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Irak/Palestine : La dynamique du chaos

Publié le mercredi 29 septembre 2004 à 06h39min

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Le 28 septembre 2000, en prenant pied sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem-Est, Ariel Sharon déclenchait la seconde Intifada qui dure depuis et a fait jusque-là, 4000 morts. Le 19 mars 2003 en déclenchant la campagne d’Irak, George W. Bush ouvrait une boîte de pandore qui n’a pas fini de révéler toutes ses horreurs. Deux hommes, une seule logique : celle de la force qui, malheureusement pour eux et pour nous, victimes collatérales, engendre la résistance, la violence et le sang.

Le conflit israélo-palestinien a pris une tournure "internationale’’ dimanche dernier, avec l’assassinat à Damas, de Cheick Khalil, un leader supposé du Hamas. La Syrie par la voix de son ministre des Affaires étrangères a protesté "vivement’’ contre cet acte "attentatoire’’ au droit international et "porteur’’ de germes d’une régionalisation du conflit israélo-palestinien. Damas indique ainsi que malgré les dénégations israéliennes, il tient Sharon et son équipe responsable de cet assassinat. Sans faire chorus avec les autorités syriennes, force est de reconnaître que la satisfaction "bruyante’’ exprimée à Tel Aviv après cet assassinat est un signe qui ne trompe pas.

Et puis, dès son accession au pouvoir en janvier 2001, Sharon n’avait pas fait mystère de sa volonté d’en "finir’’ avec le "terrorisme palestinien’’ et ses "bases- arrière’’. Pour Sharon, la principale de celles-ci (les bases-arrière) reste la Syrie, après le "nettoyage’’ de l’Irak par son allié Bush. C’est cette logique du "tout sécuritaire’’ qui a prévalu à l’assassinat de Khalil, tout comme c’est elle qui a dicté la construction du "mur de séparation’’, l’emprisonnement de Yasser Arafat à Ramallah et la destruction des infrastructures socioéconomiques à Gaza, Jéricho, Ramallah...

Le but étant de parvenir à une "option zéro’’ en matière de terrorisme. Cela n’est pas le cas, car, en 4 ans, cette politique a fait 4000 morts (des deux côtés). C’est la preuve encore une fois, que "le sang appelle le sang’’ et que l’on ne peut pas nier cette réalité historique, à savoir que la Palestine a toujours appartenu aux Juifs et aux Arabes.

Bush aussi...

C’est dire que cette interminable guerre ne peut finir qu’autour d’une table de négociations. Sharon qui le sait, refuse de le comprendre, obnubilé qu’il est par ce "bout de terre" que constitue Jérusalem et qu’il ne veut pas céder aux Palestiniens au nom d’un nombrilisme suicidaire. Son allié de "choc" George Bush lui aussi, semble faire la politique de l’autruche en Irak. Malgré une situation de guérilla permanente et d’insurrection armée de plus en plus organisée, avec en sus, une hostilité des trois quarts de la population, l’administration américaine persiste à vouloir organiser des "élections démocratiques’’ (sis) en Irak.

Une bravade que Donald Rumsfeld a justifié en expliquant que l’Amérique n’avait pas "besoin" de tout le monde, pour instaurer la démocratie en Irak. Mais, des signes précurseurs augurant d’un départ en catimini des troupes anglo-américaines d’Irak s’accumulent. C’est toujours le même Collin Powell qui, la semaine dernière, avait "devancé l’iguane dans l’eau" en affirmant que l’Amérique ne resterait pas "éternellement" en Irak.

Et puis, la volonté réaffirmée des Américains de tenir une conférence internationale sur l’Irak (une première tentative avait capoté à cause de la "tiédeur" des Français et des russes) indique que Washington veut prévenir l’apocalypse qui se dessine. La guerre du Vietnam ayant convaincu les stratèges du Pentagone qu’une retraite "glorieuse’’ vaut toujours mieux qu’une déroute, Bagdad vaut bien une messe même si c’est pour y célébrer le requiem de la "puissance impériale" américaine.

Quand le chaos s’internationalise...

Le drame c’est qu’en attendant cette occurrence, tout ce "mic-mac" a vu ses conséquences se mondialiser avec le terrorisme qui frappe partout, et surtout la flambée du prix de l’or noir. Déstabilisation de l’Irak et du Proche-Orient, "embrouilles" vénézueliennes, "rechute" nigériane (autant de zones productrices de pétrole) sans oublier la faillite du géant pétrolier russe Yukos, ont entraîné une brusque surchauffe du cours du pétrole brut.

La barre historique de 50 dollars le baril de brut a été franchie à Wall Street. Et si jusqu’à présent ce boom pétrolier n’a pas encore d’incidence sur l’économie des pays riches (en raison du substitut nucléaire), il n’en va pas de même sous les tropiques où le pétrole demeure l’énergie reine. C’est dire que l’agenda politique du monde tel que arrêté le 11 septembre 2001 et qui place la lutte contre le terrorisme en tête de priorités abandonne l’unilatéralisme qui a prévalu au déclenchement de la guerre d’Irak pour faire de l’ONU, le "guide" dans la gestion des affaires internationales.

Ainsi Blaise Compaoré affirmait récemment à la tribune de l’ONU (Sidwaya n° 5107, p16) que "l’ONU doit servir de guide dans la gestion des affaires internationales". Pour ce faire, elle a "besoin de se démocratiser profondément, c’est-à-dire d’être à l’écoute de la majorité des Etats et des organisations de la société civile pour mieux servir l’intérêt général". Et "tout indique qu’il faut hâter la réforme du système onusien, pour l’adapter aux aspirations légitimes des nations".

L’état physique et économique du monde donne à ses propos, toute leur pertinence.

Boubakar SY
Sidwaya

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