale serait aux mains d’un puissant lobby déterminé à saigner à blanc ses compatriotes en faisant, dans le seul but de s’enrichir grassement, impunément flamber les prix …

Ces verbiages sont totalement infondés. La valeur élevée du riz est, d’abord, principalement due aux problèmes que rencontrent les producteurs asiatiques et à l’instabilité de la Côte d’Ivoire. Ensuite, la libéralisation des importations, promulguée il y a déjà quinze ans, permet à chacun d’importer librement n’importe quelle variété du produit, d’où il veut et dans la quantité qui le sied le mieux.

Des obstacles géopolitiques

Sur le plan international, d’abord, la crise alimentaire de 2008 et les graves inondations survenues en 2010 en Asie ont poussé certains des principaux producteurs de riz à restreindre leurs exportations pour rester maîtres des prix pratiqués à l’intérieur de leurs frontières. D’autres comme la Chine, l’Inde et l’Egypte interdisent purement et simplement, depuis 2008, à leurs producteurs d’exporter le moindre grain vers l’étranger. Les autorités vietnamiennes, quant à elles, ont imposé aux exportateurs de modérer les ventes externes afin de maîtriser, en période de récolte principale, la fluctuation des prix à l’exportation et empêcher une baisse drastique des bénéfices.

Ces différents manœuvres et coups du sort ont poussé les principaux importateurs, comme les Philippines, à entreprendre la constitution de stocks de sécurité. Le marché souffrant d’un cruel manque de transparence et d’une absence coupable de mécanismes de régulation, l’état des récoltes et l’importance de ces « trésors de guerre alimentaire » sont soumis à la rumeur et à la spéculation ; c’est ce qui provoque périodiquement la panique des investisseurs sur la plupart des plates-formes boursières du globe.

Les problèmes que connaît la Côte d’Ivoire, ensuite, engendrent une congestion importante des cargaisons dans les différents ports de la sous-région ; cela entraîne des frais supplémentaires concomitants au magasinage excédentaire et à l’augmentation des coûts du transport, les rares transporteurs profitant de la situation pour maximiser leurs bénéfices. Enfin, le Burkina Faso, par l’entremise de ses efforts pour régler le trafic routier sur son territoire, a quelque peu contribué à la flambée des prix : en organisant des contrôles pour repérer les camions surchargés qui risquent une contravention de 60 000 FCFA par tonne excédentaire transportée, l’Etat, bien involontairement, ralentit le trafic, rend l’acheminement des marchandises encore plus cher que ce qu’il n’est déjà et participe donc à l’inflation touchant les denrées alimentaires…

A la lumière de ces différents éléments, il est clair que le pays et ses différents acteurs évoluant sur le marché céréalier ne sont pas responsables des alourdissements tarifaires, mais que ceux-ci sont la conséquence d’un phénomène mondial. L’Etat, pour remédier à cela, devrait subventionner les importateurs, chercher à consolider le pouvoir d’achat, baisser certaines taxes, etc.

Le monopole, croyance populaire

Certaines rumeurs sont tenaces. Les autorités compétentes ont beau régulièrement les démentir, elles reviennent à chaque fois s’immiscer dans l’inconscient collectif. Celle qui affirme que le marché du riz fait l’objet d’un monopole ne déroge pas à la règle : malgré de fréquents démentis officiels publiés par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat le dernier, très récent, datant du 27 avril 2011 stipulant que les importations du riz ne sont soumises à aucune restriction, peu de Burkinabè osent braver les croyances populaires et se lancer dans le business. Depuis 1991 et l’engagement du Burkina Faso dans un Programme d’ajustement structurel (PAS) parrainé par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, l’économie du pays est en phase de libéralisation.

Celle portant sur l’importation du riz a vu le jour en 1996, mettant fin au monopole qu’exerçait la CGP depuis 1985. Suite à ces innovations, de nombreux importateurs ont fait leur apparition, leur nombre a plus que triplé depuis cette date , comme, par exemple, Burkina Distribution Directe (B.D.D.), la Société de distribution de toute marchandise au Burkina (S.D.T.M.B.), KANIS International, Ets Béremwoudougou, etc. Chacun étant libre de les imiter, quelles sont les démarches à suivre pour faire partie de la « grande famille » ?

Il faut, tout d’abord, fournir certains documents, comme le registre de commerce ou le code d’Identifiant financier unique (IFU). Une fois que ceux-ci sont en règle et que le contrat avec le fournisseur a été finalisé, l’importateur doit obtenir l’accord d’un armateur pour acheminer sa marchandise jusqu’au port choisi. Celle-ci, au bout du voyage, est réceptionnée par la capitainerie qui ne manquera pas de réclamer des taxes portuaires. Lors du déchargement, il est utile de contacter la douane portuaire pour établir la déclaration douanière et s’acquitter des frais de transit ainsi que les sociétés de manutention portuaire dans le but d’organiser le magasinage afin d’officialiser le dépôt de la marchandise dans l’enceinte du port. Le transport des marchandises donne également lieu à une foule de choses à faire, telles que l’échange de connaissements pour l’obtention du bon à enlever, le dépôt dudit document au service de facturation des ports, le paiement des charges, les respect des formalités imposées par le Conseil Burkinabè des Chargeurs (CBC) et la Chambre de commerce ainsi que, pour finir, la mise à disposition de véhicules pour le chargement.

Quand les camions arrivent à Ouagadougou, ils doivent se rendre à Ouagarinter, conformément à l’article 51 du code de douane, où ils doivent fournir une facture définitive du fournisseur, une Déclaration préalable d’importation (DPI) et un certificat de contrôle du laboratoire. Ces procédures achevées, le riz est mis en vente à travers les différents réseaux de commercialisation. En cas de saturation du marché, il peut être stocké dans les magasins locaux, ce qui entraîne de nouvelles dépense.

Le processus à respecter pour importer la précieuse graine au Burkina Faso ayant ici été brièvement résumé, les allégations de monopole ayant été balayées d’un revers de la main, il reste à espérer que cet article pourra faire naître de nouvelles vocations, tant les besoins du pays en entrepreneurs qualifiés et motivés sont importants ; tout autant que la nécessité pour la population d’avoir accès à des produits de première nécessité abordables et de qualité…

Jérémie MERCIER

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 16 mai 2011 à 11:31 En réponse à : Commerce : L’importation du riz ouverte à tous

    - Y a t-il un monopole naturel (minmum à commander en dessous duquel on est pas rentable ?)
    - Y a t-il une quantité minimale imposée par l’Etat ?
    - Y a t-l des tracasseries qui décourageraient d’éventuels entrants ? circuits de distribution domestiqués etc.

    Que les spécialistes éclaires notre lanterne !!!

  • Le 16 mai 2011 à 13:32, par lecteur En réponse à : Commerce : L’importation du riz ouverte à tous

    Inutile d’essayer de justifier ce qui est injustifiable. "de une" même au temps de la CGP, le riz était transporté par la procédure que vous avez évoqué. mieux, les tarifs douaniers étaient plus élevés parceque le Tarif Extérieur Commun (TEC) n’était mis en place par les pays de l’UEMOA. "De deux", avant la crise alimentaire de 2008, le prix du riz connaissait régulièrement des envolées."De trois", les récentes mesures de l’UEMOA pour le respect de la charge à l’essieu ne sont que bénéfiques pour les importateurs qui sont par ailleurs propriétaires des camions de transport. le cousin, tout le monde sait qui sont ceux qui se trouvent derrière les Inoussa Kanazoé et autres. alors mon cher dit : ils t’ont donné combien pour ce papier ?

  • Le 20 mai 2011 à 11:43 En réponse à : Commerce : L’importation du riz ouverte à tous

    C’est vrai qu’il faut casser le monopole, mais soyez vigilants. Que des commerçants véreux ne nous envoient pas du vieux riz asiatique ou du riz dopé à la mélanine de la Chine.
    On se connaît dans ce pays. Le laxisme et l’affairisme de certains agents de l’administration va nous faire consommer ce que les autres refusent chez eux.

  • Le 9 décembre 2014 à 03:08, par Anthony En réponse à : Commerce : L’exportation du riz ouverte à tous

    Salutations & vœux,

    Nous aimerions profiter de cette occasion pour nous présenter comme VILACONIC du Vietnam, Est l’un des les plus compétents de meuniers de riz et exportateurs du viet nam. Dans plus de 33 ans d’expérience dans le traitement avec du riz, nous avons exporté vers le marché de nombreux comme les Usa, Australie, Chine, Afrique, Emirats Arabes Unis, Indonésie, Philippin, Europe.

    Actuellement, nous exportons toutes sortes de riz comme suit, riz au jasmin et surtout kdm de haute qualité :
    • Riz Jasmin Blanc Parfumé( 2%- 5%- 100% cassé).
    • Riz Long Grain Blanc( 100%- 25%- 15%- 10%- 5% cassé).
    • Riz Gluant/Riz Gluant( 5%- 10% cassé).
    • Riz Glutinueux Blanc.
    • KDM/Riz Hom Mali.
    • Riz Blanc Parfumé 5% cassé.
    • Riz Long Grain Blanc Etuvé.
    Si votre entreprise a des questions, ne hésitez pas à nous contacter. Nous sommes prêts à aider dans un délai très court. Nous espérons pour notre relation d’affaires durable et ferme terme dans l’avenir.

    Nous sommes impatients de vous entendre plus tôt.
    Merci et meilleures salutations,
    ANTHONY (M.)
    Email:anthony.vilaconic @ gmail.com
    Skype : anthony_quocanh

  • Le 15 octobre 2015 à 13:13, par BOUHMIDA Ahmed En réponse à : Commerce : L’importation du riz ouverte à tous

    Je viens très respectivement par la présente de vous demander de bien vouloir de me faire savoir quels sont les conditions à remplir pour importer du riz au Maroc,car je suis agent commercial dans ce domaine.

    Cordialement.

  • Le 15 octobre 2015 à 20:46, par MAX LE ROY En réponse à : Commerce : L’importation du riz ouverte à tous

    Bonjour,Mr, Mme
    Je fais de le commerce Import/Export.
    Je suis très interessé par le riz long grain blanc 100% et 25%.
    Envoyez moi vos prix pour l’Afrique de l’Ouest.

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