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Situation nationale : Communiquer pour conclure un nouveau contrat social

Publié le vendredi 6 mai 2011 à 00h48min

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Un communicateur comme Premier Ministre de crise ! La nomination de Luc Adolphe TIAO à la tête du gouvernement resserré a fait jaser nombre de compatriotes sur l’opportunité d’un tel choix opéré par le Président du Faso en ces moments d’incertitudes et de crise. Cette marque de confiance et d’estime à l’égard d’un journaliste, et par ricochets à l’ensemble de la profession, est un signe évident de l’importance de la communication dans toute société.

Dans un monde devenu globalisé et dans une société en pleine mutation que faire pour répondre présent au rendez-vous mondial du donner et du recevoir et être à l’écoute des populations qui aspirent à plus de liberté et à un mieux-être ? C’est un grand défi pour le gouvernement TIAO qui a entrepris de beaucoup communiquer et de bien communiquer.

La société burkinabè, à l’instar de toutes les autres sociétés humaines, est en pleine mutation. Le déficit d’adaptation à cette dynamique tant du coté des gouvernants que de celui des populations dans leur diversité a engendré ce que nous vivons aujourd’hui. Cette crise qu’il ne faut pas confondre avec ses événements déclencheurs est « un moment exceptionnel qui tranche par rapport à la continuité paisible des événements pour la communauté, les individus et les gouvernants, un moment de vérité qui galvanise les citoyens dans la recherche de solutions partagées mais qui cristallise aussi les non dits, les rancœurs inavouées en temps de routine ». (CROCQ et AL..2009).

Les institutions et leurs animateurs, plongés dans une certaine léthargie face à l’évolution de la vie et des événements, n’ont pas vu bourgeonner et grandir la plante de la dérive. La situation s’est dégradée au fil des ans et a ainsi ébranlé pernicieusement les valeurs, les objectifs et le fonctionnement social des individus et des groupes qui, tout d’un coup, découvrent des enjeux majeurs de leur liberté, leur intégrité voire leur survie.

La kyrielle de revendications émanant de toutes les couches socio professionnelles apparait subitement comme pour signifier un « vaincre ou périr » d’un peuple longtemps endormi dans l’espérance d’un réveil paradisiaque. Ces rêves « au pays des merveilles » se sont révélés être de véritables cauchemars. Et nous voici à la recherche des voies de sortie de la tourmente.

C’est dans cette atmosphère trouble et chargée de poussière que le Chef de l’Etat qui a pris la mesure du drame national a réorienté ses talents de Médiateur chevronné vers la maison Burkina Faso pour désamorcer (au propre comme au figuré) la bombe sociale.
Le diagnostic du mal effectué, les indicateurs ont orienté la cause vers un déficit de communication entre les différents compartiments de la structure sociale.

Et, comme dans la pensée stratégique chinoise, « le chef qui partage les peines et les joies de ses sujets (soldats ou compatriotes) est invincible car il dispose de leur support déterminé ». Ce véritable pacte républicain signifie que l’intérêt collectif et à long terme, citoyen, prime sur les intérêts particuliers.

Le gouvernement de combat que dirige Luc Adolphe TIAO est justement venu pour aider à sceller et renforcer ce pacte républicain à travers le rétablissement du dialogue social, la communication dynamique, pour donner des réponses réalistes et réalisables aux préoccupations des citoyens.

La communication enclenchée par le Chef de l’Etat, à travers un dialogue direct et une écoute des différentes composantes de la société burkinabè est à saluer à plus d’un titre. En outre, la succession des concertations sectorielles, les points de presse, les interviews et autres passages à des émissions radio ou télé depuis l’installation de l’équipe TIAO participent de cette dynamique communicationnelle inclusive et participative.

En choisissant d’alerter, de protéger et de circonscrire l’espace de la crise pour en limiter les effets, le président Blaise COMPAORE et le gouvernement LAT scellent ainsi un nouveau contrat social avec les Burkinabè pour juguler la crise et envisager avec eux, à terme, de tout reconstruire. Et les impacts ou effets visibles d’une telle approche peuvent déjà se constater : accalmie dans l’armée et engagement des soldats de faire amende honorable et de se réconcilier avec le peuple ; satisfaction mesurée chez les jeunes commerçants qui sont en train d’être indemnisés ; et le plus remarquable de l’empreinte de la communication reste l’historique adhésion des centrales syndicales et syndicats autonomes à la nécessité d’une « période de grâce » formulée par le Premier Ministre, en renonçant à la partie « marche » des manifestations commémoratives de la fête du Travail le 1er mai dernier « pour ne pas jeter de l’huile sur le feu ». Et la veille, les syndicalistes ont vu juste en se désolidarisant des organisateurs du meeting du 30 avril, refusant ainsi de faire dans la confusion des genres. Une hauteur de vue qui, d’une part, a anéanti les velléités « pyromanesques » de certains croquants qui échafaudaient des plans d’infiltration pour semer la m… et jeter l’opprobre sur le monde des travailleurs. D’autre part, ce fut une leçon à peu de frais à des partisans de la courte échelle qui voulaient se servir des travailleurs, honnêtes et démocrates, comme un bastion pour nourrir de noirs desseins.

Au constat des résultats engrangés en si peu de temps et malgré le climat de suspicion, d’incertitude mais d’optimisme tout de même, Blaise Compaoré, d’abord et ensuite, LAT avec son équipe n’ont pas fait dans la dentelle pour libérer la parole et communier avec les Burkinabè.

Ils se sont déployés pour informer les citoyens sur l’évolution de la situation, l’état de mise en œuvre des nombreuses mesures prises et les urgents cadres de concertations initiés dans cette dynamique de communication inclusive.

Mais devront-ils être seuls à gérer toute la communication dans ce contexte ? Peuvent-ils à trente (30) étancher la soif communicationnelle des quinze millions de Burkinabé aujourd’hui très exigeants en la matière ? « La crise inscrit tout le monde dans une logique d’affrontement, d’affrontement avec la crise d’abord, par l’inconnu et la stupeur qu’elle provoque. Affrontement des incertitudes, avec les publics, ceux que l’on connait et surtout l’intrusion d’acteurs inattendus. Affrontement avec soi, entre épuisement, effroi et difficulté à décider. Affrontement enfin avec les médias et la pression qu’ils imposent », pour traquer et donner l’information ». (D.HEIDERICH).

Quel est alors le rôle des autres acteurs dans la gestion de la communication pour assurer les équilibres nécessaires à une sortie de crise ? Comment créer les règles du jeu de la communication qui impose la transparence, l’éthique et la responsabilité à tous les niveaux ? Tous les segments du corps social burkinabè sont producteurs et consommateurs d’informations ; tous peuvent et doivent partager, dialoguer, communiquer autour des fondamentaux de notre vie commune, de nos défis partagés et de notre devenir immédiat. A ce titre, tout comme il est légitime de dénoncer le monopole dans le commerce des produits de grande consommation, il ne faudrait pas laisser la communication à la seule charge de l’équipe de LAT.

L’effort remarquable des hommes et femmes des médias ces derniers temps pour informer presqu’en temps réel sur la marche de la cité en relayant la communication gouvernementale et en exploitant d’autres sources, ne saurait seul suffire à nourrir les appétits dans ce domaine.

La communication ne doit pas être menée uniquement dans et par les médias. Elle doit être également faite à la base. C’est pourquoi, les organisations de la société civile, les responsables coutumiers et religieux, les ONG et associations actives dans la promotion de la citoyenneté et les droits humains, les parents d’élèves, les associations scolaires et les mouvements corporatistes des étudiants ont tous et chacun le droit à l’information objective mais aussi le devoir de communiquer et de participer à conforter les mécanismes de sortie de crise. Car comme l’a si bien souligné D.HEIDERICH, « toute crise est un moment crucial dans la vie des individus, des groupes et des populations et implique la nécessité d’agir en urgence ».

Cette action doit mobiliser tous les acteurs au même titre que les gouvernants du moment, et la conjugaison de toutes les intelligences peut conduire à l’instauration d’un nouvel état d’équilibre fait de vérité, de justice et de paix sociale. Aussi est-il nécessaire d’entreprendre des sorties de terrain, d’aller vers les populations pour leur parler où elles sont et les exhorter à communiquer entre elles, à dialoguer.

Car tout silence pourrait se révéler être un aveu de culpabilité, et laisser une chaise vide au moment où il faut absolument s’asseoir pourrait être perçu comme un signe d’impuissance. Et comme l’a indiqué fort à propos Félix Houphouët Boigny, premier président de Côte-d’Ivoire : « dans la recherche de la paix, de la vraie paix, de la paix juste et durable, on ne doit pas hésiter un seul instant à recourir avec obstination au dialogue ».

Alors, communiquons utilement et sainement pour conclure un nouveau contrat social et bâtir un Burkina Faso prospère et hospitalier.

Sou Sammy Serge

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