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Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

Publié le vendredi 6 mai 2011 à 00h49min

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Les crises font partie intégrante de l’évolution normale des organisations et des sociétés. L’essentiel c’est d’en tirer tous les enseignements au sortir pour mieux appréhender l’avenir. En cela la crise sans précédent que vit notre pays depuis quelques semaines nous enseigne comme l’a reconnu le nouveau Premier Ministre Luc Adolphe TIAO qu’il y a un ressort qui est cassé au sein de la société Burkinabè. Et comme thérapie, l’Etat propose une batterie de mesures unanimement saluées mais qui interpellent quand à leur efficacité dans la durabilité. En effet, si les partenaires sociaux ont accepté de donner un délai de grâce au nouveau gouvernement, cela ne semble pas être le cas au niveau des acteurs du secteur économique qui exigent ni plus ni moins la réduction des droits de Douane et l’allègement des procédures commerciales comme préalables à une baisse des prix des produits de grande consommation : riz, lait, huile, sucre, etc.

Si leur position est somme toute compréhensible dans ce contexte où l’on pense pouvoir tout obtenir facilement de l’Etat, il pose la question également des devoirs de ces commerçants vis à vis de l’Etat et de la nation surtout qu’ils jouent aussi quelque part, un rôle de service public. C’est bien de patriotisme et de solidarité dont le Burkina a besoin en ces moments. Or ces vertus semblent les moins partagés tout comme la propension à respecter les lois et règlements qui fondent notre vivre ensemble.

Et ce ne sont pas les commerçants qui diront le contraire. Eux qui ont dans leurs rangs des champions en tout genre : fraude douanière, sous-facturation, fausse déclarations, faux prix, etc. Oui il y a des brebis galeuses partout mais…, à pyromane, pyromane et demie ! Et à moment où la nation à plus que jamais besoin de la contribution de ses fils pour sortir de la crise, il convient que chacun revisite ses comportements à risques qui ont du reste mis notre pays dans cette situation. Il est important de s’interroger sur ce que chacun peut apporter comme plus à la sortie de la crise que de demander, exiger tout de l’Etat.

La situation est bien grave et bien de choses peuvent être dites dans le domaine de la mobilisation des ressources financières nécessaire à la sortie de crise. Parce qu’en définitive, il faudra bien que quelqu’un supporte la facture à un moment donné. Cela passe alors une reprise en main de notre secteur douanier notamment. Notre système ne favorise pas ou plus une mobilisation optimale des ressources. Le premier handicap est sans doute l’incivisme fiscal des usagers mais le plus préoccupant, c’est la porosité du système qui prend de l’eau de l’intérieur. Il y a enfin la qualité des hommes et des femmes chargés de la gestion du système qui finalement se retrouvent tirailler entre la volonté de servir l’Etat ou se servir eux-mêmes. Le cocktail est forcement explosif. Mais dans une société comme la nôtre, ou la morale est à l’agonie, que celui qui ne se reproche rien leur jette la première pierre.

Beyon Luc Adolphe TIAO a du pain sur la planche. Des Douaniers rackettent, contournent les valorisations de COTECNA et font perdre d’importante sommes d’argent à l’Etat. Les secteurs du commerce général, de l’import-export mais aussi des services sont les plus touchés. Les produits comme les motos, le lait, l’huile, le sucre, le sel, le riz, le carburant, bref, les produits de grande consommation sont naturellement les plus concernés. Le système secrète pratiquement des monopoles et contribue à une certaine culture de l’incivisme. Ces commerçants déclarent des valeurs incroyablement basses en Douane. Pire, ils vendent leurs produits 10 ou 20 fois plus chers sinon au même prix que ceux qui sont passés régulièrement à la Douane contribuant à renchérir le coût de la vie.

Pour exemple il y a quelques semaines, à Bittou, un grand groupe (GWK), a procédé le 17 février 2011 au dédouanement de 195 unités complètes de motocycles 110 cc (les célèbres Crypton) à la modique somme de 3 466 246 F CFA soit la moto à 17 775 F CFA (quittance n°R6121 du 15 mars 2011). Bien entendu, il n’y a pas eu de valorisation de la marchandise par les services de COTECNA. Autrement, (il existe des moyens de contourner cette valorisation même quand elle est faite) c’était la valeur de référence (130 000 F CFA) qui aurait été appliqué pour ce type de marchandise. Sur chaque moto, l’Etat a perdu 112 225 F CFA soit pour cette opération 21 883 875 F CFA. Excusez du peu. Seulement, lorsqu’on vous rapporte que le même groupe importe quelques 30 000 motos par an, on a un avis différent.

Le hic, ces motos ne sont pas les moins chers sur le marché. Bien au contraire ! Or, le commerçant déclare avoir acheté la moto à environ 50 000 F CFA sur le marché international. Un bon Vélo coûte bien plus. Des motos à ce prix sont-elles de bonne qualité ? Le doute est permis. Le plus révoltant, c’est que le prix de vente est fonction du prix d’achat mais ce commerçant n’en a que cure ! Où sont les services techniques chargés de faire appliquer la vérité des prix. Quelque chose doit être faite dans le sens d’une plus grande protection du consommateur qui est ainsi spolié. Autrement, on court tout droit vers le gouffre !

Ces pratiques doivent cesser car elles sont antisociales, antiéconomiques et anticoncurrentielles. Pire, elles pourraient contribuer à une certaine aggravation la crise si rien n’est fait d’ici là. La colère gronderait dans les milieux économiques où finalement tout ses sait. Alors, avis à qui de droit !

Jacques OUALBEOGO

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Vos commentaires

  • Le 5 mai 2011 à 23:17 En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    Bravo monsieur ! Reste aux services du ministre de l’économie, et celui du commerce de faire leur travail ; cette boite doit payer ce qu’elle doit à l’état ; mais on verra bien si les gros bonnet ne sont pas derrière cette boite ; Monsieur le PM, le peuple vous regarde et vous attend ; si vous lancez une guerre contre les bandits, vous aurez son soutien, mais si dans 6 mois il n’y a rien, alors on va vous perdrez votre crédibilté

  • Le 5 mai 2011 à 23:38, par yaabri En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    la situation de vie chere que nous vivons est en partie due aux mauvaises pratiques dont s’adonnent certains commerçants. Nous sentons tous le pourrissement de la situation mais nous sommes restés impuissants, puisque bien de commercants ont la benediction du pouvoir en place. Les militaires l’ont bien compris egalement et ce sont attaqués à eux, bien que cela reste condamnable. j’espere que les commercants ont percu ce signal pour mettre de l’eau dans leur vin. Bon article, Felicitations !

  • Le 5 mai 2011 à 23:50 En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    Monsieur Jacques,votre article me touche profondément.
    Le système administratif de notre pays est très nul.
    Ce que vous citez n’est qu’une goûte d’eau dans l’océan.
    Ce dysfonctionnement qui fait le malheur de notre Etat (notre malheur à nous tous) est imputable :
    - aux individus censés faire respecter les textes administratifs qui préfèrent par corruption améliorer seuls leurs conditions de vie ;
    - à la presse qui en parle très peu ;
    - à nos intellectuels qui préfèrent passer leur temps tirer la boisson verte que de penser aux solutions des problèmes de leur pays,
    - à nous tous !!!!!!!!!!!!!!!

    Nous devons être un peu patriote au sein de l’administration fiscale, sinon, nous ne ferons que nous sous-développer.

  • Le 6 mai 2011 à 00:00, par lilboudo En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    "...des devoirs de ces commerçants vis à vis de l’Etat et de la nation surtout qu’ils jouent aussi quelque part, un rôle de service public". Je crois rever ! Aucun commercant ne joue un role de service public. C’est à l’Etat de prendre ses responsabilités, par des mesures d’incitations et de sanctions, pour parvenir au résultat. Quand au commercant, chacun cherche à tirer son épingle du jeu. C’est la loi dure du marché. Il faut rendre la corruption plus chere que le respecct de la loi (des amendes dissuasives). C’est l’un des moyens de recouvrer les recettes exactes en douanes et impôts.

  • Le 6 mai 2011 à 01:17, par lheroun En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    il faut un vrai travail de fond dans ce pays. les memes qui mettent en place un systeme se donnent les moyens de le contourner en complicite avec les operanteurs economiques, qui en retour leur versent quelque chose. de toute facon l’argent du peuple finira tjrs sa course sur les comptes des memes individus d’une maniere ou d’une autre. ooh l’afrique, oh le faso victime de ses propres enfants. apres c’est pour accuser la colonisation, la mondialisation, le racisme... de leur sous-developpement. toujours entrain de comploter contre soi. de pays-en-voie-de-developpement a pays-en-voie-de-disparition. rien que des maudits ces africains de burkinabe.

  • Le 6 mai 2011 à 16:04, par BURKINDII En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    TRES BEL ARTICLE.SI JE COMPREND BIEN TOUT EST POURRI AU FASO
    ET MEME CES COMMERCANTS QUI PASSENT LE TEMPT A SE PLAINDRE.
    NOUS ATTENDONS VRAIMENT BEAUCOUP DE CE GOUVERNEMENT TIAO.

    QUE DIEU BENISSE LE FASO

  • Le 6 mai 2011 à 18:12 En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    GWK ????, pour ne pas dire Groupe Watam Kaizer ????
    Et après c’est pour nous harceler de publicité pour nous faire croire qu’elle est une entreprise citoyenne, et qu’elle est à l’écoute des besoins de leurs clients, et que sais je encore.
    Franchement, il faut arrêter votre cirque !!!

  • Le 6 mai 2011 à 20:44, par TROP C’EST TROP En réponse à : Fraudes en situation de crise : Ces pratiques commerciales qui pourraient mettre de l’huile sur le feu

    A VRAI DIRE, SI LE PEUPLE BURKINABE NE SE RÉVEILLE PAS UNE FOIS POUR TOUTES, SES PROPRES FILS/FILLES VONT OCCASIONNER SA DISPARITION. SINCÈREMENT, QUE C’EST RÉVOLTANT CES PRATIQUES ANTISOCIALES (DISONS INHUMAINES) QUI ONT LIEU AU FASO (SOIT DISANT TERRE DES HOMMES INTÈGRES) DEPUIS BELLE LURETTE.
    APRÈS AVOIR CÉLÉBRÉ DEPUIS LONGTEMPS LES FUNÉRAILLES DE LA MORALE, C’EST MAINTENANT LA LIQUIDATION DU PEUPLE QUI EST PROGRAMMÉ (DEPUIS L’AVÈNEMENT DES PAS : PROGRAMMES "D’ASSASSINAT SOCIAL").

    PEUPLE DU BURKINA FASO, RÉVEILLE-TOI : C’EST UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT.

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