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TERRORISME : Devait-on tuer Ben Laden ?

Publié le mardi 3 mai 2011 à 23h45min

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On l’avait presque oublié ces derniers temps. Mais depuis l’annonce de sa mort en début de semaine, Oussama Ben Laden, plus connu sous le nom de Ben Laden, a de nouveau ravi la vedette. Parce que trop de zones d’ombre entourent le cadavre de celui qui fut, durant plus d’une décennie, l’ennemi public numéro un des États-Unis d’Amérique (USA). Controversés ou non, les débats centrés sur les conditions dans lesquelles serait survenue la mort de Ben Laden ne manquent pas d’intérêt. En l’absence d’images donnant des détails précis sur l’opération commando à l’origine de sa disparition, les spéculations vont bon train.

Fallait-il oui ou non le capturer vivant ? Pourquoi ? En effet, l’homme avait été localisé depuis plusieurs mois : en août 2010, de sources bien informées. Pouvait-on vraiment le capturer vivant ? Les USA qui étaient à sa recherche depuis de nombreuses années, caressaient sans doute le désir de le prendre vivant. Du reste, dès le début de la chasse déclenchée sous Bush fils, avait été adoptée la formule chère au Texas du temps des shérifs et autres pistoléros du Far West : "Dead or Alive", autrement dit : "Mort ou vif" ! Mais Ben Laden lui-même, avait, semble-t-il, pris ses précautions : sa garde rapprochée avait été conditionnée pour l’abattre le moment venu, plutôt que de le laisser subir l’humiliation d’une défaite, et donc sa capture par l’ennemi américain. Jamais donc, il n’aurait accepté de se rendre.

Son sort avait donc été scellé d’avance. L’on comprend d’ailleurs pourquoi le président Obama lui-même ne s’est pas gêné de clamer rapidement à l’opinion publique américaine et au monde entier : "Justice est faite !". Car, pour la Maison blanche et la grande majorité des Américains, il n’y a aucun doute là-dessus : cet individu est le principal responsable de la catastrophe du 11 septembre 2001, lorsque des milliers de personnes perdirent la vie après l’explosion des deux tours jumelles.

Mais, tout compte fait, ne serait-ce que le temps de gérer l’apaisement, les États-Unis avaient-ils intérêt à clamer qu’ils détenaient Ben Laden vivant, extradé aux États-Unis ou ailleurs ? Les choses paraissent trop simples aux yeux de certains, car Ben Laden était aussi un ancien collaborateur. Il aurait donc pu causer encore plus d’ennuis à l’Amérique et au monde s’il avait été gardé en vie, dans l’intention de le faire juger. L’homme devait en savoir trop sur certains dossiers. A l’heure des technologies de communication, le risque était sans doute un peu trop grand.

Les Américains, eux, étaient davantage préoccupés par autre chose. Il fallait faire en sorte qu’une fois capturé, Ben Laden ne devienne un prisonnier encombrant et surtout un martyr. Car, comment chercher à apprivoiser un virus d’une telle nuisance, sans courir le risque d’en subir les conséquences ? Le choix était donc clair : il fallait s’en débarrasser au plus vite. A coup sûr, l’occasion était belle de ne pas rater la cible. Mais, le fait d’avoir pris la décision d’immerger son corps dans un endroit gardé secret permettra-t-il de soustraire Ben Laden de la mémoire collective ? Sa mort ne va-t-elle pas fortement galvaniser ses compagnons de lutte ? Peut-être bien, puisque déjà, des remous et des menaces se font sentir. Mais il est vrai aussi que la nébuleuse terroriste peut, à terme, se fissurer au gré des luttes de succession. En tout cas, les Américains qui ne font pas les choses à moitié, semblent s’être préparés à l’évidence. En témoignent ces appels incessants à la vigilance qui confirment qu’ils demeurent comme toujours prêts à s’assumer.

L’on peut tout de même s’interroger sur le fait que jusque-là, aucun film relatant l’opération en détails n’ait été présenté à l’opinion. Préparerait-on une version un peu plus digeste pour ne pas choquer les âmes sensibles ? On finira bien par le savoir ! Pour l’heure, les sceptiques peuvent continuer à spéculer sur la véracité des faits ou s’interroger sur certains aspects de l’opération. Par exemple : Ben Laden est-il vraiment mort ? Ne serait-il pas détenu quelque part dans le monde ? Ou encore : aurait-on pris le temps de lui soutirer des informations de première main, avant d’évoquer sa mort au moment opportun ?

Certes, de nombreuses zones d’ombre persistent. Toujours est-il qu’une page est désormais tournée dans cette lutte acharnée contre le terrorisme international. Et cela, au profit de l’occupant actuel de la Maison blanche : Barack Obama qui ne va certainement pas remercier Oussama Ben Laden de son concours. Assurément, le chef de l’exécutif américain peut bien se frotter les mains, lui qui a eu de sérieux démêlés avec ses adversaires républicains et des éléments de son parti, le Parti démocrate, lors des dernières consultations électorales. Obama pourra en oublier jusqu’aux mauvais souvenirs enregistrés au plan économique. Mais ce gain durera-t-il suffisamment longtemps pour assurer la réélection au président Obama ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, lui seul semble bien placé aujourd’hui pour savoir s’il avait ou non intérêt à prendre son grand adversaire vivant. Et même si l’on ne dispose pas de preuves pour alléguer que Ben Laden avait été pris, interrogé puis tué à un moment ou à un autre, le résultat est le même. Jusqu’à preuve du contraire, aux yeux du monde entier, l’homme qui était jusque-là le plus "wanted" de la planète, semble bien être passé de vie à trépas.

"Le Pays"

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